mercredi 24 avril 2024

Nécrologie/Madeleine Chapsal : « Les Chapsal et la ville de Saintes : une longue et belle histoire d’amour »

L'écrivaine Madeleine Chapsal s'est éteinte en mars dernier à l'âge de 98 ans. Auteur de nombreux romans, elle était bien connue à Saintes dont elle était devenue citoyenne d'honneur en 2015. A cette occasion, son brillant parcours avait été salué. Dans la cité santone, la famille Chapsal a laissé une empreinte indélébile. 

Retour sur cet évènement en 2015. Madeleine Chapsal avait alors évoqué de nombreux souvenirs 

« Mardi, le conseil municipal a fait citoyenne d'honneur de la ville de Saintes l'écrivain Madeleine Chapsal. Un moment d'émotion salué tant par les élus que le public venu nombreux. On connaît surtout Madeleine, l’écrivain, mais avant elle, toute une lignée de Chapsal a porté ce nom, dont Fernand qui fut ministre et maire de Saintes pendant vingt ans. Confidences…

«  Les Chapsal et la ville de Saintes : une longue et belle histoire d’amour  » : Madeleine Chapsal en est à la fois le témoin et l'ambassadrice. Cette famille, elle la porte dans son sang. Elle irrigue ses veines et les personnages qui l’ont précédée ont laissé en elle une empreinte indélébile.

Évoquer sa famille l’amuse, tout d’abord parce qu’elle est une femme. S’exprimer librement, quand on porte jupon, n’a pas toujours été chose aisée. «  Longtemps, les femmes ont été dans l’ombre. Si mon arrière-grand-père me voyait, il en ferait une maladie !  ». Le ton est donné. L’un des charmes de Madeleine Chapsal est d’avoir banni la langue de bois de son vocabulaire !

Cyprien, l’arrière-grand-père en question est originaire d’Aurillac dans le Cantal où son père est coutelier. Professeur de lettres, il a exercé à Limoges, avant d’être nommé au collège de garçons de Saintes dont il est devenu Principal. «  Avec Sophie, son épouse, ils ont acheté la maison de la rue Saint-Maur que j’habite actuellement. Ils n’y sont venus qu’à la retraite. Auparavant, ils occupaient le logement de fonction de l’établissement  ». Après une vie bien remplie, Fernand s’est éteint à Saintes à l’âge de 73 ans. Son épouse lui a survécu vingt ans.

Fernand ou la renaissance de Saintes 

Parmi leurs enfants, se trouve Fernand, né en mars  1862  : «  C’était un bon élève. Il avait une puissance de travail et une clarté d’esprit remarquable  » souligne Madeleine Chapsal.

Il fait ses études à Paris où il devient docteur en droit. D’abord inscrit au Barreau, il entre au Conseil d’État dont il a réussi le concours d’entrée (il s’est classé deuxième). Il a 25 ans et sa carrière sera exemplaire. «  Je sais beaucoup de choses à son sujet car il a laissé une correspondance abondante. De nos jours, on croit communiquer efficacement grâce à Facebook ou Twitter, mais ces lettres sont plus riches en information que tous nos vecteurs habituels  ».

Quels postes a-t-il occupés ? La liste est longue. Membre du Radical Socialiste, il a été sénateur de la Charente-Maritime de 1921 à 1939 et vice-président de cette docte assemblée. Maire de Saintes de 1919 à 1939, il a laissé son nom au jardin public et à une rue de la ville.

Il s’est largement investi dans les chemins de fer, l’adduction d’eau, l’électrification rurale et a fondé, dans le département, l’une des premières caisses régionales de Crédit Agricole Mutuel. «  Toutefois, malgré les actions qu’il a conduites, les municipalités qui se sont succédé à Saintes n’ont pas eu la réelle volonté d’honorer sa mémoire  » regrette sa petite-fille.

Il a par ailleurs occupé de multiples fonctions dans la haute administration de la Troisième République, notamment directeur du Service du Ravitaillement Civil pendant la Première Guerre Mondiale. S’y ajoutent trois ministères, le Commerce et l’Industrie en 1926 dans le gouvernement d’Aristide Briand, le Commerce de juin  1937 à janvier 1938, puis l’Agriculture de janvier à mars 1938 sous Camille Chautemps.

Par son parcours politique, Fernand a incontestablement marqué la famille Chapsal. «  Mon grand-père était l’homme, non des promesses fumeuses, mais du réalisme fécond. Et si ses grandes connaissances lui permettaient de se pencher sur tous les problèmes, son bon sens voyait immédiatement la forme dans laquelle les projets pouvaient se concrétiser, à moindre frais. Il a contribué à la renaissance de Saintes  ».

Madeleine garde de son illustre aïeul un souvenir ému et nuancé : «  Je crois que les enfants ne l’intéressaient pas. Il ne m’a jamais vraiment adressé la parole  ». 

Tel père, telle fille ! 

L’un des fils de Fernand, Robert, né en 1895, n’est autre que le père de Madeleine Chapsal. «  Lui et son frère étaient un peu complexés face à leur père. À peine revenus de la guerre où ils avaient combattu courageusement, il leur a dit qu’il fallait commencer à travailler  ».

Robert est le contraire de Fernand  : « il aime la douceur de vivre !». Après avoir été attaché d’ambassade, il rejoint la Cour des Comptes. «  Quand ma mère est tombée enceinte, il l’a épousée. Elle appartenait à la maison de couture de Madeleine Vionnet  ».

Le couple finit par se séparer : «  Papa nous prenait tous les quinze jours et l’été, ma sœur Simone et moi passions un mois à ses côtés dans la maison de Pontaillac. Souvenirs merveilleux ! C’est là que j’ai appris à nager. Quand j’étais à Paris, j’étais le plus souvent avec ma nurse. Heureusement, Grand-mère vivait à la maison  ».

Madeleine voue une belle admiration à son père : «  il était beau, soucieux de sa personne, soigné, élégant  ». À la fin de son existence, qui fut très longue, il déclarait : «  Plus rien ne m’étonne car j’ai vu tout et son contraire. À mon âge, il ne reste que l’émerveillement  ». "Il avait dansé dans les boîtes de nuit de Buenos Aires, porté le fez à Istanbul, représenté la France à l’enterrement de l’impératrice Eugénie, emprunté le premier métro à Paris et failli mourir dans la boue d’une tranchée à Verdun". Ces moments sont relatés dans le livre «  Cent ans de ma vie  » que Madeleine a préfacé. Seul bémol, il n’est jamais parvenu à se faire élire maire de Saintes, contrairement à son père ! Son frère, qui avait fait Centrale, a été directeur chez Saint-Gobain.

Nous arrivons tout naturellement à Madeleine Chapsal. La présenter serait lui faire offense. En effet, sa notoriété est grande, de son métier de journaliste à l’Express à la publication de romans. Jean-Jacques Servan-Schreiber, avec qui elle a été mariée quinze ans, est resté dans son cœur : «  Il a lancé Michèle Cotta, Catherine Nay, Françoise Giroud. Il ne faisait pas de distinction entre les hommes et les femmes ; seuls comptaient le talent, la force de travail. Il donnait des conseils. Quand il avait repéré une bonne plume, il la recrutait. Au journal, personne ne se plaignait. Nous étions tous honorés d’appartenir à l’Express qui s’était taillé une belle réputation depuis sa création en 1953  ». 

Ses débuts au journal l'Express, aux côtés de François Mauriac

Madeleine réalise moult interviews dont celles de Saint-John Perse et Jacques Lacan. «  J’ai toujours préféré la littérature et la psychanalyse à la politique  » explique-t-elle. Et d’ajouter : «  J’avais la fâcheuse tendance à dire ouvertement ce que je pensais. En politique, cette attitude n’est pas forcément appréciée  ».

Ses débuts au journal l'Express (archives)

Peuplée de beaux moments et de situations difficiles, la vie de Madeleine Chapsal s’est écoulée entre Paris, les maisons du Limousin, de Saintes et l’Île de Ré… et bien sûr dans les salons littéraires et sur les plateaux de télé. Elle a pansé ses plaies. Elle en a fait des livres où de nombreuses femmes se sont reconnues. Et puis est arrivée la disparition tragique de David, «  son fils adoptif  », l’un des quatre enfants de Sabine et Jean-Jacques Servan-Schreiber. Une épreuve douloureuse qu’elle a exorcisée en lui dédiant un ouvrage touchant. Son écriture y est limpide, émouvante de vérité.

A l'origine des Marchés Romanesques qui attirent à Saintes chaque année des auteurs de renom aux côtés des Soroptimist, Madeleine Chapsal poursuit son aventure littéraire qu'elle auréole de jardins secrets comme le dessin. Vous pouvez découvrir ses créations au Relais du Bois Saint Georges où elle donnera une conférence vendredi prochain sur les grands hommes qu'elles a côtoyés "De Céline à Malraux, ces grands écrivains que j'ai fait parler" ».

2015 : Jean-Philippe Machon, alors maire, a remercié Madeleine Chapsal de contribuer au rayonnement de la ville de Saintes de par ses nombreuses activités et implications
Madeleine Chapsal a reçu cette médaille de la ville de Saintes avec émotion. Une reconnaissance qu'elle a dédiée aux membres de sa famille dont Fernand, qui fut ministre et maire de Saintes 

Directrice de l'Académie de Saintonge de 1992 à 1996, Madeleine Chapsal a publié en 2018 ses mémoires, "Souvenirs involontaires" chez Fayard.

En mai 2019 à l'âge de 93 ans, elle a épousé son compagnon Jean-Marc Vallet. Décédée en mars dernier au Pouliguen en Loire-Atlantique à l'âge de 98 ans, elle repose au cimetière Saint-Vivien de Saintes.

Chère Madeleine, nous ne vous oublierons pas.

Gémozac : Jacques Dassié, créateur de l'archéologie aérienne dans la région, nous a quittés

C'est avec tristesse que nous apprenons le décès de Jacques Dassié à l'âge de 96 ans. Ingénieur et archéologue aérien, il avait reçu le Grand Prix de l'Académie de Saintonge en 1997. Découvreur de la ville gallo-romaine de Novioregum au Fâ de Barzan et d'un camp militaire romain à Aulnay (entre autres), la recherche lui doit beaucoup. Jacques Dassié a fait avancer l’histoire de la région et nous lui disons un énorme merci !


 L'Académie de Saintonge retrace sa carrière

Ingénieur électronicien, il est le créateur de l'archéologie aérienne dans l'ancienne région Poitou-Charentes. Sa méthode de prospection est décrite dans son manuel d'archéologie aérienne (Technip, 1978). Depuis l'aérodrome de Pons, il découvre plus de deux mille sites archéologiques régionaux inconnus, ou mal connus, avant lui. Cela concerne en particulier les camps fortifiés saintongeais du Néolithique avec les portes en pinces de crabe, la découverte de très nombreux fossés circulaires des enclos rituels funéraires protohistoriques des âge du Fer et du Bronze et traces de substructures de l'époque romaine comme celles de Novioregum à Barzan, du camp militaire d'Aulnay-de-Saintonge et de l'amphithéâtre en rase campagne de Saint-Georges-du-Bois.

Ces sites, qui révèlent une histoire souvent ignorée avant ses travaux, sont localisés avec précision lors des prises de vues aériennes, grâce aux différences de couleurs dans la végétation, vers juin, lorsque les céréales sont en cours de maturation et de préférence en période sèche. Ces travaux sur le terrain sont ensuite répertoriés sur ordinateur avec une grande minutie, comprenant pour chaque site les photos aériennes, le plan, les informations connues sur le site et éventuellement les principaux résultats des fouilles.

Plus de deux cent mille documents sont ainsi conservés dans son ordinateur. Son site internet Archaero est le premier au monde consacré à l'archéologie aérienne ; il est également l'un des plus visités des Charentes. En 1997, il reçoit le grand prix de l'Académie de Saintonge pour l'ensemble de son œuvre et, deux ans plus tard, en est élu membre en remplacement de Thomas Narcejac. Il occupe son siège  jusqu'en 2016 où, nommé académicien honoraire, Jean-François Girard, professeur de médecine, lui succède.

Retraité, il poursuit ses travaux en archéologie mais pas seulement... puisqu'il publie sur les insectes de son jardin "Merveilleux habitants de nos jardins entre Loire et Gironde". De bonne rencontre, il laissera le souvenir d'un homme passionnant et passionné, toujours prêt à partager ses connaissances. Qu'il repose en paix.

Nous adressons nos sincères condoléances à son épouse, ses enfants et à toute la parenté. Son inhumation a eu lieu le 19 avril au cimetière de Gémozac.

Jacques Dassié au Paléosite consacré à Néandertal
• Un conférencier passionnant : 
Souvenir d'un échange au Paléosite de Saint-Césaire en 2009. 
Devant un public nombreux, il avait évoqué ses quarante ans de prospections archéologiques aériennes qui lui ont permis de découvrir la richesse du patrimoine charentais. Ainsi, du ciel, il a vu les fondations de la grande cité gallo-romaine de Barzan et le moulin du Fâ. Sans compter bon nombre de trouvailles qui ont entraîné des fouilles sur le terrain. D’avion, en effet, et selon la saison, on peut repérer des empreintes, des murs, des fossés invisibles quand on se trouve au sol. 

vendredi 19 avril 2024

Jonzac/Carmes : « Les mots du silence », une exposition à ne pas manquer

Jusqu’au 24 avril, le cloître des Carmes accueille l’exposition photographique de Jennifer Lescouët. L’artiste invite le public à écouter « les mots du silence ».

Lors du vernissage, mercredi dernier

La surdité dont elle a été atteinte dans son enfance est à l’origine de la démarche de Jennifer Lescouët, jonzacaise d’adoption. Cette différence lui a permis d’entrer de l’autre côté du miroir, d’en partager les émotions et les interrogations. 

Durant l'adolescence, elle reçoit un appareil photo, source d’évasion : « Grâce à la photographie, je ne m’ennuyais plus lors des réunions familiales. Je n’arrivais pas à suivre les conversations, alors je prenais des photographies. J’essayais de deviner de quoi on parlait en observant les mimiques des visages ». Entendant de nouveau et forte de son expérience, elle choisit de se consacrer à cet art en étudiant à l'école de photographie EFET. Quoi de plus motivant pour son projet de fin de scolarité que d’exprimer ses sensations, ce qu’elle a vécu quand elle était dans le monde du silence. Elle réalise alors une série de clichés où chaque sujet emploie le langage des signes qu'elle a appris. Le temps de pause et le flash permettent de détailler le mouvement des mains, d’analyser le geste, de l’immortaliser en accompagnant cette parole qui ne demande qu’à être partagée. A noter la qualité des tirages en noir et blanc.

Jennifer Lescouët, une photographe talentueuse

"Les mots du silence", une exposition à visiter dont se dégage une extrême sensibilité.

• Jusqu’au 24 avril de 14 h 30 à 18 h 30 cloître des Carmes Jonzac. Entrée libre

jeudi 11 avril 2024

Conseil municipal de Jonzac : Le torchon brûle entre Claude Belot et Christophe Cabri

Barbara Lachamp démissionne de ses fonctions d'adjointe

Claude Belot ne siègera plus aux réunions plénières de majorité

A quelques encablures du théâtre du château, s'est jouée mercredi soir au conseil municipal une scène digne des "grandes manœuvres" de la vie jonzacaise. Alors que tout semblait aller pour le mieux entre Claude Belot et Christophe Cabri, l'ambiance est désormais tendue. Conséquence de leur soutien à la candidature de J.F. Mougard aux municipales de 2026, trois élues ont perdu leurs délégations, retirées par le maire, et l'une d'elles, Barbara Lachamp, a eu la double peine en démissionnant de son poste d'adjointe. Les ambitions politiques de l'ancien directeur des services de la ville de Jonzac et de la CDCHS produisent un certain effet...

Tout tacticien a lu le fameux livre de Sun Tzu "l'art de la guerre", traité de stratégie écrit au IVe siècle avant J.C. Malgré les ans, il n'a pas pris une ride. L'objectif, qu'il soit militaire ou politique, est de conserver le pouvoir, l'ouvrage expliquant comment y parvenir. Nul doute que Claude Belot, élu depuis les années 70 et dont la carrière a été bien remplie (maire, conseiller général, sénateur, président et créateur de la CDCHS) l'a eu un jour entre les mains ! Depuis des décennies en effet, il a accompli un travail remarquable sur la ville de Jonzac (3550 habitants) qui n'a pas à se plaindre des infrastructures dont il l'a dotée. Il a toujours œuvré avec des équipes relativement soudées. Pourquoi relativement ? Parce que certains membres ont été soumis aux aléas du temps. On se souvient en particulier de la pénible époque où des adjoints proches de Claude Belot, tels que Christiane Proux, Jean-Paul Tornier, Gérard Masson et Louis Chalié avaient été écartés d'une élection municipale. D'autres cas d'édiles peuvent être évoqués, Valérie David Delcroix, ancienne adjointe ou encore la démission de Jean-Charles Chapuzet. Que dire de ces situations ? Les observateurs ne pouvaient que prendre acte et attendre la suite au prochain numéro.

Aujourd'hui, c'est un scénario du même type que rencontre le maire, Christophe Cabri. Jusqu'à présent, sa carrière est sur de bons rails : d'abord conseiller municipal, puis conseiller départemental et maire de Jonzac, sans oublier une vice-présidente à la CDCHS. « Et je ne veux pas être sénateur » ajoute-t-il. Voilà qui répond aux rumeurs qui circulent.

Mercredi soir, lors du conseil municipal, la dernière question de l'ordre du jour (la 7ème) attirait l'attention : "Le maire demande à l'assemblée de se prononcer sur le retrait de ses fonctions d'adjointe au maire de Barbara Lachamp". Intrigué, le public avait répondu nombreux - une trentaine - inspirant cette réflexion au premier magistrat : « si ça continue, la prochaine réunion du CM sera organisée au centre des congrès ! ».

Que s'est-il donc passé pour que la majorité du conseil municipal ait soudain une opposition en son sein ? Rappelons qu'aux dernières municipales, une seule liste menée par Christophe Cabri et incluant C. et N. Belot était sur la ligne de départ, l'opposition conduite par Gilles Clavel et Jack Ros ayant déclaré forfait par manque de combattants. On supposait que Claude Belot avait trouvé en Christophe Cabri ce fils spirituel dont rêve tout leader pour assurer la relève. Toutefois, les habitués remarquèrent assez vite qu'aux manifestations, Christophe Cabri avait ses "followers" et Claude Belot les siens. L'unité n'était-elle qu'apparente ?

Le climat se serait détérioré l'an dernier entre les deux hommes, dit-on. Jusqu'au jour récent où Christophe Cabri a réalisé qu'une "fronde" existait réellement dans son conseil. Pour preuve, l'article de Sébastien Lahalle, paru le 15 mars dans Sud-Ouest, annonçant la candidature aux prochaines municipales de l'ancien directeur général des services de la ville de Jonzac et de la CDCHS Jean-François Mougard, jusqu'alors inconnu au bataillon des prétendants municipaux jonzacais. Cette "révélation" était assortie d'un titre accrocheur "l'intelligence n'est plus au pouvoir à Jonzac" et d'observations dont « la mauvaise gestion des affaires publiques, l'argent dilapidé et le manque de vision d'avenir ». S'y ajoutait l'état de la ville jugée « sale ».

Christophe Cabri : « J'ai pris la décision de retirer leurs délégations aux trois élues »

Bref, coup de massue sur la tête de Christophe Cabri qui constate que dans ses troupes, des élu(e)s vont rejoindre Jean-François Mougard. « Après les propos que j'estime injurieux au sujet de l'intelligence qui ne serait plus au pouvoir à Jonzac, je me suis interrogé sur "les gens de l'exécutif" censés être aux côtés de ce candidat déclaré. J'ai donc posé une question de confiance en réunion. Barbara Lachamp, Hélène Héraud et Marie-Christine Nouguès ont déclaré vouloir se présenter avec J.F. Mougard dans deux ans. Quand on a des responsabilités au sein d'un conseil, on ne peut pas continuer à travailler avec un maire, moi en l'occurrence, et monter une liste parallèlement avec quelqu'un d'autre. Ce sont des choses incompatibles. Je leur ai donné une semaine pour remettre leurs délégations et, à Barbara, sa démission de son poste d'adjointe. Elles resteraient conseillères municipales. Je n'ai pas eu de nouvelles. J'ai donc pris la décision de retirer leurs délégations aux trois élues. Ce soir, nous aurons à voter le maintien ou non dans ses fonctions d'adjointe de Barbara. Je ne remets pas en cause le travail qu'elles ont effectué sur la mobilité, au CCAS, le cadre de vie et Petite Villes de demain ».

Barbara Lachamp : « La seule chose qui m'est reprochée, c'est de ne pas repartir en 2026 avec toi »

Visiblement touchée, Barbara Lachamp s'adresse à Christophe Cabri : « Effectivement, lors d'une réunion d'adjoints, tu nous as demandé notre position pour 2026. Nous avons répondu en toute honnêteté qu'Hélène, Marie-Christine et moi-même ne serons pas tes colistières lors du prochain mandat. Nous avons le droit de partir en campagne avant. Prenez le cas d'Emmanuel Grégoire à Paris, il est candidat à la mairie en 2026 et n'a pas été démis de ses fonctions par Anne Hidalgo pour autant. Où est la tolérance à Jonzac ? La seule chose qui m'est reprochée, c'est de ne pas repartir en 2026 avec toi. Durant ces dernières années, nous avons travaillé pour le bien commun. Aucune décision n'a été prise sans concertation et nous avons voté les budgets et autres projets. J'ai toujours rendu compte à l'ensemble du conseil municipal des actions que j'ai menées sur Jonzac. Ma décision n'est pas contre Christophe Cabri, mais pour l'avenir de Jonzac. C'est ma ville, j'y suis née. Ma famille s'est impliquée et battue pour elle, je veux prolonger les valeurs qu'elle m'a inculquées. J'ai accepté le poste d'adjointe afin d'œuvrer pour l'intérêt général, l'avenir et le destin de Jonzac. Je donne ma démission par souci d'intégrité et pour respecter les intérêts que nous servons. Je resterai conseillère municipale ».

Marie-Christine Nouguès enchaîne : « Je n'ai rien à ajouter. Tu es maire, tu donnes les délégations, tu les retires, c'est ton rôle. Je regrette le tribunal inquisitorial où tu nous as placées, on a été fléchées, je suis très déçue par ton attitude. Un maire doit accepter que ses conseillers lui disent ce qui se passe sur le terrain. Nous sommes proches des habitants, apportons notre aide, notre soutien à la population. Je resterai également conseillère municipale. Hélène et moi-même avons servi avec nos convictions humanistes et surtout, nous avons été loyales avec toi. Pour 2026, il y a des choses avec lesquelles nous ne sommes pas d'accord, mais ce n'était pas une raison pour retirer nos délégations. Je m'interroge : Où la démocratie dans tout ça ? ».

Réaction de Julien Glémet : « A la question précise de Christophe Cabri sur nos engagements, chacun a répondu avec franchise. Vous avez pris vos responsabilités, nous les nôtres et il n'y avait pas de procès d'intention, contrairement à ce que tu avances ».

Claude Belot prend la parole en dernier, déclarant « qu'il vit dans cette salle depuis les années 1970 et qu'il n'a jamais eu de problème avec le suffrage universel à Jonzac, permettant la stabilité de la ville ». Il souligne au passage que des élus présents, engagés à ses côtés, ont « la mémoire courte » et qu'il aurait souhaité de leur part autant de courage que celui déployé par Barbara Lachamp, « issue d'une famille bien connue ». Après avoir rappelé ses racines jonzacaises et son engagement inconditionnel pour la cité, il annonce ne plus vouloir siéger aux commissions plénières de majorité : « si je suis invité, je ne viendrai pas. Comment en est-on arrivé là ? » . Voilà bien la question que pose le premier adjoint. Il déplore les remous qui ont suivi la déclaration dans la presse relative à l'intelligence à Jonzac, provoquant « un débat inutile et infondé ». Et d'ajouter des recommandations dans la gestion de la ville : « dégager une marge d'épargne maximale, faire attention au fonctionnement, ne pas utiliser les fonds versés par le casino pour payer l'éclairage public ou des choses qui ne sont pas indispensables ».

André Beauffigeau, pour sa part, avance une idée : faire une motion de soutien au maire de Jonzac.

En donnant sa démission, Barbara Lachamp a évité à ses collègues d'être placés dans une situation inconfortable, celle de faire un choix en séance publique. Les mois à venir nous diront comment les choses vont évoluer lors des prochains votes au conseil municipal et où penchera la balance. Christophe Cabri sait qu'il va devoir croiser le fer et il a un avantage, ses opposants sont identifiés. Ceux-ci envisagent la formation d'un groupe de propositions de projets appelé "Liberté".

Une séance largement suivie 
On notait la présence de J.F. Mougard. candidat aux municipales de 2026 à Jonzac
selon ses récentes déclarations

• Claude Belot, actuel premier adjoint, a voté le budget 2024 de la ville. Barbara Lachamp, Hélène Héraud, Marie-Christine Nouguès et Christophe Gadrat se sont abstenus.

• Le contexte va-t-il devenir difficile au sein de l'équipe ? C'est à craindre. Christophe Cabri a toutefois remercié Claude Belot pour les judicieux conseils qu'il a toujours apportés.

samedi 6 avril 2024

Saintes/Société d'Archéologie : L'Aquitaine aux temps des Vikings

La Société d'archéologie et d'histoire de la Charente-Maritime organisé sa prochaine conférence intitulée « L'Aquitaine aux temps des Vikings » vendredi 12 avril. Elle sera animée par Pierre Lemaitre, ex-chercheur associé CRAM-CNRS Université de Caen et président de l'ASSA Barzan et Jean-François Mariotti, archéologue subaquatique et sous-marin, membre de l'AREPMAREF, responsable des opérations subaquatiques programmées sur le site de Taillebourg

La société scandinave alto-médiévale est souvent présentée à travers les expéditions commerciales, parfois interlopes, devenant razzias, incendies, pillages voire meurtres, ainsi que par la quête de richesses qui seront mises au service d'ambitions politiques.

Nous verrons que le phénomène viking ne se limite pas aux actions de pillards sanguinaires telles que nous les présentent les sources contemporaines. Certains d'entre eux s'établiront dans des régions marquées par l'absence de pouvoir fort.

Des rivages nord-américains à l'Oural, ces premières colonies jetteront les bases de nouveaux états plus ou moins intégrés ou éphémères, mais dont les effets sont encore aujourd'hui bien présents dans nos institutions.

Alors que l'empire hérité de Charlemagne se trouve dans la tourmente au milieu du IXe siècle, qu'en est-il de la Francie et, plus particulièrement, de l'Aquitaine carolingienne ? Les chroniques rédigées par des clercs ou religieux ont-elles exagéré les prédations subies durant près de deux siècles ?

Une relecture des sources et une réévaluation des données issues de l'archéologie permettent d'éliminer beaucoup d'idées reçues. Y a-t-il eu des implantations durables de bandes vikings en Aquitaine ou bien seulement quelques bases, relais d'expéditions plus lointaines ? L'archéologie ne parvient pas, faute de traces matérielles, à étayer la présence d'établissements pérennes sur le territoire français.

En l'état de la question, les intervenants ne sauraient revendiquer l'apport d'une nouvelle réflexion sur les interactions entre le monde scandinave et un royaume d'Aquitaine aux frontières très diffuses mais, plus modestement, dresser l'inventaire des lacunes et proposer des axes de recherches, notamment autour du fleuve Charente.

Rendez-vous vendredi 12 avril à 18h30, auditorium de la salle Saintonge, rue Chapsal à Saintes. Entrée gratuite, participation libre

• Renseignements : Société d'archéologie et d'histoire de la Charente-Maritime 8 rue Mauny - 17100 SAINTES - 05 46 74 67 75 - info@sahcm.fr- sahcm.fr