jeudi 22 novembre 2007

Christian Morin : de Jonzac à Plus belle la vie !


Samedi soir, Christian Morin était au casino de Jonzac où il se produisait avec ses amis musiciens, Marc Fosset et Michel Denis. Saviez-vous que Christian Morin a passé une partie de sa jeunesse en Charente-Maritime ? Dans l’entretien qui suit, il parle de ses origines « cagouillardes » et de sa carrière professionnelle à la radio, puis à la télévision. Il possède de nombreuses cordes à son arc, mais la matière qu’il préfère, c’est bien encore la musique assortie de sa fameuse clarinette ! Récemment, on l’a vu dans le célèbre feuilleton de France 3 “Plus belle la vie“ et sur des scènes de théâtre. Ce touche-à-tout a du talent et il est bougrement sympathique, ce qui ne gâte rien !

Christian Morin, vous êtes né à Bordeaux. Ce que les lecteurs savent moins, c’est que vous avez fait vos premiers pas en Charente-Maritime...

Effectivement, j’ai du sang cagouillard. Ma mère est née près de Cognac, à Brizambourg, mon père à Saint-Jean d’Angély et moi-même à Bordeaux. J’ai commencé à marcher à Fontaine Chalandray. Mon oncle, Robert Morin, était prêtre du côté de Matha et des Touches de Périgny. Pendant une vingtaine d’années, il a enseigné à la Rochelle, au lycée Fénelon, où il était professeur et aumônier. Il a terminé sa carrière comme curé de la Flotte en Ré. J’ai fait plusieurs concerts en l’église Sainte-Catherine en souvenir de lui. Il est enterré à la Couarde.
Je connais bien la Charente-Maritime. Enfant, j’allais me promener avec mon oncle sur les bords de la Boutonne, quand il allait lire son bréviaire.

La proximité que vous aviez avec votre oncle vous a-t-elle donné l’envie d’entrer au Séminaire ?

Oui, mais je vais vous dire de quelle manière... Je passais toutes les grandes vacances chez mes grands-parents qui habitaient le presbytère des Touches de Périgny avec mon oncle. Enfant, j’étais fasciné par le vélo, les premiers avions à réaction, le fameux Mystère IV, et par des amis de Séminaire de mon oncle qui travaillaient sur le continent noir.
Quand ces missionnaires arrivaient, j’écoutais ce qu’ils racontaient et je faisais un parallèle avec les histoires de Tintin et Milou, personnages qu’on retrouvait aux quatre coins du globe dans les bandes dessinées d’Hergé. Pour moi, ces albums constituaient une évasion. C’est précisément le côté explorateur que j’admirais chez ces hommes qui allaient prêcher la foi catholique dans des pays africains. J’avais envie de les imiter. Toutefois, ce n’était pas tellement l’aspect religieux qui me motivait, c’était la tentation de découvrir des terres lointaines et de vivre des aventures nouvelles...
Ensuite, j’ai rêvé d’être pilote et j’étais fasciné par les locomotives à vapeur. En fait, je n’ai suivi aucune de ces voies. À Bordeaux où mon père était imprimeur, j’ai fréquenté les Beaux Arts. Je suis graphiste, affichiste, diplômé des Beaux-Arts. J’ai commencé par faire des dessins humoristiques dans le journal Sud-Ouest et j’ai réalisé, entre autres, des affiches pour le démarrage de la semaine Sigma à Bordeaux. Par la suite, je suis parti à Paris.
À quel âge avez-vous appris à jouer de la clarinette ? Une véritable complicité vous lie à cet instrument !
À l’âge de 13 ans. Mon père voulait que j’apprenne la musique et je n’étais pas enthousiaste en ce sens où ce cours supplémentaire allait s’ajouter aux autres. Le programme était un peu chargé.
Un jour, j’en ai parlé à un copain dont le père enseignait le sax et la clarinette. J’ai été séduit car à cette époque, vers les années 60, le rock déferlait en France avec Presley, Eddy Cokran. Tout le monde jouait de la guitare. En moi-même, je me suis dit que cette mode ne durerait pas, c’est pourquoi j’ai opté pour la clarinette et j’y suis resté fidèle. J’ai aimé cet instrument dès le départ car son enseignement est complémentaire de l’étude aux Beaux Arts, c’est le même état d’esprit !
Après mon service militaire au service cinématographique des armées, pour arrondir mes fins de mois à Paris, j’ai joué dans des clubs de jazz avec Claude Luter et Maxim Saury.
Claude Luter, qui était mon idole, est rapidement devenu un ami. C’était l’époque de Saint-Germain de Près, de Sidney Bechet. Quelle ambiance !

À quel moment êtes-vous entré dans l’audiovisuel ?

Après la mort de mon père, j’ai fait le bilan de tout ce que j’avais fait entre la musique, le dessin, les génériques de télé, la participation à des émissions de radio à Bordeaux, l’art contemporain - j’ai croisé des gens comme Arman, Ben, Pinoncelli - et me suis dit : comment pourrais-je regrouper toutes les activités qui me plaisent ? Pour être franc, le travail en agence de pub m’ennuyait un peu.
Or, j’avais un ami qui était assistant de Jacques Chancel. J’allais donc sur les plateaux pour me faire une idée et j’ai très vite réalisé que la télé m’impressionnait. Par contre, la radio m’est apparue comme une possibilité. J’ai alors poussé la porte d’Europe N°1 en demandant s’il y avait des stages pour devenir speaker. On m’a répondu qu’on ne disait plus « speaker mais animateur, meneur de jeu ». Après les essais de voix, j’ai commencé par faire des remplacements la nuit parce que c’était un temps où l’on nous permettait d’apprendre. J’ai fait de la radio pendant quinze ans, jusqu’en 1987.

Quels souvenirs gardez-vous de la radio justement ?

C’était formidable. De nos jours, l’état d’esprit qui se rapproche le plus de cette époque est à RTL. En toute franchise, je préfère la radio à la télévision où je suis resté vingt ans. À la radio, on est beaucoup plus libre. La télé vous oblige, avec une imagerie à entretenir - maquillage, lumière, projecteurs, public sur le plateau - à un comportement, ce qui n’est pas le cas à la radio. Elle est le seul média actuel qui peut donner une grande part à l’imaginaire. La radio est accessible, elle est partout.

Est-ce à dire que vous gardez un mauvais souvenir de la télévision où vous avez animé des émissions de variétés dont la Roue de la Fortune ?

Voici quatorze ans que je m’en suis éloigné. Ce n’est pas pour esquiver votre question, mais je ne souviens pas des mauvais moments parce que je ne garde en mémoire que les bons. D’une manière générale, chaque être a différentes tranches de vie. En ce qui me concerne, les relations que j’ai entretenues avec les professeurs aux Beaux-Arts étaient formidables. Ensuite, la radio m’a permis des rencontres extraordinaires, de Paul Émile Victor à Amilia Rodriguez en passant par Georges Brassens - j’ai passé huit heures chez lui pour l’interviewer et nous n’avons parlé que de jazz ! - Sylvie Vartan, Alain Delon, Nicole Calfan, etc. Je pense aussi à Salvatore Adamo qui est un homme très sympathique. En ce qui concerne la télé, j’ai conservé des rapports avec Michel Drucker et Jean-Pierre Foucault qui appartiennent à ma génération.
Les choses ont beaucoup changé à la télévision. Les systèmes audiovisuels, tels qu’ils existent aujourd’hui, sont des entreprises de spectacle. Tout le monde rêve d’avoir une émission qui fasse l’unanimité aux heures de grande écoute...

Puisqu’il est question de grande écoute, de nombreux spectateurs vous ont vu dans le feuilleton de France 3, Plus belle la vie, où vous avez des déconvenues avec votre femme, Charlotte. Comment avez-vous vécu cette expérience marseillaise ?

À Paris, j’ai un agent avec qui je travaille étroitement. Il a appris que le réalisateur de Plus belle la vie recherchait un homme dans ma tranche d’âge. Je connaissais ce feuilleton que je trouve bien dessiné dans l’écriture. Tous les soirs, six millions de spectateurs le suivent, signe de son succès auprès du public ! La force de cette série réside au travers de comédiens qui ne sont pas connus au départ.
J’ai donc passé un casting en sachant que le rôle se terminait tragiquement dans une piscine. Ce n’est pas la première fois que je connais pareille destinée puisque je suis déjà mort dans une fiction à la télévision, assassiné à coups de cendrier. J’ai même été un salaud, trafiquant de drogue, dans une série de TF1. Dans Plus belle la vie, je commence à ne plus être recommandable vers la fin, quand j’apprends que je suis trompé. C’est plus drôle d’être cocu chez Feydeau, au théâtre...
Bref, au départ, nous étions assez nombreux à postuler pour ce rôle. Dix jours après le premier casting, on m’a demandé de descendre à Marseille pour en refaire un autre, cette fois avec Hélène Medigue qui joue le rôle de Charlotte. Je pensais être le seul. Or, il restait en lice deux ou trois autres comédiens. J’ai finalement été choisi.

Comment s’est déroulé le tournage ?

Tout est tourné en plan séquence, c’est-à-dire en quelques minutes. Il faut donc savoir son texte par cœur. Quand vous avez neuf ou dix séquences dans la même journée, il vous arrive d’avoir dix-sept pages de textes par jour à apprendre. Le tournage commence vers 7 heures du matin. Il y a quinze réalisateurs et vingt auteurs.
Personnellement, j’ai tourné trois semaines pour une existence à l’écran d’environ un mois. Ça ne chôme pas ! Charlotte, qui est la femme de Samuel Labarthe dans la vie, est une très bonne comédienne qui a fait le Conservatoire ainsi que des tournées de théâtre, notamment avec Jean-Pierre Marielle. Quand on est confronté avec des personnes qui travaillent aussi bien, il faut être à la hauteur. C’est ce que j’ai essayé de faire.
Je n’ai jamais entendu “crier“ sur les plateaux. Richard Guedje, qui vient de chez Marcel Maréchal, dirige les acteurs. Il vous prend en main et vous met de bonne humeur. C’est très professionnel.

Où sont tournées les séquences ?

Il y a deux plateaux. L’un, de 1000 m2, est en studio. Le quartier du Panier de Marseille y a été reconstitué. Vous vous trouvez dans une vraie rue avec des figurants. L’autre, de 800 m2, réunit le commissariat, les intérieurs des appartements, le Mistral, l’hôtel, etc. Cet ensemble mérite le détour ! Certaines prises sont également tournées en extérieur.

Pour conclure, parlez-nous de votre groupe de jazz, Art Trio ?

J’ai toujours fait de la musique. Ce trio existe depuis sept ans et c’est pratiquement son anniversaire. Nous avons commencé aux alentours du 11 novembre 2000, à Bordeaux.
Je tenais à monter un trio sans basse qui ne pouvait exister qu’avec l’ancien guitariste de Stéphane Grappelli, Marc Fosset. Michel Denis, quant à lui, est un très grand batteur de jazz qui a joué avec Memphis Slim pendant quinze ans. Dans la variété, il a également travaillé avec Roger Pierre et Jean Marc Thibault. Pour choisir le nom du groupe, ce fut simple : Marc a fait les Arts appliqués, Michel les Arts déco et moi les Beaux Arts. Art trio était logique !
Notre manager producteur, Jacques Chartier, est de Bordeaux. Producteur de Stéphane Grappelli et de Claude Luter, il s’occupe de moi depuis une dizaine d’années.
Nous sommes très heureux d’avoir joué à Jonzac samedi soir. Avoir plusieurs formes d’activités est réjouissant car elles permettent de rencontrer des publics variés. J’adore !




Photo 1 : La dédicace de Christian Morin pour les lecteurs de la Haute-Saintonge.
Photo 2 : Christian Morin joue avec son instrument préféré : la clarinette !

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