jeudi 15 novembre 2007

Michel le jardinier rejoint Bernadette Schmit


À quelques mois des Municipales, Bernadette Schmitt affiche un calme olympien. Cet ancien ingénieur a non seulement appris à gérer la cité santone, mais à découvrir les subtilités de la politique politicienne. Elle résiste, n’a toujours pas d’étiquette et déclare pouvoir travailler tant avec la droite qu’avec la gauche, à condition que les personnes souhaitent apporter leur pierre à l’édifice. Elle dévoilera sa liste renouvelée à 50 % en janvier prochain et préfère ne pas répondre aux attaques de l’un de ses adjoints, Thierry Faure, qui ne repartira pas à ses côtés. La campagne risque d’être animée car le nombre de candidatsest important ! Pour l’heure, elle est heureuse d’annoncer la présence, à ses côtés, de Michel Lis, l’emblématique jardinier, radical de gauche. Elle répond à nos questions :

Bernadette Schmitt, vous arrivez au terme de votre premier mandat. Lors du dernier Congrès des maires, vos collègues ont souligné combien leur mission était devenue compliquée. Si vous aviez eu à témoigner ce jour-là, qu’auriez-vous dit ?

J’aurais dit que la fonction de maire est passionnante. Je n’ai jamais regretté de m’être lancée, un jour de mars 2000, dans la campagne pour les Municipales. Pourquoi ai-je choisi de me présenter ? D’une part parce que j’avais été sollicitée et que j’ai du temps à donner aux autres, d’autre part parce que mes parents et ma famille m’ont transmis un certain nombre de valeurs. Actuellement, notre société ne va pas très bien, c’est un constat. La situation des jeunes est préoccupante. Récemment, salle Saintonge, des journées étaient organisées sur ce thème et sur les mutilations que s’infligent les adolescents. Les enfants se tatouent ou pratiquent des scarifications pour marquer leur mal-être. Un travailleur social a apporté un témoignage poignant : il a reçu une gamine de dix ans qui a passé trois heures à tourner en rond, sans en connaître la raison. Il a avoué son impuissance à l’aider. Nous autres, élus, avons aussi notre part de responsabilité : quelle société offrons-nous aux jeunes ? Quels repères ont-ils ?
Ces questions ne concernent pas uniquement les adolescents. Lors de mes permanences, je reçois de nombreuses femmes qui élèvent seules leurs enfants. Elles sont dans des situations difficiles et elles me disent : « on a tout essayé, on vient voir, Madame le Maire, car vous êtes notre dernière porte de secours ». Dans certains cas, la personne ne pourra jamais trouver un travail, on le sait. Je fais tout pour qu’elle dispose alors d’un logement décent dont le loyer sera assuré par les aides de l’État et je lui indique l’épicerie solidaire qui s’est ouverte récemment dans l’ancien centre de tri postal, boulevard Guillet Maillet. Les produits y sont vendus à 10 % de leur valeur. Je crois qu’aujourd’hui, les élus doivent être capables de rendre l’espoir aux personnes qui n’en ont plus. C’est à eux, chacun à leur niveau de compétences, de faire des propositions de développement.

Quand vous avez été élue, c’était pour concrétiser des projets. À vous entendre, on a l’impression que le rôle du maire est celui d’une assistance sociale ?...

Le maire doit être proche de ses habitants, il les écoute dans leurs joies et malheureusement dans leurs peines. Le maire doit avoir une vision d’avenir de sa ville, mais en même temps, il ne peut pas être insensible aux laissés pour compte. Aider les autres est une mission difficile en ce sens où il vous arrive de ne pas avoir de solutions miracles. Il y a également ceux pour lesquels vous vous investissez pleinement et qui ne vous diront jamais merci. Il faut être solide psychologiquement et avoir des valeurs : honnêteté, humanisme, sens de l’intérêt général avant l’intérêt particulier.

Puisque nous parlons d’intérêt général, votre liste était très unie en 2001 quand elle a sollicité les suffrages des électeurs. Aujourd’hui, on a l’impression que le climat s’est un peu altéré. Votre adjoint, Thierry Faure, l’a dit clairement dans un entretien et de votre côté, vous avez annoncé que votre liste sera renouvelée à 50%...

Effectivement, sur vingt-sept, trois ou quatre conseillers ne se sont pas retrouvés dans le travail de l’équipe élue en 2001. Pourquoi ? Parce que nous avions une vision différente de la ville. En 2001, nous étions unis par le projet qui était de gagner. Une fois en place, la façon de conduire la ville n’était pas la même pour tous. Certains avaient mené une réflexion sur l’avenir de Saintes qui avait abouti à un programme écrit et distribué dans toutes les boîtes à lettres. D’autres étaient dans une autre démarche, beaucoup plus politique. Ils voulaient tourner la page Baron et régler des comptes. Ce n’était pas ma façon de travailler car j’apprécie les personnes en fonction de leurs compétences et non de leur étiquette.

À ce sujet, vous êtes toujours sans étiquette ?

Oui, je suis sans étiquette. D’ailleurs, personne ne m’a jamais demandé d’adhérer à un parti...

En 2001, votre liste s’est constituée en partenariat avec le député Xavier de Roux, alors UDF. Elle était opposée à la formation de droite que conduisait Alain Bougeret, soutenu par deux poids lourds de la politique, Jean-Pierre Raffarin et Claude Belot. Vous avez gagné l’élection. Comment la situation a-t-elle évolué ?

Elle a bien évolué ! Toutefois, je tiens à préciser qu’au lendemain du premier tour, Jean-Pierre Raffarin m’a appelé pour m’assurer de son soutien au second tour. Sa position était claire. Pour Claude Belot, c’était plus difficile car il était l’ami d’Alain Bougeret. Il a essayé d’intervenir entre les deux tours et m’a dit : « si vous gagnez, tant mieux. Sinon, advienne que pourra ». Aujourd’hui, nos relations sont cordiales.

Les listes aux Municipales seront nombreuses sur la ligne de départ en mars 2008. Cela vous inquiète-t-il ?

Non, Saintes est une ville qui intéresse les citoyens. Politique-ment, on s’aperçoit que ce n’est pas une ville de droite, on l’a vu aux derniers scrutins. Entre 1971 et 1977, la ville a connu une direction de droite avec M. Josse. Auparavant, il y avait eu 24 ans de socialisme, ensuite il y a encore eu 24 ans de socialisme. En 2001, j’ai toujours dit que la droite n’avait pas gagné : il s’agissait plutôt d’une autre façon de faire de la politique. Depuis, j’ai appris à connaître les gens de droite et de gauche et il y a des gens sectaires de chaque côté. Je ne me reconnais ni dans les uns, ni dans les autres, d’où mon choix d’être sans étiquette.

Philippe Delacroix, qu’on croyait proche de vous jusqu’à l’affaire Bassompierre, sera sur la liste Landreau opposée à la vôtre. Cela vous surpend-il ?

Apparemment non puisqu’en 2001, il avait voté Bougeret. Je ne le savais pas, je l’ai découvert dans une interview. Il faisait partie de personnes que j’avais contactées. Il m’avait répondu qu’il ne pouvait pas se positionner car il était proche de Claude Belot.

Deux mots sur Ségolène Royal qui exerce une attraction sur vous, semble-t-il...

Elle m’avait intéressée à une époque : elle n’était pas bornée quant aux 35 heures où elle avait le courage de dire ce qu’elle pensait. Sous de nombreux aspects, elle a fait une campagne qui a ressemblé à la nôtre en 2001. Toutefois, je n’ai jamais hésité à voter Sarkozy aux Présidentielles et je ne m’en cache pas !

Dans le domaine de l’intercommunalité, une communauté d’agglomération se mettra t-elle en place sur Saintes ?

Des décisions auraient du être prises en 2001 et 2008 à propos d’une communauté d’agglomération autour de Saintes. Quand on regarde les chiffres de l’Insee, on voit que Chaniers est rattaché à l’aire urbaine de Saintes. Elle totalise globalement 50.000 habitants, c’est-à-dire la taille d’une communauté d’agglomération. Contraire-ment au premier projet de C.A. que j’avais soutenu avec Gémozac et qui n’a pas abouti, le bon territoire me semble être Saintes avec Chaniers. La situation devrait évoluer favorablement.

Que pensez-vous d’un rapprochement avec Cognac ?

Avec Cognac, nous travaillons très bien en association. Par contre, je ne pense pas qu’une Communauté d’agglomération soit le bon choix car se poserait le délicat problème de la présidence entre les deux villes. Une rivalité risquerait de se créer. Si nous sommes à égalité, nous serons complémentaires !

Jardin public : la fin du blockhaus

Quels sont les projets que vous souhaitez mener à bien ? D’importants travaux sont prévus au Jardin public, semble-t-il...

Notre programme sera présenté en février. Nos projets sont déjà très avancés, il n’y a pas de révolution car nous sommes dans la continuité de 2001. Bassompierre se réalise par petites phases. La première étape est la construction du parking Eugène Pelletan qui sera achevé aux environs du 20 décembre, juste avant Noël. Il sera payant. À quatre minutes de la passerelle, un autre parking de 300 places, gratuit celui-là, sera réalisé le long de la Charente, après le Jardin public. Le personnel travaillant dans les commerces du centre ville est concerné. Le nombre de salariés s’élève tout de même à 1.700.
Parallèlement, l’entrée du Jardin public sera refaite. Ce dernier s’ouvrira désormais sur le fleuve. Le blockhaus de la dernière guerre, actuellement dissimulé sous un monticule de terre, sera démoli et la stèle de F. Chaspal sera déplacée. Quand on prendra la belle allée du Jardin public, entre ce parking et la passerelle, on sera dans l’axe du musée lapidaire et de l’antenne de l’Office de tourisme. L’aménagement de Bassompierre avance doucement avec la réfection des rues. Par contre, la construction d’une nouvelle passerelle et le décaissement des quais sont stoppés.
En ce qui concerne le projet visant à mettre en valeur les vestiges gallo-romains et les Arènes, j’en parlerai plus amplement lors de la campagne électorale.



Pour conclure, où en est le projet de rénovation urbaine, mieux connu sous le nom d’ANRU ?

Le projet est dans sa phase de concrétisation. Au Vallon, les démolitions auront lieu fin en d’année et les immeubles sont vides. Avant de quitter leur ancien lieu de résidence, des manifestations ont été organisées avec les habitants : films, théâtre, dessins. Il y a eu des moments forts où les gens ont pu évoquer leurs souvenirs avant de tourner la page. Désormais, ils sont installés dans d’autres quartiers. Au sujet de l’enveloppe financière de l’ANRU, il n’y a aucun problème. Si nous ne l’avions pas eue, le projet n’aurait pas démarré...

Michel le jardinier rejoint Bernadette Schmitt

En mars prochain, Michel Lis sera sur la liste de Bernadette Schmitt où il occupera la dernière place : « c’est déjà un honneur, ma santé ne me permet pas de vous accompagner dans votre combat qui est aussi le mien. Le radical de gauche que je suis est aujourd’hui un jardinier plein d’expérience qui a appris la tolérance et la liberté au fond de son jardin. Aucune inégalité n’y règne entre les fleurs et les légumes et les mauvaises herbes sont aussi précieuses au jardin que les bonnes ! Jean Jacques Rousseau affirmait qu’il n’y avait pas de bonnes et de mauvaises herbes, mais seulement des herbes dont on ne connaît pas encore l’usage. Le jardinier, en effet, sait que ces passagères clandestines, ces SDF, apportent souvent par leur biodiversité un enrichissement de notre flore cultivée et réservent d’heureuses surprises en apportant des fleurs nouvelles...
La cité idéale à laquelle nous aspirons doit être une solide construction républicaine. Pour cela, je vous fais confiance ».

Photos : 1. Bernadette Schmitt avec l'ancien ministre Michel Charasse.
             2. Le kiosque du jardin public.

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