dimanche 3 août 2008

Les Hutongs de Pékin : L’histoire au cœur des ruelles…


Se promener dans les Hutongs, c’est entrer dans l’histoire du vieux Pékin. Malheureusement, de nombreux quartiers ont été détruits pour faire place à des bâtiments modernes. La France a connu semblable transformation : au XIXe siècle, Haussmann n’a-t-il pas fait la même chose à Paris ? Chaque bâtisseur veut laisser son empreinte, c’est pourquoi il est difficile d’avoir une opinion tranchée sur la question. Toutefois, ces ruelles anciennes ont un charme indéniable, surtout quand vous les parcourez tranquillement. Pour les étrangers, rien ne vaut une balade en pousse-pousse. Au rythme de leur guide, ils vont à la rencontre des joueurs de mahjong, des artisans d’art, des chanteurs de rue et des cafés attrayants qui proposent des canapés (rouges) à leurs clients en guise de chaises. Et si leur "conducteur" les apprécie, il les fera entrer dans les siheyuans et leur présentera sa petite famille.
Un vrai bonheur !



Selon les historiens, les hutongs, ces ruelles du vieux Pékin, se sont développées durant sept siècles, sous les dynasties successives des Yuan (1271-1368), des Ming (1368-1644) et des Qing (1644-1911). Autrefois, la ville en comptait un bon nombre du côté de la Cité interdite, non loin du Palais impérial. D’autres étaient situés au Sud et au Nord de la ville, où vivaient commerçants et gens modestes. Leurs noms découlaient de leurs activités respectives : coton, ciseaux, feuilles de thé...


Les "siheyuans", maisons disposées autour d’une cour carrée, bordent les hutongs. Leur apparence varie selon l’aisance de leurs propriétaires. « Les siheyuans des hauts fonctionnaires ou des commerçants riches sont grands et sophistiqués. L’intérieur y est richement orné et les pièces sont liées par des galeries. Devant et derrière ces habitations, il y a des jardins. L’entrée comporte souvent des inscriptions » remarquent les spécialistes. Il s’agit de lieux un peu secrets, protégés par de hauts murs. Les "siheyuans" occupés par le peuple sont plus simples. La porte est étroite et les murs bas.


Au début du XXe siècle, les hutongs de Pékin (Beijing) ont connu des bouleversements importants. Ils furent alors occupés par plusieurs familles.
Semblable à la Révolution française qui endommagea églises et édifices symbolisant l’Ancien Régime, la "Révolution culturelle" chinoise a rasé moult témoignages du passé. Des vestiges intéressants, situés au cœur des hutongs, ont été détruits. Leur nombre actuel serait inférieur à 1500 (il y en avait 3000 à l’arrivée des Communistes). Depuis, une prise de conscience quant au patrimoine s’est opérée, mais le mal est fait : des structures modernes ont remplacé ces quartiers anciens qui étaient « l’âme de Pékin ».


Il en subsiste, fort heureusement, que les touristes sont heureux de parcourir !
Actuellement, les hutongs occuperaient un tiers de la superficie de la zone urbaine.
D’une manière générale, il ne faut jamais oublier que les Asiatiques ne raisonnent pas comme les Occidentaux. Certes, ils n’ignorent rien du passé, mais seuls le présent et l’avenir leur importent.
À Paris, le Baron Haussmann a agi pareillement, avec le soutien de Napoléon III, en faisant abattre d’éminents témoins de l’époque médiévale. Parmi eux, la Tour des Hospitaliers de Saint-Jean-de-Latran, l’église Saint-Benoît, les restes du collège de Cluny, le marché des Innocents, l’hôtel Coligny, de nombreuses églises et chapelles. Beaux immeubles et grandes avenues, qui sont aujourd’hui les fleurons de la capitale française éternelle, n’auraient jamais vu le jour sans la volonté d’innover en rompant avec le temps d’avant.


À Pékin, les travaux liés aux Jeux olympiques sont une aubaine pour les grands cabinets d’architecture internationaux. Le fameux stade "nid d’hirondelle", que le monde entier verra la semaine prochain sur les écrans, est une belle incarnation de la modernité. Récemment, les organisateurs ont simulé l’inauguration des Jeux Olympiques afin de vérifier si leur dispositif était au point. Cerise sur le gâteau, ils n’ont pas hésité à tirer le feu d’artifice, à la grande surprise des habitants, qui devront attendre quelques jours pour revoir une nouvelle “vraie“ version ! En l’attente, ils ont trouvé la première édition sympathique ! « La Chine est le pays exemplaire de la différence harmonieuse, un abrégé de la diversité du monde » écrivait à juste titre Victor Segalen, médecin et archéologue français qui séjourna quatre ans à Pékin avant la Première Guerre mondiale…


Photos 1 et 3 : Dans les Hutongs de Pékin (que les Chinois appellent Beijing). Les siheyuans rappellent les maisons cachées de la Médina, en Afrique du Nord. Derrière les hauts murs, toute une vie s’organisait, à l’abri des regards et de l’agitation de la rue. La cour carrée et le jardin donnaient à ces habitations un charme particulier. Le Pékin moderne a d’autres ambitions que cet habitat séculaire, c’est pourquoi de nombreux quartiers anciens ont été rasés.

Photo 2 : Parking à pousse-pousse.

Photo 4 : Scène de rue.

Photo 5 : Joueurs à l’ombre des arbres.

Photo 6 : Une femme, dont le père a été dans l’armée chinoise, présente sa famille.

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