vendredi 21 novembre 2008

Les Caprices de Marianne : Là où on s’aime, il ne fait jamais nuit…


Lundi et mardi à Jonzac, les Tréteaux de France ont présenté les Caprices de Marianne d’Alfred de Musset. Cette pièce, revisitée avec talent par Marcel Maréchal, rappelle combien il est difficile d’aimer, quelle que soit l’époque !


Sur la place, le langoureux Cœlio, perdu dans son long manteau noir, soupire pour la belle Marianne. Objet de son désir ardent, elle ne fait que passer, ignorant ses élans qui s’évanouissent dans la nuit napolitaine. Altière, elle revient des vêpres, missel à la main. Le pas est sec et cadencé. Le jour, il la guette. La nuit, il pense à elle. Au fil des heures et des songes, elle se transforme en sujet d’obsession. La posséderait-il qu’il l’aimerait moins ? Question.
Marianne est une princesse lointaine mariée à un homme influent. Aux prises avec la jalousie, le magistrat Claudio réalise qu’avoir une jeune et jolie compagne n’est pas de tout repos. Le doute est un aiguillon qui vous pique le cœur !
Amoureux incompris, Cœlio broie du noir. Pour arriver à ses fins, il a chargé son ami Octave, le débauché, d’intervenir en sa faveur. L’idée est heureuse : Marianne est justement sa cousine ! Tiens, la voici. Octave l’aborde et la provoque. D’abord interloquée par tant de hardiesse, elle abandonne peu à peu les remparts de sa condition et quitte ses habits de femme soumise. Son époux, soupçonneux, l’irrite et l’agace. Pire, il la menace...
D’Octave alors elle s’éprend. Lui ne veut pas trahir Cœlio qu’il envoie au premier rendez-vous. Funeste idée, Claudio a organisé un fatal guet-apens. Le soupirant est tué dans les poussières de ce Vésuve sentimental.


Au bout du conte, chacun se retrouve à sa place : Marianne éplorée en son foyer, l’époux de sa vengeance contenté, Octave plein de regrets et Cœlio dans un monde où il n’aura plus à craindre, ni à espérer...
En la revisitant, Marcel Maréchal a donné à cette pièce des moments de fraîcheur qui donnent une certaine légèreté à une bien triste histoire. La dernière phrase d’Octave est d’ailleurs révélatrice : « Je ne vous aime pas, Marianne. C’était Cœlio qui vous aimait ». Ils ne se reverront pas.

Infos en plus

La pièce romantique écrite par Alfred de Musset “Les Caprices de Marianne” est parue en mai 1833 dans La Revue des Deux Mondes. Toutefois, elle ne fut jouée à la Comédie-Française qu’en juin 1851, soit 18 ans plus tard, avec de nombreux changements imposés par la censure. En effet, la pièce était considérée comme moralement reprochable et sa construction avait choqué les puristes de l’époque.
Comme de nombreux auteurs, Musset a connu des hauts et des bas. Lors de la représentation de “La Nuit Vénitienne”, le public vit Mademoiselle Béranger, premier rôle, dans une fâcheuse posture. En effet, elle avait taché sa robe de satin blanc avec de la peinture verte encore fraîche. Le parterre pouffa de rire. Musset en fut dépité. Toutefois, le succès des “Caprices de Marianne” lui fit oublier l’échec de sa “Nuit Vénitienne”...



Photo 1 : Les caprices de Marianne sont une création 2008 du Festival théâtral de Figeac en co-production avec les Conseils Généraux de la Charente Maritime (M. et Mme Belot), de l’Eure et la ville de Figeac.

Photo 2 : Autour de Marcel Maréchal, son fils Mathias, Flore Grimaud, Yannick Debain, Philippe Escande, Hélène Arié...

Photos 3 et 4 : L'ovation du public.

Aucun commentaire: