jeudi 3 décembre 2009

L’eau à Royan :
C’est 14 - 18 !


Le contrat de la CER, prestataire chargé de la distribution de l’eau potable sur Royan arrivant à terme le 31 décembre prochain (après avoir été prorogé d’un an), la municipalité, divisée, n’a toujours pas choisi la société qui lui succédera. L’affaire a déjà fait couler beaucoup d’encre. La création d’une régie municipale est évoquée.


Depuis que la proposition de Véolia, « société la moins et mieux disante » selon les termes du député maire Didier Quentin, a été écartée par une opposition décidée à le mettre en minorité, Royan, “la perle de l’Atlantique“ se trouve dans une drôle de situation : elle doit impérativement trouver une solution afin que l’eau continue à être distribuée dans les foyers.

Cette affaire trouve ses fondements dans le différend qui divise les élus. Les uns souhaitent que la Compagnie des Eaux de Royan, filiale de la SAUR, poursuive cette activité qu’elle assure depuis des lustres ; les autres sont favorables au jeu de la libre concurrence.

Il y a quelques semaines, les résultats de l’appel d’offres, où Véolia est apparue en bonne position, ont entraîné un long débat. En résulta la querelle « des anciens et des modernes », certains élus de droite s’associant à leurs collègues de gauche sur cette question pour contrer le maire. Se sentant désavoué, Didier Quentin, n’avait qu’une issue : recomposer une majorité. Il réorganisa ses troupes, cherchant chez ses colistiers une fidélité que certains semblaient avoir oubliée.

La démarche n’était pas évidente puisque son prédécesseur, l’actuel premier adjoint Henri le Gueut, successeur de Philippe Most, affichait carrément ses différences… et ses préférences pour la CER. Il est vrai que des craintes planaient quant à l’intégration des salariés s’ils changeaient de direction. Cette perspective explique sans doute les réactions, voire les distributions de tracts qui ont eu lieu durant cette période.

Aujourd’hui, Didier Quentin n’a pas encore retrouvé une mer calme à peu agitée, mais les tensions se sont apaisées. En apparence tout au moins ! Les mauvaises langues disent que cette accalmie serait liée aux futures élections régionales. Que l’UMP royannaise, traditionnellement soudée, affiche des fractures ne serait pas du goût des décideurs départementaux…

Une situation urgente et délicate

Jeudi dernier, Didier Quentin a soumis au conseil la question essentielle de l’ordre du jour : autoriser Service Public 2000 (société conseil de l’Association des Maires de France) à analyser les propositions faites par Véolia, la CER et la Lyonnaise des Eaux afin que la municipalité, s’appuyant sur des documents objectifs, puisse boucler le dossier “eau“ dans les meilleurs délais.
Le vote de confiance fut assez difficile à atteindre, mais il y parvint…
Afin de ne pas perdre de temps, ce point figurait en premier. Une bonne idée car il entraîna des échanges fournis, rendant l’atmosphère quelque peu surréaliste.

Sentant le vent venir, Didier Quentin avait réuni préalablement des membres de l’opposition et de la majorité pour rédiger le projet de délibération mandatant Service Public 2000. « Cette société, objective et transparente, analysera de façon impartiale les offres que nous avons reçues et évaluera le coût de fonctionnement d’une régie si nous étions conduits à privilégier cette option » précise-t-il.

Une fois les documents remis, le conseil municipal statuera le 18 décembre prochain. Le temps étant compté (le contrat de la CER arrive à terme le 31 décembre), Didier Quentin a pris les devants en cas d’impasse : il a demandé au TPG de Charente-Maritime l’autorisation de souscrire un avenant d’une année supplémentaire avec le délégataire “sortant“ au cas où…

Le 18 décembre sera donc une date importante : ou Royan poursuivra son chemin avec la CER ; ou une nouveau délégataire sera désigné s’il propose des prix d’exploitation attractifs. S’il est rentable, le passage en régie municipale est une autre éventualité. Il faut se presser car la situation devient embarrassante : l’entreprise la moins disante de l’appel d’offres, Véolia, pourrait saisir le contentieux, qui sait ?

Pourquoi voter ? Service Public 2000 est déjà au travail !


Si la démarche coule de source, il existe une "complexité" soulevée par l’opposition : Service Public 2000 est à l’ouvrage depuis une semaine et se demande, comme l’écrit son responsable, si le conseil acceptera de rémunérer son travail. « Dans ces conditions, pourquoi prendre une délibération puisqu’ils sont déjà à l’œuvre ? » s’interroge l’opposition.
Didier Quentin rétorque qu’il faut prendre ses responsabilités, plus de 153 000 euros s’étant déjà volatilisés dans des études (1)…

Si la Gauche n’est pas hostile à Service Public 2000, elle commente la rémunération que prendra cette société pour effectuer sa mission : « si ça dépasse 20 000 euros, il faut faire appel à la concurrence ». Globalement, elle s’étonne que la charrue ait été mise avant les bœufs : « Que Service Public 2000 agisse sans avoir été sollicité officiellement par le conseil est un manque de respect flagrant à l’égard des conseillers municipaux. Cela dénote aussi une certaine légèreté de la part de cet organisme » lance Michel Merle à Didier Quentin. Et d’ajouter « Certains détails doivent être clarifiés. En l’état actuel de la situation, je ne peux pas accepter cette délibération, vu que vous avez anticipé sur notre décision ».

14-18 !

Didier Quentin renouvelle ses explications : « Le contrat avec la CER s’arrête dans quelques semaines. Je reconnais la garantie d’indépendance et d’impartialité qu’offre Service Public 2000 à qui je n’ai rien confié officiellement. Je vous propose de dresser un bilan le 18 décembre. Le sujet est dans les cartons depuis trois ans, c’est-à-dire depuis 2006 ! Il est grand temps de prendre une décision. En ce qui concerne le délégataire, je n’ai pas d’a priori. Nous prendrons la meilleure formule ».
« Puisque nous nous engageons pour 12 ans, il faut tout de même être prudent » rétorque Jean Bernard Prudencio.

Henri Le Gueut précise sa pensée. « J’ai évolué » dit-il. Une régie lui semble une bonne opportunité en ce sens où le personnel est sûr de retrouver son emploi. Il souhaiterait que l’affermage soit rejeté avec mandat au maire de négocier un avenant : « on aurait alors un consensus au conseil ».
Attentif, Didier Quentin ne bouge pas le sourcil : il attend les conclusions de Service Public 2000. « Je regrette votre position » glisse Henri Le Gueut.

Le vote à bulletins secrets étant souhaité, la signature du marché avec l’association Service Public 2000 en vue de réexaminer les offres de gestion du service d’eau potable de Royan est adoptée par 18 voix, 14 contre et une abstention.



Didier Quentin retrouve donc une majorité. Il était temps que le conseil se jette à l’eau, sinon que seraient devenus les Royannais le 1er janvier 2010 ?

1 - En ce qui concerne le gaspillage de l’argent public, il faudrait sans doute se pencher davantage sur les prix pratiqués par les cabinets d’études qui facturent des sommes colossales aux collectivités par rapport aux missions qui leur sont confiées.

Photos (Nicole Bertin) : Séance de conseil municipal et vote

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