dimanche 16 mai 2010

Royan : Qui veut la peau
de Didier Quentin ?


De nouvelles élections municipales auront lieu à Royan le 6 juin prochain. L'UMP y est divisée...

« Royan n’est pas une ville comme les autres » assurent les fins limiers de la politique charentaise maritime. « Déjà, du temps de Max Brusset, la vie n’y était pas un long fleuve tranquille et certains se souviennent que Jean Noël de Lipkowski avait découvert une bombe placée dans son jardin » souligne un contemporain de ces aventures qui n’arrivent, du moins dans le département, que sur la côte. Ville ouverte, la renommée de Royan aurait commencé dans les années 1950 avec l’arrivée de Jo Attia, venu s’y mettre au vert et surtout de son gendre, Jean Fouillat. Le milieu aurait donc enfilé la perle de l’Atlantique depuis belle lurette !
Dans son dernier ouvrage, François Richet dresse un état objectif de la situation, laissant la parole à un “acteur privilégié“, le commissaire Cussac : « je suis arrivé dans la région en juin 1984. À peine installé, on m’a parlé de Royan ville ouverte. Il m’a bien fallu six à huit mois pour m’acclimater en regardant où je mettais les pieds ».
À cette époque, la presse n’a aucun mal à décrocher des affaires musclées qui font grimper ses tirages. Il lui suffit quasiment de se baisser pour les ramasser ! Arrestation du gendre de Jo Atia, meurtre de Mario Melchiori, de Joseph Allouch (un proche de Guérini), night clubs qui disparaissent en fumée, petits cercueils envoyés aux ennemis (une pratique sicilienne), voitures abîmées et pressions diverses sur les personnes gênantes…

Derrière la plage ensoleillée, la bronzette et les jolies gambettes, évolue un monde sans complaisance qui gravite autour des jeux, des boîtes et de la spéculation. Tout le monde le sait !
Fort heureusement, les années ont passé et les choses sont rentrées peu à peu dans l’ordre. Depuis plusieurs décades, la ville est calme, du moins en apparence. Cependant une question reste en suspens.
Comment les municipalités successives ont-elles perçu et vécu cet environnement particulier et qu’en reste-t-il aujourd’hui ?

Henri Le Gueut : « Quand on fait l’union, on prend l’actif et le passif »…

Être maire d’une ville qui comporte des coutumes et usages serait-il un poste à risques ? Nous n’irons pas jusqu’à écrire qu’il faut sortir couvert, une hérésie dans une station où la tenue serait plutôt le maillot de bain ! Toutefois, une évidence s’impose sur la scène municipale actuelle : tant que Didier Quentin s’est cantonné à occuper son rôle de député, il a évolué librement. Paris et l’Assemblée Nationale sont éloignés !
Le climat s’est détérioré quand il est devenu maire de Royan en 2008, à la suite d’un accord conclu avec des élus de l’ancienne équipe. Accord rappelé par Henri le Gueut, son premier adjoint, un soir d’orage verbal en octobre 2009.
Il était alors question de désigner le nouveau délégataire du service d’eau potable et le choix de Véolia, société la mieux disante de l’appel d’offres, suscitait des levées de bouclier. Les conseillers municipaux se chamaillaient au sein même de la majorité, tensions qui profitaient bien évidemment à l’opposition socialiste.

Aux côtés du député maire Didier Quentin, son premier adjoint Henri le Gueut

Lors de ce déballage automnal - où la présence de l’ancien maire RPR Philippe Most se devinait en filigrane - Henri le Gueut fit une sortie mémorable. S’adressant à Didier Quentin, et devant un parterre attentif, il lui tint à peu près ce langage : « Monsieur le député maire, vous avez été content de me trouver. Si vous êtes député, reconnaissez que votre premier adjoint vous l’a permis. Rappelez-vous ce repas à Paris au restaurant la Cagouille. Vous dites que je suis un traître, que je suis déloyal, mais à cette époque, nous nous entendions bien. Ce n’est pas à 76 ans que je vais devenir un traître. J’ai toujours défendu la cause des citoyens qui ont voté pour moi. Aux dernières municipales, j’étais pour une liste d’union. Quand nous nous sommes retrouvés avec Dominique Bussereau, toujours à Paris, j’ai approuvé quand vous avez dit que vous vouliez être maire de Royan. Quand on fait l’union, on prend l’actif et le passif. J’ai eu confiance en vous. Aujourd’hui, vous avez une attitude surprenante : vous retirez des délégations et qu’avez-vous fait de l’argent que la précédente mairie vous a laissé ? Je comptais rester sage dans mon coin, mais quand je suis attaqué, je réponds ».


La hache de guerre était apparemment déterrée, mais il manquait (et il manque toujours) aux observateurs des éléments importants pour une meilleure compréhension.

Cette confidence publique, acerbe et désabusée, ne pouvait qu’affaiblir, voire détériorer l’autorité de Didier Quentin. On a rarement vu une majorité s’opposer aussi vivement à son premier magistrat, lui cherchant querelle en moult domaines. Dans un premier temps, il s’agissait peut-être d’une intimidation visant à ramener Didier Quentin dans le “chemin“ tracé par les anciens. Malheureusement, le climat n’a fait qu’empirer au fil des mois.

Avec le rejet récent du budget primitif par 16 voix contre 16 lors d’un vote à bulletins secrets, Didier Quentin, sans marge de manœuvre, n’avait qu’une solution : provoquer de nouvelles élections ! Onze conseillers de la majorité (un tiers) ont donc donné leur démission.
La date du scrutin a été fixée au 6 juin. Une journée chaude assurément car plusieurs listes sont en lice et les longs couteaux sont tirés.

Explications

Dans une lettre ouverte adressée aux Royannais, Didier Quentin rappelle que très vite après son élection à la mairie, une fracture est apparue avec Henri le Geut « qui s’imaginait que je ne serais pas souvent présent, retenu par mes obligations parlementaires ». Or, l’élu estime être « un maire à plein temps », ne faisant aucune obstruction quant à son numéro de portable. Un passage retient l’attention : « plusieurs adjoints, conseillers, et moi-même avons découvert que s’était constitué un véritable système bien souvent à la limite des règles légales. S’y ajoutait une situation financière moins brillante que ce qui nous avait été annoncé ».

Didier Quentin a pris le taureau par les cornes en opérant des économies et en mutant le directeur général des services « dont la rémunération aurait dépassé certains mois le salaire des plus hauts fonctionnaires de l’État »… En bousculant l’ordre établi, il serait alors devenu « l’homme à abattre, chassé par une coalition hétéroclite mêlant partisans de l’ancien maire, jaloux de leurs avantages perdus, et des opposants vaincus des élections de mars 2008 ».
Cette opposition n’a pas empêché Royan de gagner des combats décisifs dont l’abandon du port méthanier du Verdon, le maintien du Smur au CH, la baisse du prix de l’eau avec Véolia. Le budget 2010 devait permettre de concrétiser des projets valorisants : « il s’agissait d’un budget rigoureux, sérieux et même vertueux, sans aucune hausse d’impôt et qui avait tenu compte des observations faites par les conseillers ».

Didier Quentin, qui n’a pas démissionné, attend beaucoup de la nouvelle élection. Les Royannais auront le dernier mot. Reste à savoir lequel.

Une partie du conseil municipal


L'info en plus

• Qui tire les ficelles ?

Les relations entre Didier Quentin, 63 ans, et Henri le Gueut, 76 ans, bras droit de l'ancien maire de Royan Philippe Most (démissionnaire pour raisons de santé) sont opaques. Henri Le Gueut est d'ailleurs le prédécesseur de Didier Quentin puisqu'il a succédé à Philippe Most au poste de maire quand ce dernier s'est retiré en 2006. En mars 2008, l'arrivée d'un nouveau chef de file aurait-elle bouleversé les habitudes ? Par ailleurs, existerait-il encore un contentieux entre les partisans de Jean Noël de Lipkowski, aujourd'hui décédé, et Didier Quentin qui l'a battu aux Législatives de 1997 ? Plus vraisemblable, Philippe Most chercherait-il à reprendre la main ?

• Dimanche 6 juin :

Les élections municipales partielles de Royan se dérouleront le dimanche 6 juin pour le premier tour et s'il est nécessaire, un second tour de scrutin aura lieu dimanche 13 juin 2010.
Les bureaux de vote seront ouverts de 8 h à 18 h.


• Les Bizarreries de Royan

Il existe en France une liste de villes qui sont fermées aux personnes ayant été condamnées par la justice parce que s'y trouvent des casinos et des boîtes de nuit. Elles ne peuvent donc pas y résider. Bien que possédant, dans la seconde moitié du XXe siècle, deux casinos et plusieurs boîtes de nuit, Royan est restée ville ouverte. Ce qui explique pourquoi Jo Atia et ses acolytes s'y sont installés.


• L'affaire est dans le SAC ?

Michel Servit, conseiller général de Royan

Dans le livre de François Richet "Souvenirs de Royan" paru aux éditions du Trier Têtu, Michel Servit, conseiller général, apporte son témoignage : « Royan n'était pas spécialement ouverte aux truands, pas plus que n'importe quelle ville française. Ils étaient là, c'est un fait, mais je n'ai pas vu personnellement de relations entre eux et Jean Noël de Lipkowski. À la même époque, des membres du SAC étaient présents à Royan, c'est incontestable. Y avait-il des truands parmi les membres du SAC ou le SAC était-il mené par des truands, je l'ignore. Ce que je sais, c'est qu'un jour, étant secrétaire de circonscription du RPR, des gens apparemment du SAC sont venus réclamer mon aide pour le collage d'affiches. J'ai alors demandé un rendez-vous à leur responsable départemental pour lui dire ceci : je ne travaillerai avec vous que lorsque vous n'aurez que des casiers judiciaires vierges dans vos rangs. Nos relations se sont arrêtées là et j'ai ensuite été très mal vu ».

SAC : Le Service d'action civique (SAC) a été de 1960 à 1981 une association loi 1901 au service du général de Gaulle, puis de ses successeurs gaullistes, souvent qualifiée de police parallèle.

3 commentaires:

Unknown a dit…

Bravo, Nicole, vous avez bien saisi la moelle du problème. Deux droites s'affrontent à Royan. Reste à savoir laquelle l'emportera...
Puis-je vous suggérer d'éviter l'abominable "décade" pour "période de dix ans" ? Nous avons "décennie". laissons la "décade" aux anglo-saxons et gardons-lui son sens français de "période de dix jours"..

Anonyme a dit…

Jo Attia ( avec deux T) n’a jamais résidé à Royan, s’il y a séjourné deux jours dans toute sa vie c’est le grand maximum et c’était juste pour aller jouer au casino qui était à l’époque réputé, car c’était un joueur.
A ce compte là on peut dire qu’il à résidé dans beaucoup d’endroit si il suffit de passer une nuit dans la chambre d’hôtel d’une ville pour qu’on vous y accole l’étiquette de résident.
Renseignez-vous plutôt que de ne vous référez qu’aux rumeurs.

Anonyme a dit…

c est vrai le grand jo n a jamais habité a royan.Par contre sa fille Nicole et jeanot fouillat avaient un duplex derriere la gare?