mardi 9 juillet 2013

Du musée Safran à l'usine
Hispano-Suiza de Jonzac


Projection au cinéma Familia de Jonzac 

Jeudi dernier, à l'initiative de l'aéroclub et de la ville de Jonzac, le cinéma le Familia accueillait la projection du film réalisé par Jean-Luc Blanchet "moteurs au cœur". Un hommage au musée Safran…

Quand on est Saintongeais, on ne connait pas forcément le musée Safran sis à Villaroche, près de Melun en Seine-et-Marne. Désormais, grâce au film détaillé réalisé par Jean-Luc Blanchet, ce lieu a livré ses secrets.
L'initiative de cette projection, qui avait lieu au Familia jeudi dernier, nous la devons à la ville de Jonzac et au nouvel aéroclub que préside Pascal Roth. « Dans ce documentaire, nous avons mis en scène des passionnés d'aviation dont plusieurs ont construit des moteurs d'avions » souligne Jean-Paul Soriano, producteur. Retraités, ils disposent de temps libre et se donnent volontiers rendez-vous au musée où ils unissent leurs talents pour rénover des appareils d'un autre temps, souvent en mauvais état. Rappelons que l'ingénieur Louis Seguin a été l'inventeur du moteur rotatif. Il est devenu en "étoile" avant que les réacteurs ne fassent leur apparition.

L'équipe de tournage aux côtés de M. et Mme Belot et de Pascal Roth, président de l'aéroclub de Jonzac en Haute Saintonge
Comment Jean-Luc Blanchet a-t-il eu l'idée de travailler sur ce thème ? « Je suis un ami de longue date d'Alberic de Palmaert, journaliste et écrivain dont les deux sujets favoris sont les religions et l'aéronautique. A l'occasion d'un travail sur Louis Blériot, il est entré en contact avec les responsables du musée Safran. Je m'y suis intéressé à mon tour. Un musée, par tradition, c'est un peu figé. Or, en poussant le rideau qui masque une porte, je suis entré dans l'univers de l'association des amis du musée. Ce sont eux qui apparaissent à l'écran. J'ai éprouvé un véritable plaisir à faire ce film ».


Le musée aéronautique et spatial Safran est riche d’une collection unique de plus de cents moteurs d’avions, réacteurs de fusées, turbines d’hélicoptères ainsi que de nombreuses maquettes. Créé en 1985 et installé dans un hangar d’hydravions datant des années 1930, ce lieu permet de vivre la prodigieuse aventure humaine et technologique qu’est l’aéronautique depuis ses débuts jusqu’à nos jours au fil d’un parcours chronologique. « Découvrir un drone, admirer un authentique Mirage, lancer un moteur au banc d’essai, observer un étage du lanceur Ariane, le visiteur parcourt une exposition interactive où aéronefs et moteurs grandeur nature côtoient maquettes didactiques et audiovisuels pédagogiques » explique l'un des retraités. Pour rien au monde, il ne raccrocherait ses outils !
Ces amateurs d'aéronautique méritaient bien un éclairage particulier ! Le témoignage est assurément émouvant : les gros plans sur les gestes précis qu'ils accomplissent démontrent combien leur dextérité est grande. « Tous ont travaillé sur des projets extraordinaires comme le Concorde. Ce que j'aime, c'est faire des portraits, montrer le côté humain des engagements » confie Jean-Luc Blanchet.

Jean-Luc Blanchet, Bruno Debord, musicien et Antoine, projectionniste au cinéma le Familia
Une usine Hispano-Suiza aux carrières d'Heurtebise 

Claude Belot, sénateur maire de Jonzac, évoqua des souvenirs d'enfance quand Jonzac abritait entre ses murs une usine Hispano-Suiza aux carrières d'Heurtebise. Ces moteurs entraient dans la fabrication des Dewoitine.
Pour ceux qui ignoreraient ce qu'est le Dewoitine 520, il s'agit d'un avion de chasse de la Seconde Guerre mondiale. Il était réputé comme étant le meilleur que la France ait pu aligner contre l'Allemagne lors de la bataille de France. Conçu à partir de 1936 par Emile Dewoitine, il était capable d'atteindre 520 km/h. Le D.520 de série, dont le premier exemplaire fut produit fin 1939, était équipé d'un moteur Hispano-Suiza de 935 chevaux et armé de 4 mitrailleuses dans les ailes, approvisionnées à 675 coups et d'un canon de 20 mm avec 60 coups tirant à travers l'axe d'hélice. Bref, mieux valait ne pas se trouver à côté !
Opérationnel à partir de mai 1940, il équipa le premier groupe de chasse FFI, sous le commandement de Marcel Doret, pour effectuer des missions sur la région de Bordeaux et la Poche de Royan. Raconter cette histoire, c'est entrer de plain pied dans l'occupation des carrières d'Heurtebise qui abritent aujourd'hui la station thermale de Jonzac.


L'historien James Pitaud, qui animera prochainement une conférence à l'Université d'été, en cite les différents occupants. Passons sur l'habitat préhistorique et l'extraction de la pierre au Moyen Age. Plus près de nous, ces terrains furent réquisitionnés par l'Armée en 1939 pour y installer une usine Hispano-Suiza. En effet, les militaires recherchaient un site plus discret que Paban (Saintes) pour y poursuivre leurs activités. « Pendant tout l'hiver 39, les Jonzacais ont été les témoins des essais des moteurs. C'était plutôt bruyant » souligne James Pitaud.
Parmi les gardes, des rescapés du conflit 14-18, se trouvait un certain Adrien Picq. Problème pour lui et ses compagnons, quand les Allemands arrivèrent en juin 40, ils furent faits prisonniers. Les troupes ennemies sont restées jusqu'en 1943 dans ce lieu où ils installèrent un important dépôt de munitions que Pierre Ruibet, aidé par Claude Gatineau et un réseau de résistants, parvint à faire sauter. Par la suite, les carrières redevinrent propriété du ministère de la Défense (on y trouva des champignonnières et même une distillerie) avant que Claude Belot ne s'intéresse à elles. Le site est aujourd'hui dédié à la santé via l'eau curative jonzacaise. Une sacrée reconversion !
L'endroit aurait échappé à un funeste destin : les Américains auraient envisagé d'y entreposer des bombes atomiques, dit-on. « C'était peut-être de la désinformation du Parti communiste » remarque James Pitaud. L'affaire, publiée dans La Petite Gironde (ancêtre de Sud-Ouest), se déroulait dans les années 1950…

• Les activités de Safran, centrées sur les secteurs stratégiques de l’aérospatiale, de la défense et de la sécurité, sont regroupées en trois grands métiers : Propulsion aéronautique et spatiale, équipements aéronautiques, défense et sécurité. Les pièces historiques de cette collection unique ont été restaurées avec passion par des amateurs d’aéronautique, souvent salariés ou retraités du Groupe, regroupés au sein de l’Association des Amis du Musée Safran.

• Les projets de West Océan Production (société qui gravite entre Paris et la Saintonge) : Jean -Luc Blanchet et le producteur Jean-Paul Soriano travaillent actuellement à l'adaptation d'un roman "Des ricochets dans les étoiles" dont des scènes sont tournées sur Royan, Saint-Palais sur Mer, La Tremblade et Jonzac. Il s'agit d'une comédie policière un peu déjantée. En chantier également, un film sur un atelier de théâtre qu'animent des personnes handicapées.

• A noter l'agréable musique accompagnant le film "Moteurs au cœur". Elle a été composée par Bruno Debord dont les accents rappellent ceux de Django Reinhardt. Sa musique est libre comme les nuages, elle jaillit des guitares er nous entraîne joyeusement dans une balade sans frontières.

Le verre de l'amitié en présence de pilotes dont Alain Perrier

Aucun commentaire: