dimanche 29 septembre 2013

Serge Adrover :
sa passion pour l’arbalète !


Il n’y a pas si longtemps, Serge Adrover et sa compagne Halima Ghériballah ont frappé monnaie au Moulin de chez Bret. Les activités de ces faux-monnayeurs ont réjoui le public qui est reparti avec des pièces d’un autre temps, sans avoir à craindre le courroux de la maréchaussée. 

Le couple, qui vit à Neuvicq le château, commune célèbre pour son castel ayant appartenu au marquis de Montespan, s’est spécialisé dans la reconstitution historique. D’ailleurs, leurs habits parlent d’eux-mêmes : Serge porte une cotte de mailles et Halima une longue robe que réchauffe une fourrure. Pas étonnant qu'il fasse japper les chiens quand il déambule dans les rues de son village !


Dimanche, la ville de Jonzac les avait invités dans le cadre des journées du patrimoine. L’histoire, ils la font revivre à travers le Moyen Âge, quand Aliénor d’Aquitaine, par son mariage avec Henri II Plantagenêt, régnait en divine souveraine sur la façade ouest de la France. À cette époque, comme le souligne Marc Sequin, président des Archives historiques de l’Aunis et de la Saintonge, le château de Jonzac ne se trouvait pas encore sur son promontoire rocheux, mais le long de l’actuel « chemin de ronde ». Il en reste quelques vestiges chez des particuliers dont une base de tour et des corbeaux (supports de pierre), bien visibles sur une façade.

Serge Adrover est arbalétrier et graveur de monnaies anciennes (antiquité et période médiévale)
L’arbalète est chinoise ! 

Dans le jardin de la sous-préfecture ouvert exceptionnellement, Serge Adrover s’est livré à sa passion : l’arbalète ! Cette arbalète posa problème aux soldats français lors de la fameuse défaite d’Azincourt en 1415 : « leurs cordes étaient trop humides et donc hors de fonctionnement. De plus, les arbalétriers étaient mal placés pour tirer » remarquent les spécialistes.
 En véritable pédagogue, Serge Adrover a expliqué au public comment fonctionnait cette arme qui soulève des interrogations tant par sa forme que son usage. Coiffé de son camail et habillé d’une broigne de cuir et d’une paire de cuissots avec grèves, il était en tenue de combat ! Après des années de recherche, il se plaît toujours à répondre aux questions derrière son pas de tir de huit mètres où il initie petits et grands au maniement de cet engin. « Le mot français « arbalète » vient de arcubalista, ‘‘arc’’ plus ‘‘baliste’’, démontrant ainsi que l’arbalète est moins ancienne que l’arc. Elle était utilisée en Chine dès 1500 av. J.C » déclare-t-il.


 Il en existe une forme particulière qui n’a jamais été reproduite, la fameuse arbalète à répétitions que l’on doit à Zhuge Liang au IIIe siècle après J.-C. « Il est dans mes futurs projets de mettre au point cette arbalète exceptionnelle dont la caractéristique est de permettre le tir de 10 traits en quinze secondes, prouesse qui hisse l’arbalète au rang de l’arc en matière de cadence de tir et même le dépasse. Ce système à répétition intégrait un mécanisme d’armement qui ne permettait pas un tir de plus de 80 mètres ». Les pointes étant enduites de poison, la victime avait peu de chances de survivre (sans compter la septicémie)…

Un public intéressé par cette arme particulière !
Les modèles ont été nombreux, chaque siècle apportant des améliorations rendant cette arme encore plus redoutable. Si le cœur vous en dit, Serge Adrover peut construire votre propre arbalète. Original comme ornement ! Sa clientèle se compose de troupes médiévales et de musées européens. Des passionnés le sollicitent pour des restaurations et des fabrications, sur mesure ou sur plans. « Je forge dans mon four en argile toutes les pièces de l’arbalète et les mécanismes d’armement, le cric, la moufle et le pied-de-biche ainsi que les différents carreaux ».
La suite, vous pouvez la découvrir dans son atelier de Neuvicq le Château, son heaume, sweet heaume ! Il y a même un sous-marin, mais ça, c’est un autre sujet…

La compagne de Serge Adrover, Halima, s’est transformée en conteuse. 
Elle a expliqué l’origine des expressions « mots d’outre-temps ».
 Visite du château de Jonzac par les hôtesses de l'office de tourisme

Présentation des familles qui ont occupé le château de Jonzac, dont les Sainte-Maure
Et pendant ce temps-là, les hôtesses de l’office de tourisme, en costume, faisaient visiter le château des Comtes de Sainte-Maure. Samedi soir, la découverte nocturne de la ville, qui devait comporter deux éditions, a été réduite à une seule, le temps n’étant pas de la partie. Les animations de la rue de Champagnac (joyeux lutins et gentes dames) ont été déplacées dans le château en raison des intempéries. Un instant musical était proposé en l’église Saint-Gervais.

Les journées du patrimoine attirent toujours un nombreux public

Il est dommage que la journée de samedi ait été aussi pluvieuse, gâchant les rendez-vous organisés à l’extérieur dont le bal des cerfs-volants du organisés par la société Kosmodul’air au Moulin du Cluzelet, sur les hauteurs de Jonzac. Menacés par les ondées, ils avaient l’air tout tristounets. Le toboggan médiéval a tout de même fait son effet…



Dommage que le temps ait été aussi maussade !
Frédéric, le meunier du Cluzelet

Photos Nicole Bertin

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