samedi 26 octobre 2013

Jonzac :
Gaétan Le Lay tue son père et blesse grièvement sa mère


La ville de Jonzac sous le choc

Vendredi soir. Le centre culturel de Montendre accueille l’assemblée générale de la Lyre montendraise que dirige Hervé Sardin. L’ambiance y est sympathique. Tout le monde se connaît. Les membres de l’association, dont une majorité de musiciens, se sont réunis autour du président Jean-François Viaud et du secrétaire Alain Le Lay. Ce soir, son épouse Chantal ne l’accompagne pas. Gaétan, l’aîné de leurs trois enfants, est en week-end à Jonzac et elle veut profiter de sa présence. Alain Le Lay est comme à l’habitude, agréable, avenant. « Un homme loyal » selon l’avis de tous. Il y a une quinzaine d’années qu’il a rejoint la Lyre. On le voit à chaque manifestation ou presque, dont les cérémonies du 14 juillet où l’orchestre a pour coutume de se produire. Chantal et Alain le Lay sont retraités, lui de la DDE, elle de la Poste. Ils sont donc disponibles.
En général, la réunion est suivie d’un dîner. « Alain Le Lay a dit qu’il rentrait pour rejoindre sa famille. Il est parti, nous n’avons pas fait de cas » se souvient Christophe Baraud, l'un des vice-présidents. « Le lendemain, quand la nouvelle de son décès a été connue, nous avons pensé qu’il avait succombé à un problème de santé, car il avait fait un malaise vagal alors qu’il était parmi nous, voici quelques années. Nous étions consternés. Nous l’avons été encore plus quand nous avons appris les circonstances exactes de sa mort. »
En effet, personne ne pouvait imaginer que la famille Le Lay, domiciliée à Jonzac au lieu-dit les Grands Champs, non loin du village de chez Piaud, ferait un jour la une des médias pour une si tragique affaire. Nul n’est à l’abri. Il suffit d’un malheureux hasard de circonstances pour qu’arrive le cauchemar. Imprévisible, froid comme la lame d’un couperet. La goutte d’eau qui fait déborder le vase.

la maison du drame à Jonzac
Gaétan se déchaîne sur ses parents

En effet, vers 1h 30 du matin, un drame épouvantable s’est produit au domicile des Le Lay. Pour une raison encore inexpliquée, Gaétan, qui s’est saisi d’un hachoir de cuisine, les frappe violemment pendant leur sommeil à la tête et aux bras.
Réalise-t-il le geste qu’il vient de commettre ? Toujours est-il qu’il appelle les pompiers pour leur dire qu’il vient de commettre l’irréparable. La première équipe de secours arrive, suivie d’une seconde. Le jeune homme attend sur une chaise de jardin, une plaie à la main. Deux ambulances sont sur les lieux en quelques minutes. La scène est affreuse, il y a du sang partout. Selon une source proche de l’enquête, « l’agression a été d’une rare violence ». Vivantes, mais dans un état critique, les victimes sont secourues par le SMUR, puis transportées à l’hôpital de Jonzac. Quelques heures plus tard, Alain Le Lay succombe à ses blessures, tandis que son épouse est transportée vers le centre hispotalier de Saintes, puis à Poitiers.
Gaétan n’oppose aucune résistance. Il est emmené par la gendarmerie de Jonzac et placé en garde à vue. Il explique son geste insensé par un « malaise » et « le sentiment de haine et d’injustice ressenti à l’égard de ses parents ». Mis en examen pour « assassinat sur ascendant » et « tentative d’assassinat sur ascendant », il est placé en détention provisoire et bénéficie de la présomption d’innocence.
Martine Pétreault, vice-procureur au tribunal de grande instance de La Rochelle, estime qu’il faut laisser le temps aux enquêteurs de la brigade de recherches d’avancer.
Ce sont les experts qui détermineront s’il faut parler de troubles psychologiques ou de schizophrénie. Tout en sachant, comme le précise le Dr Benayoun, psychiatre à Jonzac, « qu’aucune maladie mentale ne provoque un tel déferlement de brutalité. Par contre, des substances le peuvent, médicaments, alcool, drogue. »  

Il venait de démissionner

Qu’est-ce qui fait sauter les verrous de l’éducation ? Seuls les spécialistes de la question, psychiatres, psychanalystes, peuvent trouver la réponse. L’âme est un labyrinthe. Quand Alain Le Lay est rentré chez lui, a-t-il eu une conversation avec Gaétan ? Peut-être ou peut-être pas. Le ton serait-il monté ? Un ressentiment a-t-il pu en découler ?
Gaétan a grandi à Jonzac où il a fait sa scolarité dans les établissements de la ville. Il a poursuivi ses études à La Rochelle, puis à l’université de Poitiers. Depuis sept ans, il travaillait à La Rochelle, dans un magasin Afflelou, et se rendait peu dans la capitale de la Haute-Saintonge. Il s’était largement investi dans une structure qui enseignait la danse, le tango en particulier.
La semaine dernière, tout aurait basculé. Vendredi matin, Gaétan a rendu les clés et le portable de l’association à Gwenaël Geneau, un membre de Toca Tango. Venant de démissionner, il n’en avait plus besoin. Gaétan était énervé et sa mère, présente, ne savait pas comment l’apaiser. « En ce moment, il a des problèmes » avait-elle dit. Comme toutes les mères, elle sentait bien que quelque chose n’allait pas. Il s’était passé quelque chose, mais quoi ? L’emmener à Jonzac calmerait sans doute la situation. Gaétan était suivi médicalement et jusque-là, aucun signe ne laissait supposer l’acharnement dont il allait faire preuve sur ses parents.

Alain le Lay avait travaillé pour la DDE.
Il appartenait à la Lyre montendraise
Une immense tristesse

Le corps d’Alain Le Lay a été autopsié lundi après-midi à l’institut médical légal de Poitiers et il sera rendu à sa famille dès que les enquêteurs le permettront. Chantal Le Lay, quant à elle, se remet doucement de ses blessures et ses jours ne sont plus en danger.
La tristesse est grande dans la ville de Jonzac qui reste sous le choc. D’origine bretonne, Alain Le Lay y était bien connu. Il a longtemps travaillé à la DDE aux côtés de Gilles Boutin, avant de poursuivre ses activités à Saintes. Passionné de musique, il jouait du saxophone, une passion qu’il partageait avec son épouse. Appréciée, la famille Le Lay n’a jamais fait parler d’elle si ce n’est en bien. Leurs voisins sont les premiers à saluer leur gentillesse et leur prévenance. Dans la région de Saintes, de nombreux maires, qui connaissaient bien Alain le Lay pour avoir travaillé avec lui, sont consternés et adressent des messages de soutien à sa famille. « C’était un homme de très bonne rencontre, très impliqué dans la vie associative. Nous ne comprenons pas, c’est une affaire incompréhensible » déclare Claude Belot, sénateur maire de Jonzac. Saura-t-on jamais pourquoi Gaétan, qui comptait de nombreux amis d’enfance à Jonzac, a commis un tel acte et brisé l’espérance des siens ?

Chantal Le Lay, musicienne dans l'orchestre
de la Lyre montendraise également
Cette affaire n’est pas sans rappeler un autre drame qui s’est déroulé en novembre 2004 à la résidence Daniel. Pris d’un coup de folie, un homme avait tué sa fillette et tranché la gorge de sa femme. La malheureuse était parvenue à s’enfuir en sautant du balcon. Bien qu’ayant la jambe cassée, elle avait trouvé refuge chez une voisine qui l’avait sauvée d’une mort certaine en lui prodiguant des soins avant l’arrivée des secours.

vendredi 25 octobre 2013

LGV Tours - Bordeaux :
Dominique Bussereau accuse
le Gouvernement de manquer
à sa parole


Il l'avait déjà annoncé en juillet. Dominique Bussereau envisage de suspendre la contribution financière de la Charente-Maritime à la réalisation de la LGV Tours-Bordeaux. Pourquoi ? Il reproche à l'Etat de ne pas tenir sa parole en reportant la réalisation de la LGV Bordeaux-Hendaye qui faisait partie du "package". La Gauche s'interroge… 

La session ouverte par Dominique Bussereau
Dans la série "dites-nous que tout va mal", la France a une longueur d'avance. ll y a déjà plusieurs années qu'elle cultive ce mal-être qui la fait douter d'elle-même et de ses capacités. Réunis en session lundi matin à La Rochelle, les conseillers généraux n'échappent pas à la grisaille ambiante. Même s'ils ont plutôt bonne mine.
Pourquoi ce sentiment ? Les périodes fastes du Département sont derrière lui et les 10% de hausse qu'il a infligés aux contribuables sur les dernières impositions ont du mal à passer. Pourtant, il devrait y avoir des "rentrées" financières supplémentaires. La nouvelle en a été faite lors de l'Association des Départements de France à Lille. En effet, l'Etat va transférer aux départements les frais de gestion perçus sur la taxe foncière. Dans la foulée, les droits de mutation vont passer de 3,80% à 4,50%. Soit un total de quelque 800 millions d'euros.
Ce "bonus" de 20 millions (s'il n'y a pas péréquation) pour la Charente-Maritime sera-t-il suffisant pour faire face aux dépenses dont l'augmentation du RSA, celle des salaires des fonctionnaires de catégorie C et autres charges alors que les dotations de l'Etat seront moindres (- 7,9 millions d'euros). S'y ajoutent des difficultés de versement concernant la taxe d'aménagement (qui sont à l'origine des difficultés du CAUE, Conseil d'architecture, d'urbanisme et de l'environnement) et des lenteurs dans les compensations versées par l'Etat pour l'Apa, le handicap, etc.
« L'Etat n'est plus en mesure de nous garantir nos ressources. Nous sommes dans une situation difficile. Ce qui est choquant, c'est que l'argent encaissé par l'Etat pour notre compte n'est pas reversé. Je vous propose de maîtriser les dépenses de fonctionnement et de ne pas augmenter le taux de fiscalité directe » déclare Dominique Bussereau. Appel sera fait à l'emprunt à des taux avantageux, sur 30 ou 40 ans. « Cet argent nous permettra de réaliser différents travaux, lutte contre les inondations, rénovation des bâtiments de l'IUFM, centre de Boyarville, équipement numérique, logements sociaux ». Les routes nationales, quant à elles, ne bénéficieront pas « d'une enveloppe géniale ».

  
Un package de mécontentement 

A ce constat, s'ajoute le dossier de la LGV où Dominique Bussereau a décidé de ne pas se laisser faire. Explications : « C'est le plus grand chantier d'Europe, un dossier auquel nous sommes attachés. La ligne à grande vitesse Tours/Bordeaux va désenclaver les régions Nord et Sud tout en offrant des opportunités comme une base de maintenance à Clérac où seront regroupés techniciens et ingénieurs» souligne le président. L'affaire a été conclue de la façon suivante : 4 milliards sont à la charge des collectivités et de l'Etat, les 4 autres sont financés par Vinci. Dominique Bussereau s'est rendu auprès de différentes collectivités pour solliciter leurs aides. S'il s'est pris « un vent très fort » à Poitiers chez son amie Ségolène, des élus tels que Jean-Pierre Taillieu, Maxime Bono ou Bernard Grasset ont été réceptifs. S'enhardissant, le président est allé porter la bonne parole en Haute Vienne, Limousin, Lot et Garonne jusqu'au Pays Basque et la région Midi Pyrénées : « Globalement, tous ont compris que cette ligne était importante pour le désenclavent des territoires ». Or, Dominique Bussereau n'a pas tardé à désenchanter : « la ligne Poitiers/Limoges est passée à la trappe, le Bordeaux/Toulouse se fera à l'horizon 2025 et que dire du Bordeaux/frontière espagnole ? Il reste également l'électrification du Val de Charente Angoulême/Cognac/Saintes/Saujon/Cognac. « Le projet d'ensemble sur lequel nous étions tombés d'accord n'est plus le même. Il y a non respect de la parole de l'Etat. C'est la mort dans l'âme que je constate ce coup de canif. Afin d'établir un rapport de force, nous allons donc suspendre nos paiements pour la LGV jusqu'à nouvel ordre ». Il reste encore 20 millions à verser.

« Vous ne pouvez pas changer les règles du jeu » 

Cette annonce provoqua des réactions. En effet, Dominique Bussereau, qui a été ministre des transports, n'a pas pour coutume d'arrêter le train au milieu de la campagne. Même si Tintin, s'arrêtant en gare de Jonzac, part à la conquête de l'Ile Negue !
Mickaël Vallet, porte-parole de l'opposition, ouvre le ban : « Je prends une leçon à chaque session. Votre manière de présenter les projets, de les monter en épingle, de faire du battage médiatique, d'accuser l'Etat de tous les maux, votre "fantasme" d'opposer la ville à la campagne. Nous assistons à un festival de la mauvaise foi sous maîtrise d'ouvrage du Département ». Et d'ajouter « si les impôts locaux augmentent encore l'année prochaine, ce sera sûrement la faute de l'Etat ? Dans l'affaire de la LGV, vous nous avez sensibilisés et nous vous avons suivi. Maintenant, nous nous demandez de nous désengager. Vous avez oublié de dire que le Premier Ministre a tenu à mettre un terme à l'incohérence du schéma ferroviaire. Et pourquoi avoir quitté l'Assemblée des Départements de France alors que le Gouvernement vous annonçait des aides ? ». 

Mickaël Vallet, chef de file de l'opposition
Dominique Bussereau s'explique : « A l'ADF, on nous a dit que c'était une journée historique pour les départements puisque l'Etat allait débloquer des fonds. Si une partie d'entre nous a quitté la salle, il y a une raison. Il faut arrêter de nous prendre pour des "couillons". Face à la situation, pourrons-nous éviter d'augmenter la fiscalité dans nos départements ? Voilà bien la question. En ce qui concerne la LGV, je tiens à souligner que la CDA de la Rochelle a également cessé ses versements pour non respect du contrat. Alors que l'Europe accomplit des grands travaux, nos nous régressons. C'est un coup porté à notre compétitivité ». 
Pour Gilles Gautronneau, patron des Radicaux de Gauche, il n'est pas d'usage de changer les règles du jeu : « Vous ne pouvez pas surseoir à ces paiements. La CDA de la Rochelle avait mis des conditions, c'est pourquoi elle le peut ».
Bernard Lalande, conseiller général de Montendre, estime qu'il faut éviter la confusion entre «l'élu, responsable de rien, et l'Etat, responsable de tout. Au sujet de la LGV, vous nous avez convaincus. Nous avons voté à l'unanimité bien qu'appartenant à l'opposition. Maintenant, vous vous demandez de faire le contraire. Ça parait difficile, on ne vous suivra pas ». 

Rythmes scolaires

Cette réforme fait couler de l'encre. La semaine dernière, Jacques Moret, recteur de l'Académie de Poitiers, est venu en Saintonge où il a pris la température à Saint-Genis et Jonzac. Chaque école va s'adapter en fonction de ses moyens puisque des activités péri-éducatives (sport, activités ludiques, d'éveil, etc) seront désormais proposées afin de mieux respecter les rythmes de l'enfant. La question principale gravite autour du coût financier. Certains élus pensent que les choses seront différentes selon qu'on appartienne à une structure intercommunale ou pas. Pour le département, le sujet principal est le transport scolaire puisque les cars circuleront le mercredi. « Il faudra acquérir 12 bus supplémentaires et la dépense sera importante » déclare le président. Certaines classes comme celle de Montlieu la Garde ont déjà appliqué la réforme, d'autres attendent la rentrée 2014.

Jacky Quesson, conseiller général de Saint-Genis, est plutôt remonté : « Nous allons être obligés de recruter 16 personnes pendant 1 heure 140 jours par an. Ce sont les municipalités du canton qui paieront puisque la CDC de Haute Saintonge n'a pas pris la compétence scolaire ». Bernard Lalande pense qu'il ne faut pas s'arrêter aux contingences matérielles : « le principal, c'est de nous occuper de la jeunesse ». Même s'il a raison sur le fond, Michel Doublet rappelle que de nombreux maires appréhendent la mise en place des APE : « les enseignants eux-mêmes les contestent et où trouver des animateurs diplômés ? Allons-nous avoir une école à deux vitesses, tout en sachant que ces activités peuvent se transformer en garderie, à la campagne surtout ? ». « De plus, nous devons disposer de locaux suffisamment spacieux pour accueillir les élèves » ajoute Corinne Imbert. Une cellule d'observation permettra de faire le point. Et puis, comme on dit, l'expérience des uns sera utile aux autres...

Les sujets se succèdent. L'un d'eux, particulièrement brûlant, concerne l'avenir des bases aériennes de Rochefort (3000 emplois) et de Saintes. Bonne nouvelle annoncée par le Préfet, « les bases de Cognac, de Saintes et de Rochefort peuvent être mutualités, mais elles ne sont pas menacées de fermeture». Une diminution des effectifs de 42 personnes est cependant annoncée à Saintes.

Le conseil général Jeunes assistait aux débats

• Le poids des mots, le choc des propos 

 En juillet, par courrier, Dominique Bussereau a annoncé à toutes les collectivités qui participent au financement de la LGV son choix de surseoir aux paiements. Philippe Madrelle, président du Conseil général de Gironde, lui a adressé une réponse assez désagréable tandis que son bras droit, Gilles Savary, n'a pas hésité à parler de « forfaiture » . Voilà ce qu'il a déclaré quand il a appris que Dominique Bussereau souhaitait suspendre le financement de la LGV :  « Fin 2011, Nathalie Kosciusko-Morizet, dernière ministre du Gouvernement Fillon en charge de ce dossier, préconisait ce même report de programmation sans que Dominique Bussereau ne s’en émeuve ! Et c’est lui qui a embarqué 57 collectivités locales dans le financement des projets de lignes nouvelles Grande Vitesse du grand Sud-Ouest et qui les trahit maintenant par un retrait sans autre justification que misérablement politicienne. ».
 Après cet échange musclé, les relations entre les deux hommes se seraient arrangées. Idem avec Philippe Madrelle : « Je n'ai rien contre lui. Je le respecte et je suis à ses côtés au Smiddest qui réunit Charente-Maritime et Gironde. Nous avons autre chose à faire qu'à polémiquer » explique le président Bussereau. Il ajoute toutefois que si la vieillesse est une détresse, voire un naufrage selon l'expression du Général de Gaulle, « son souhait est qu'on en sorte vivant ». 

 • Et vl'an ! Prise de bec au sujet de la famille de Philippe Madrelle qui serait « une véritable PME » en politique selon Dominique Bussereau. Mickaël Vallet, porte-parole de la Gauche, souhaite que ce genre d'attaque n'ait pas lieu dans l'hémicycle. Bref, « on n'a rien entendu » !

• Crise au CAUE : En raison de problèmes informatiques, dit-on, les crédits que reçoit généralement le CAUE (conseil en urbanisme) sont bloqués. Que faire ? « Cet argent leur sera versé » assure Béatrice Abollivier, préfet. Reste à savoir quand. Entre temps, on espère que cette structure, créée il y a plus de trente ans, ne fermera pas ses portes.

• Jeunes étrangers accueillis en Charente-Maritime : L'Etat accorde une subvention de 250 euros à leur intention par semaine. « S'ils séjournent trois ans, la dépense est de 40.000 euros. 8 jeunes doivent s'ajouter aux 18 déjà installés dans le département. Or, ce chiffre vient de passer à 16 » constate Dominique Bussereau. Bref, il est tout à fait favorable à recevoir ces adolescents, mais aucune enveloppe supplémentaire n'est prévue : « il y aura donc des conséquences financières ». Apparemment, Léonarda ne fait pas partie du groupe…

 • Il y a des moustiques : Eh oui et ils sont gênants surtout quand les eaux stagnent et qu'ils se multiplient. Béatrice Abollivier rappelle qu'il existe un syndicat de démoustication que tous les maires sont invités à utiliser. En effet, comme le nuage Tchernobyl, les moustiques ne s'arrêtent pas aux frontières des communes…

• Menace sur l'ostréiculture : On remarque une grande mortalité chez les huîtres prêtes à être commercialisées. La cause en est une bactérie appelée Vibrio estuarianus. Identifiée par les scientifiques dès 2002, elle apparaît aujourd'hui dans de nombreux lots d'huîtres adultes japonaises qui arrivent mortes sur leurs paillasses. Dans certains parcs, la mortalité atteint 90%. A la vieille des fêtes, c'est une catastrophe. La sonnette d'alarme est tirée car la profession ostréicole est inquiète. Une réunion aura lieu avec les différents responsables le 5 novembre prochain pour soutenir la filière.

• Prochain Contrat de plan : Priorité au ferroviaire avec Angoulême/Saintes/Royan, puis Niort/Saint-Jean/Saintes et Nantes/Bordeaux.

• Dufour Yachts : Le Conseil général a aidé cette entreprise en y injectant de l'argent avec le Conseil régional. Les 432 emplois ont été préservés.
  
• Artisanat : « En raison de certaines dispositions nationales prises récemment, ce secteur est en crise » estime Dominique Bussereau.

 • Vers un retour de la gratuité des transports scolaires ? Dominique Bussereau ne reviendra sur les 40 euros annuels demandés aux familles, sachant que les plus modestes peuvent solliciter une aide. « On s'est aperçu que les parents prenaient la carte parce qu'elle était gratuite et leurs enfants n'utilisaient le car que rarement. Or, c'est la collectivité qui paie et il faut faire des économies ».

Courrier adressé à à Béatrice Abollivier, préfète de Charente-Maritime, et Michelle Cazanove, sous-préfète de Saintes.


• Contrat de redynamisation du site de la Défense de Lagord et projet La Rochelle 2016 du Crédit Agricole Mutuel 

Madame la Préfète,

Depuis juin 2012, notre entreprise a annoncé un projet de fermeture et de transfert de ses deux sites administratifs de Saintes et Niort de la Caisse Régionale du Crédit Agricole Mutuel (dont le siège social est Saintes avec 270 salariés et Niort avec 230 salariés) pour un site unique sur l’agglomération de La Rochelle. Comme vous le savez certainement, ce projet a suscité de larges et diverses actions des élus syndicaux et élus de la République, mais aussi des salariés, ces derniers étant touchés lourdement et durablement par le transfert de leurs postes de travail. Des mesures d’accompagnement social ont été décidées unilatéralement par la direction, sans prise en compte des expertises demandées et réalisées à l’initiative du Comité d’entreprise, ni des revendications des syndicats majoritaires.
Depuis mars 2013, le dialogue social est fermé sur ce sujet à l’initiative de la direction. Fin mai 2013, notre direction vient d’annoncer que ce transfert ne se ferait non pas sur la commune de Dompierre-sur-Mer, site présenté depuis juin 2012, mais sur un terrain de la commune de Lagord (terrain qui aurait été proposé par l’Agglomération de La Rochelle elle-même) libéré par le ministère de la Défense.
Or, ce site a fait l’objet d’un contrat de redynamisation du Site de Défense (CRSD) signé le 19 septembre 2011. Pour la réalisation de ce contrat, l’Etat et l’Union Européenne ont investi 43% du montant total qui se monte à 28 millions d’euros. Ce contrat est conclu pour 3 ans, reconductible 2 ans maximum. Le but affiché de ce contrat est « d’aider à la création de nouvelles activités ou de favoriser le développement d’activités existantes. » A aucun moment, nous ne lisons qu’il est prévu de faciliter le transfert d’activités existantes depuis d’autres villes.
C’est la raison pour laquelle, nous vous serions reconnaissants de bien vouloir nous indiquer si le comité de pilotage de ce CRSD que vous présidez s’est réuni pour valider ce projet. Dans le cas contraire, réunir le cas échéant ce comité de pilotage afin d’évaluer la compatibilité du projet de transfert du Crédit Agricole Mutuel avec les axes stratégiques du CRSD à savoir selon nos informations : développer l’éco-efficacité en milieu urbain et notamment l’image ‘’verte’’ de La Rochelle ; conforter l’attractivité touristique et culturelle ; soutenir les innovations et les actions collectives porteuses du territoire.
En tant qu’acteurs soucieux des conditions de travail de nos collègues, des risques professionnels et routiers nous agissons aussi pour la défense et le développement harmonieux de nos territoires. Nous sommes donc très attentifs à l’utilisation réelle des fonds publics qui ne peuvent pas, selon nous, servir à déséquilibrer encore plus la Saintonge et le Pays Niortais.

Intersyndicale CGT - FO - SUD du Crédit Agricole Mutuel Saintes et Niort

dimanche 20 octobre 2013

Quinze talents distingués
par l'Académie de Saintonge


La traditionnelle cérémonie de remise des prix de l’Académie de Saintonge s'est tenue lieu dimanche 13 octobre au palais des congrès de Royan. En effet, cette année, l’académie quitte Saintes, son berceau d’origine, pour la Côte de Beauté. Sa façon à elle de démontrer qu’elle est l’ambassadrice du département. D’ailleurs, les membres qui la composent accueillent régulièrement ses réunions en divers lieux de Charente-Maritime, c’est pourquoi elle a l’habitude d’associer travaux et découverte du patrimoine. 

L’an dernier, la cérémonie, organisée en septembre à Saintes, a revêtu un caractère d’une solennité exceptionnelle liée à la présence de Danièle Sallenave de l’Académie française. En habit vert, elle a rappelé l’importance de posséder un réseau d’académies de province. Jean Mesnard, en habit lui aussi (il appartient à l’Académie des Sciences morales et politiques) exprima le plaisir de l’Académie de Saintonge, jadis dirigée par l’académicien Pierre-Henri Simon, originaire de Saint-Fort-sur-Gironde, d’accueillir dans ses rangs cette personnalité. C’est Danièle Sallenave qui remit le grand prix 2012 au professeur Pierre-Marie Lledo, neurobiologiste, responsable de la découverte des néo-neurones à l’institut Pasteur de Paris. Cette année, le grand prix de l’Académie sera décerné à Jean-Daniel Verhaeghe, réalisateur et écrivain.

Un nouvel académicien a été reçu au 13e siège : il s’agit de Pierre Collenot, historien, présenté par Jacques Dassié.
Marie Dominique Montel, Alain Quella Villeger, Jacques Dassié et Pierre Collenot

Un nombreux public réuni au palais des congrès de Royan



• Grand prix de l'Académie décerné à Jean-Daniel Verhaeghe, réalisateur et écrivain, pour son livre Le jeu de l’absence, editions Arléa, et l’ensemble de son œuvre 

Jean-Daniel Verhaeghe est créateur de films pour la télévision française. Réalisateur et aussi écrivain. "Le jeu de l’absence" est son second roman. C'est l’histoire de deux amoureux qui décident de se séparer pour mieux se retrouver. Elle s’installe à Rochefort afin d’effectuer des recherches sur Pierre Loti. Il est censé l’attendre à Paris. Tiendront-ils leur pari romantique de rester plusieurs mois sans se voir et d’accroître ainsi l’intensité de leurs retrouvailles ? Sur ce canevas, Jean-Daniel Verhaeghe construit un suspense qui vous tient en haleine jusqu’à la dernière ligne. C’est ce qu’on appelle la tension narrative et c’est sa spécialité dans ses livres comme dans ses films. A la télévision, Jean-Daniel Verhaeghe est célèbre pour ses adaptations des grandes œuvres de la littérature : Bouvard et Pécuchet, Le Rouge et le Noir, Sans famille, Les Thibault, Le clan des Pasquier, Le Père Goriot. Son plus grand succès est sans doute La Controverse de Valladolid, saluée unanimement par la critique.

Jean Daniel Verhaeghe aux côtés de Didier Quentin, député maire de Royan et Marie Dominique Montel

• Prix René Coutant de l'innovation décerné à Alain Gaboriaud, coordinateur français du robot Curiosity sur la planète Mars

Alain Gaboriaud est d'originine charentaise. Elève du lycée Jean-Monnet de Cognac, il a poursuivi ses études de physique-chimie à Bordeaux avant de rejoindre l’Institut supérieur des Sciences Aéronautiques de Toulouse. Ses goûts et ses tendances lui font choisir le CNES où il est entré comme ingénieur. Sa mission : Chef de projet des contributions françaises au « Mars Science Laboratory». En 2012, presses et télévisions mondiales ont rapporté le voyage, puis l’atterrissage du « Rover  Curiosity » : un engin de 900 kilogrammes posé sur Mars, la planète rouge. Pour le lancement, Alain Gaboriaud était en Californie, au Jet propulsion Laboratory, à Pasadena, comme coordinateur de la participation française.

Alain Gaboriaud, ingénieur, présenté par Jacques Dassié
• Prix Dangibaud décerné à Michèle Dunand pour son activité au Muséum de La Rochelle

Largement visité par les scientifiques, le muséum de La Rochelle a ouvert ses portes au grand public grâce à Michèle Dunand. Qui pourrait reconnaître le vieux musée dans le centre scientifique animé qu’il est devenu ? Au prix d’une longue restauration, le Muséum a pris dans la vie culturelle de notre département une place essentielle. Le succès de cette rénovation et la réputation du muséum se sont traduits par la donation du collectionneur belge Jean-Pierre Fillieux qui constitue un ensemble ethnologique inégalé.

Michèle Dunand
• Le prix de la ville de Royan à Christine de Ponchalon, journaliste à France 3, pour ses reportages sur la vie culturelle de la région 

 Christine de Ponchalon, c’est le visage et le sourire qui se cachent derrière les reportages qu’elle réalise pour France 3 Poitou Charentes. Il y a peu de gens qui connaissent notre région comme elle. A Poitiers, à La Rochelle, à Royan, elle est la grande dame de notre info régionale et son regard vif nous permet, entre autres, d’être l’une des régions de France 3 où la culture est traitée avec le plus de constance, de curiosité et de talent.

Christine de Ponchalon était représentée par Pierre Louis Boucher, responsable des éditions Bonne Anse
• Prix Madeleine La Bruyère à Claude Margat, poète et peintre pour l’ensemble de son œuvre.

Claude Margat n’est pas un écrivain local ou régional, il est ici un poète ailleurs, pas les ailleurs fugaces des nomades, mais ceux puissants de l’universel, hors temps, hors champ, sans pour autant être absent des lieux qu’il fréquente depuis l’enfance, à Rochefort où il vit toujours, au point d’être si attentif au marais qu’il le peint désormais à la manière asiatique : des calligraphies à l’encre de chine (présentées au palais des congrès de Royan, en 2009). Cet Orient extrême qui a ressourcé son inspiration, sa manière de penser (il se veut taoïste) et son rapport au monde, son dernier recueil Matin de silence, en témoigne.

Claude Margat et Alain Quella Villeger
• Prix de la ville de Saintes à Sophie Labbé, créatrice de parfums

Née à Saintes, Sophie Labbé a toujours été sensible aux odeurs. Elle est un "nez" comme on dit ! C’est la seule femme à avoir remporté le prestigieux prix François Coty qui récompense les créateurs de parfum. Elle a signé des parfums de renom : Organza pour Givenchy, Emporio Lui pour Armani, Saint-Laurent ou Kenzo, Cologne 68 pour Guerlain, etc. Avec magie, Sophie Labbé nous transporte dans les meilleurs souvenirs de notre enfance charentaise.

Sophie Labbé (à droite) et Roselyne Coutant, responsable de l'Aquarium de la Rochelle et créatrice du prix de l'innovation René Coutant
• Prix de la mer, aquarium de La Rochelle à Georges Richard, scientifique, pour ses recherches sur les cônes 

 Georges Richard a vu le jour en Bretagne, où est née sa passion pour les coquillages qu’il collectionnait sur les plages. Sa passion s’affirma lorsqu’après avoir été instituteur en Bretagne, il fut envoyé en 1967 en Polynésie française pour y effectuer son service militaire. Déposé sur une île déserte pendant quelques mois pour y mesurer l’effet des essais nucléaires sur les mollusques, il mit à profit cet exercice forcé pour approfondir ses connaissances et ses collections. Cette « étude sur les mollusques récifaux de Polynésie française » lui a servi de support pour préparer son diplôme de l’Ecole Pratique des Hautes Etudes et une thèse d’état soutenue en 1982 à l’Université Paris 6. Professeur d’université à La Rochelle, en 1992, puis directeur du Laboratoire de Biologie marine, au gré de ses voyages, il a rassemblé l’une des plus importantes collections de cônes du monde, comprenant près de 20 000 spécimens et 900 espèces, dont il a fait don au Muséum d’Histoire Naturelle de La Rochelle.

De droite à gauche, Georges Richard, Thomas Brosset, Sophie Labbé et Pierre Louis Boucher
• Prix de la ville de Rochefort à Jean-Louis Berthet pour Les naufragés de Géricault, éditions du Croît vif.

Tout est vrai dans le livre de Jean-Louis Berthet. Le Naufrage d’une frégate partie de l’Ile d’Aix en 1816 à destination du Sénégal, la création d’un des plus grands chefs-d’œuvre de la peinture, et une vie brisée entre rêves de gloire et préjugés de son temps. Le naufrage est celui de la Méduse avec à son bord des marins, des médecins, des civils et des officiers issus pour la plupart des côtes charentaises et dirigés par un incapable. Le livre raconte le bateau qui s’échoue, le radeau où 150 passagers dérivent pendant douze jours avant d’être retrouvé avec seulement 15 survivants. L’auteur est un Charentais de cœur, haut-fonctionnaire et homme politique, qui a déjà publié plusieurs ouvrages sur sa patrie d’adoption. Il a trouvé ici un triple mystère à élucider qui réjouira à la fois les historiens, les amateurs d’art et de suspense.

Jean Louis Berthet, Marie Dominique Montel et la représentante de la ville de Rochefort
De gauche à droite, Nadu Marsaudon, Jean-Louis Berthet, Michèle Dunand, Jean Daniel Verhaeghe et Jean de Mathan
 • Prix de la CDA de Royan à Nadu Marsaudon, peintre et affichiste

Marsaudon est un artiste atypique. Savez-vous que la Sainte-Thérèse statufiée de l’église Notre Dame de Royan, près du tombeau de Guillaume Gillet, est de lui ? Comme les belles affiches, agréablement féminisées, dans les rues de Royan, à la gloire de parfums, de vêtements, de restaurants ou de boites de nuit célèbres ? C’est le côté « pop » du créateur, la façade publique qu’il s’est donnée pour vivre pleinement caché dans la nature de l’estuaire, au milieu des rêves surréalistes qu’il dessine, peint, sculpte, avec la modestie d’un grand maître toujours inquiet.

Nadu Marsaudon, la représentante de la CDA et Bernard Mounier
• Prix de la Haute-Saintonge à Judith Rapet pour ses romans historiques saintongeais

Si Judith Rapet enseigne la musique, elle est aussi historienne, romancière, ethnologue. Le désir d’étudier le passé lui est venu quand elle suivait les conférences de l’Université d’été organisées par Jean Glénisson. Son domaine de prédilection ? La Saintonge méridionale et le Petit Angoumois, autour de Baignes et de Chevanceaux avec, au point de départ, le merveilleux fonds de Crussol d’Uzès conservé aux Archives départementales. Tous les romans de Judith Rapet ont un point commun : l’héroïne est une femme, souvent accablée par les soucis de la vie : le mari, les maternités incessantes, les soins aux enfants, le travail qui ne connaît aucun répit, les décès, la vieillesse qui vient trop vite. Mais chez Judith Rapet, ces épouses ne sont ni soumises, ni résignées, ce sont déjà des femmes libres (trouvées dans les archives du XVIIIe siècle) qui choisissent leur sort et osent vivre en dehors des interdits. Voyez la dernière, Jeanne, héroïne de "Mariés par testament" qui déroule une partie de son existence dans les champs de Courcouteaux. Elle a également participé à "L'histoire de la bujhée dans les deux Charentes", un ouvrage illustré par les belles photos de Jean-Marie Grasset.

Judith Rapet aux côtés de Marc Seguin et de Francis Savin, représentant la Communauté de Communes de Haute Saintonge
• Prix Jacques et Marie-Jeanne Badois à Jean de Mathan, pour la mise en valeur du château de la Bristière à Echillais

Héritiers des seigneurs d’Echillais, Jean de Mathan et son épouse ont entrepris de rendre au petit château de la Bristière son charme mais aussi sa vitalité. Ils y organisent régulièrement animations et lectures vivantes. En dix ans, La Bristière est devenue l’un des principaux laboratoires du Livre Vivant, une action crée en 1946 par le saintongeais Jean Nazet et poursuivie Michel Philippe.

Jean de Mathan et Jean Mesnard
• Prix Louis Joanne à l'association Les dentellières de Saintonge

Les dames d’Échillais « font dans la dentelle au fuseau » se retrouvent chaque mercredi et samedi. Il y a plusieurs sortes de dentelle : à la fourche, à la navette et à l’aiguille, appelées « frivolités » et la dentelle au crochet. L'association des dentellières de Saintonge, une bonne vingtaine de bénévoles, a été créée en 2001 par Brigitte Derouard. Ces passionnées réalisent des dentelles aux longueurs variées et des sujets créés de toutes pièces comme des tableaux.

Le prix Louis Joanne décerné aux Dentellières de Saintonge

  • Prix Champlain à Thomas Brosset pour son livre "Les filles de La Rochelle"  

Parties de La Rochelle pour peupler la Nouvelle France, les héroïnes de Thomas Brosset s’inspirent de vies et de personnages ayant réellement existé. Ozanne Achon de Chambon, embarque sur le Taureau en 1657, en passagère clandestine. Reçue par Marie de l’Incarnation, première supérieure des Ursulines de la Nouvelle France, elle se marie à un docker Pierre Tremblay originaire d’un petit village du Perche. Elle aura douze enfants et sera à l’origine de la plus grande famille d’Amérique du Nord. Son fils aîné aura 15 enfants, et le fils de ce dernier, 19… Né dans les Deux-Sèvres, Thomas Brosset est journaliste à Sud-Ouest depuis 1976. Il est l'auteur de plusieurs ouvrages.

Thomas Brosset et Marc Fardet
• Prix Cognac Chabasse à André Arvis, association la Palette Angérienne

Ancien élève de l’école des métiers d’Art, des Art-Déco et de l’école Estienne, André Arvis a dirigé pendant de nombreuses années le département « Publicité » d’un grand groupe international à Paris. Saintongeais depuis un quart de siècle, il a su impulser un réel dynamisme à la création artistique en présidant l’association « La palette angérienne » de 1995 à 2009. Il a, sans relâche, organisé rencontres, salons et expositions ; démontrant qu’un artiste peut toujours attende une aide  réelle de ses pairs, contrairement à ce qu’a écrit Jean Cocteau dans « La difficulté d’être ». Au cours de sa vie, André Arvis n’a jamais cessé de peindre.

Jean Combes et André Arvis

• Prix de la ville de Saint-Jean d'Angély à Dominique Porcheron, patoisant chanteur

 Le Fi a Feurnand  Le fi à Feurnand  naissu en 1966 à Saint Jhean d’Anjhélique est le fi de Feurnand et d’Hélène, paisans veugnerons à Haimps, canton de Matha à la limite dau pays bas et dau pays haut. I l’a t’appris le patoué anvec son père qu’a su zi douner l’envie de causer. En 2011, ol est dans sa coumune qui d’vint metteur en scène peur in spectaclle Bonjhour Saintonjhe jhoué à Haimps et à Matha anvec la troupe « Au Fil du Briou» menée peur son frère. Thieu compositeur a asteur ine boune quinzaine d’émolés chantés qu’i voudrait bin vouer dans in nouvia spectaclle. Le 9 mars à Saintes au jhardin publlic i chante La valse dau cougnat  devant la statue de Goulebenéze qu’a cor chanjhé de pllace. Ses émolés allant ête mis dans le Subiet, jhornau de 112 printemps.
Dominique Porcheron avec Jacqueline Fortin
Reportage/Photos Nicole Bertin

samedi 19 octobre 2013

Drame à Jonzac : il agresse
ses parents durant la nuit.
Alain Le Lay trouve la mort.


Samedi, la ville de Jonzac s'est réveillée avec un chagrin immense. En effet, vers 2 heures du matin, au lieudit Les Grands Champs (village de chez Piaud), un drame épouvantable s'est produit au domicile d'Alain et Chantal Le Lay, retraités. Gaétan, l'un de leurs deux fils, âgé de 39 ans, qui passait le week-end chez eux, s'est saisi d'un hachoir de cuisine et les a violemment frappés pendant leur sommeil à la tête et aux bras.
A-t-il réalisé le geste qu'il venait de commettre, toujours est-il qu'il a appelé les pompiers qui sont aussitôt arrivés sur les lieux. Vivantes, mais dans un état critique, les victimes ont été secourues par le SMUR, puis transportées à l'hôpital de Jonzac. L'auteur a été, quant à lui, emmené par la gendarmerie et placé en garde à vue.
Alain Le Lay a succombé à ses blessures tandis que son épouse a été évacuée sur Poitiers. Ses jours ne semblent plus en danger.
Alain Le Lay était bien connu à Jonzac. Il a longtemps travaillé à la DDE aux côtés de Gilles Boutin, avant de poursuivre ses activités à Saintes. Passionné de musique, il faisait partie de la Lyre montendraise où il jouait du saxophone. L'enquête, qui s'appuiera sur l'avis des experts, devrait permettre d'établir si son fils Gaétan était lucide au moment des faits. Il a été mis en examen pour « assassinat sur ascendant » et « tentative d’assassinat sur ascendant ». Placé en détention provisoire, il bénéficie de la présomption d’innocence.
La consternation de la population est grande face à cette tragédie. Appréciée, la famille Le Lay, en effet, n'a jamais fait parler d'elle.
Cette affaire n'est pas sans rappeler un autre drame qui s'est déroulé en novembre 2004 à la résidence Daniel. Pris d'un coup de folie, un homme avait tué sa fillette et tranché la gorge de sa femme. La malheureuse était parvenue à s'enfuir en sautant du balcon. Bien qu'ayant la jambe cassée, elle avait trouvé refuge chez une voisine qui l'avait sauvée d'une mort certaine en lui prodiguant des soins avant l'arrivée des secours.

samedi 12 octobre 2013

L'Académie de Saintonge organise
sa cérémonie annuelle
dimanche 13 octobre à Royan


La traditionnelle cérémonie de l'Académie de Saintonge aura lieu dimanche 13 octobre au Palais des Congrès de Royan à 14 h 30 (entrée libre, toutes les personnes intéressées sont invitées).
En effet, cette année, l'académie quitte Saintes, son berceau d'origine, pour la Côte de Beauté. Sa façon à elle de démontrer qu'elle est l'ambassadrice du département. D'ailleurs, les membres qui la composent accueillent régulièrement ses réunions en divers lieux de Charente-Maritime, c'est pourquoi elle a l'habitude d'associer travaux et découverte du patrimoine.
L'an dernier, la cérémonie, organisée en septembre à Saintes, a revêtu un caractère d’une solennité exceptionnelle, liée à la présence de Danièle Sallenave de l'Académie française. En habit vert, elle a rappelé l’importance de posséder un réseau d’académies de province. Jean Mesnard, en habit lui aussi (il appartient à l’Académie des sciences morales et politiques) exprima le plaisir de l'Académie de Saintonge, jadis dirigée par l'académicien Pierre-Henri Simon, originaire de Saint-Fort sur Gironde, d'accueillir dans ses rangs cette personnalité.

En 2012, Danièle Sallenave de l'Académie Française aux côtés du professeur Jean Mesnard
C’est Danièle Sallenave qui remit le grand prix 2012 au professeur Pierre-Marie Lledo, neurobiologiste, responsable de la découverte des néo-neurones à l’institut Pasteur de Paris. Cette année, le grand prix de l'Académie sera remis Jean-Daniel Verhaeghe, réalisateur et écrivain. Quinze prix au total seront remis.
Un nouvel académicien sera reçu au 13ème siège : il s'agit de Pierre Collenot qui sera présenté par Jacques Dassié.

• Questions à la directrice, Marie-Dominique Montel :

Journaliste et réalisatrice de films documentaires dans le domaine de la culture (cinéma, littérature), Marie-Dominique Montel est directrice de l'Académie de Saintonge où elle a succédé à François Julien Labruyère. Elle vient de terminer un film sur Régine Deforges avec Christopher Jones, dont l'avant-première aura lieu aux Escales documentaires à La Rochelle le 7 novembre prochain avant d'être diffusé sur France 3. Elle a également réalisé "Le duel Fellini-Visconti" que les spectateurs pourront voir début 2014. Elle répond à nos questions

Marie-Dominique Montel aux côtés de Danièle Sallenave en 2012 à Saintes
 •  Comment se porte l'Académie de Saintonge ?

L'Académie de Saintonge se porte très bien. Elle accomplit sa mission qui est de repérer et de mettre en valeur les personnalités de la région qui se sont distinguées dans leurs disciplines respectives. Tous sont des Charentais d'exception ! Notre académie, comme toutes les académies de province, ne produit pas la culture elle-même ; elle a le devoir de la faire connaître. Outre la littérature et la vie artistique, nous avons développé le volet scientifique avec le nouveau prix de l'innovation René Coutant. Le nombre de prix décernés a également augmenté. Il est de quinze actuellement. Depuis cette année, la Région que préside Ségolène Royal nous attribue une subvention.

•  Cette année, la cérémonie de remise des prix a lieu à Royan ? 

 Nous remercions chaleureusement Didier Quentin qui nous a offert la salle du Palais des Congrès pour ce rendez-vous annuel. Depuis de nombreuses années, l'académie de Saintonge a une politique d'assemblées itinérantes. Ces réunions nous permettent de découvrir les territoires et leurs responsables. Dimanche, Royan accueillera donc la grande cérémonie de remise des prix. Cette ville manifeste ainsi son intention de devenir une capitale culturelle de la Saintonge.
Pour en revenir aux réactions qui entourent notre départ de Saintes vers Royan, j'adhère totalement à la définition qu’en donne notre collègue et ami Jean Mesnard, avec sa précision d’universitaire et de membre de l’Académie des Sciences Morales et Politiques dont il a été le président. Quand il a reçu, l'hiver dernier, les insignes d’officier de la Légion d’honneur sous la Coupole, il a mentionné dans son discours son appartenance à l’Académie de Saintonge avant de définir la fonction des académies dans notre pays : « Il ne suffit pas de dire que la science ou, plus généralement, la connaissance sont l'objectif des académies » explique t-il, « il faut encore comprendre comment. En réalité, le travail académique lui-même s'opère par le dialogue, par l'échange d'informations, en somme par la communication. Enfin et surtout, la tâche des académies est moins de créer le savoir que de le juger, de le susciter et de le diffuser : ce qui est encore communiquer. » Contrairement à ce que certains imaginent, nous ne sommes pas les gardiens du langage. Les mots, leur entrée officielle dans la langue française, leur définition, ou parfois leur éviction restent du domaine exclusif de l’Académie française. En revanche, nous sélectionnons et récompensons chaque année ceux qui en font le plus bel usage dans les domaines des sciences, du patrimoine et de la culture. Qu’ils s’expriment en français ou dans le parler de chez nous, parler qui nous est cher et dont nous primons et soutenons les représentants.

•  Comment voyez-vous l'avenir de l'Académie ?
J'espère que l'académie sera de plus en plus présente et connue dans le paysage culturel par son action et les forces vives de la culture régionale. Personnellement, je suis heureuse quand j'entends parler de l'Académie de Saintonge par les personnes que nous avons distinguées. Que les reportages fassent référence à la Charente-Maritime est une action de valorisation profitable à tous.

Propos recueillis par Nicole Bertin

Une partie des membres de L'Académie de Saintonge en visite à Talmont chez Bernard Mounier

Saintes : Jean Rouger boycotte
les primaires socialistes


Isabelle Pichard Chauché en tête des primaires socialistes

La vie de Jean Rouger connaît des rebondissements. Alors qu'il est candidat à sa succession à la mairie de Saintes, il a boudé les primaires socialistes organisées jeudi dernier. Pour lui, cette consultation cachait des "bizarreries. Résultat des courses, Isabelle Pichard Chauché est arrivée en tête de cette consultation...

 Jean Rouger, élu premier magistrat en 2008, serait-il confronté à ce que l'on pourrait appeler un "complot" ? Chez les Socialistes, les primaires départagent les candidats en lice lors du vote des militants. Jusqu'à une époque récente, leur nombre à Saintes était de 87. Or, pour une raison qu'il ne s'explique pas, les adhérents de la section ont augmenté de 163% en quelques semaines ! Et Jean Rouger de s'inquiéter de cet engouement soudain.
Quelqu'un chercherait-il à influencer la section du PS ou plus exactement à en tirer les ficelles ? D'autres personnes que lui briguent la mairie : Isabelle Pichard Chauché, conseillère générale, Julien Papineau, attaché parlementaire de la députée Catherine Quéré et Franck Muscat. Tous PS , tous candidats à la primaire et n'ayant manifestement pas envie de pactiser avec Jean Rouger !

Jean Rouger, maire sortant de Saintes
Lors d'une conférence de presse organisée mercredi, Jean Rouger a joué franc jeu : il a décidé qu'il ne vivrait pas un "remake" des municipales de 2001 où il avait cédé sa place à Jean Moulineau, le poulain du maire sortant Michel Baron. Cette fois-ci, il est aguerri à ce genre d'exercice et n'entend pas rester les bras croisés. Estimant que les résultats de la primaire risquait d'être "faussés" en raison d'adhésions "orchestrées" en sous-main, il a alerté différents responsables du PS à l'échelon départemental et national « des conditions douteuses dans lesquelles se préparait la consultation du jeudi 10 octobre ». Il est à noter que pour participer à ce scrutin interne, il est nécessaire d'être préalablement inscrit sur les listes électorales. C'est la démarche faite par Catherine Quéré, députée, et son époux Jean-Yves Quéré, conseiller général qui demeurent à Chaniers. « Personne ne peut cautionner de telles pratiques qui détournent de leur sens profond les valeurs et la volonté de transparence du PS. Tous les ingrédients sont réunis pour que le résultat de cette primaire soit contesté. Ces manœuvres sont plus déloyales les unes que les autres » souligne Jean Rouger qui se propose de « rassembler les forces vives locales en ouvrant son équipe à de nouvelles personnalités volontaires ». Autrement dit, il ne serait pas contre une entente avec les autres prétendants.
Or, elle n'arrive pas. De ce fait, jeudi dernier, il s'est retiré purement et simplement de la primaire de même que l'équipe municipale qui le soutient dans son action. Inutile de dire que cette attitude a jeté un froid chez les "adversaires" mais néanmoins membres de la famille socialiste. Isabelle Pichard Chauché n'est pas surprise outre mesure : « Jean Rouger m'avait dit voici un certain temps qu'il était légitime et n'avait donc pas à être soumis à une primaire».

 « Je reste candidat » 

« Je ne comprends pas le pourquoi de toutes ces adhésions vu la considération que le PS rencontre actuellement auprès du public » s'interroge Jean Rouger. Voudrait-on le débarquer gentiment ? Voilà qui ravive chez lui de vieilles blessures. Les mauvaises langues prétendent que Catherine Quéré, proche de Ségolène Royal, pousserait son collaborateur Julien Papineau à la mairie de Saintes afin d'asseoir elle-même ses positions dans la cité santone (qui sait si elle ne rêve pas de devenir maire de Saintes et présidente de la CDA !). Par ailleurs, le fils de Michel Baron serait candidat sur la liste d'Isabelle Pichard Chauché. Faut-il y voir, à travers la nouvelle génération, une revanche de l'ex-maire de Saintes envers son meilleur ennemi Jean Rouger ? Toutes les hypothèses sont permises car l'affaire est assez opaque, il faut bien l'admettre.

Ces menaces, Jean Rouger les sent planer au dessus de sa tête. « Si je ne fais rien, ce sera pire. Il est temps d'arrêter la mascarade. Les procédés actuels vont au-delà des règles » avoue-t-il. Il préfère briser l'omerta. Pour lui, Catherine Quéré dépasse les bornes : « son mandat législatif ne lui donne aucune autorité pour traiter des candidatures des collectivités territoriales. Son rôle est à l'Assemblée nationale où se font les lois. Dans une ville de notre taille, un maire sortant qui veut se représenter ne rencontre en général aucun problème de la part des instances de son parti ». Lui si et il ne serait pas un cas isolé en France.

Pour sa part, le Parti socialiste de Charente-Maritime n'a pas suivi la position de Jean Rouger. Par la voix de son secrétaire fédéral Mickaël Vallet, « il a pris acte de ses déclarations et appelé les candidats déclarés à la désignation comme premier des socialistes et les responsables politiques saintais à la modération ». Le vote prévu jeudi 10 octobre en fin de journée a été maintenu et « organisé comme il se doit ». Il a placé en tête Isabelle Pichard Chauché devant Julien Papineau.

Plus déterminé que jamais face à l'adversité, le maire sortant maintient sa candidature aux municipales de 2014 et attend la décision finale de Solférino qui interviendra début décembre. S'il n'obtient pas gain de cause, il se présentera tout de même, mais sans investiture officielle du PS. Voici qui promet un printemps de Saintes agité…

Jean Rouger et  l'équipe municipale
• L'effet Quéré retombé comme un soufflé ?

Les résultats de la primaire ont placé Isabelle Pichard en tête avec 67 voix, devant Julien Papineau 56 voix et Franck Muscat 1 voix, soit 124 votants sur les 180 inscrits de la section saintaise. Un constat s'impose : s'il s'était présenté, Jean Rouger aura enregistré moins de suffrages qu'Isabelle Pichard Chauché. Par contre, et malgré les bruits qui circulaient, Julien Papineau ne s'est pas imposé dans cette élection. Faut-il en conclure que l'influence de Catherine Quéré, députée dont il est l'attaché parlementaire, n'a pas été aussi importante qu'on le laissait prévoir ? Y aurait-il eu "traîtrise dans la traîtrise" ou tout simplement un rappel à l'ordre des instantes départementales afin que cette primaire ne se termine pas dans les arènes de Saintes ?...

• « Catherine Quéré veut-elle faciliter le retour de la droite à Saintes » ?

C'est la question que se pose Isabelle Pichard Chauché face à l'attitude de la députée dont l'attachée parlementaire était candidat à la primaire. « En devenant électrice à Saintes avec son mari, il est évident qu'il y a anguille sous roche » constate la conseillère générale. Elle aussi admet que l'augmentation conséquente du nombre de militants à la section PS est étrange. Et de craindre que cette cacophonie à gauche n'entraîne la victoire de la droite comme ce fut le cas pour Bernadette Schmitt élue en 2001.

 • Rouger fait comme un gardon ?

Il le serait si le Parti socialiste le poussait à retirer sa candidature comme ce fut le cas en 2001. Pour l'instant, Isabelle Pichard Chauché appelle au rassemblement tandis que le maire sortant continue à clamer sa légitimité. Pour cette raison, il entend bien repartir en mars 2014.
En s'isolant de ses bases socialistes, Jean Rouger prendrait un risque : celui de se trouver privé de ses alliés traditionnels. Toutefois, il est de gauche et la mouvance est grande, à commencer par les Radicaux de gauche. Il devra donc manœuvrer habilement pour composer une nouvelle équipe…

• Les élections saintaises ne sont pas un long fleuve tranquille

 Les nombreuses listes passent en général des accords au second tour. Ainsi voit-on des alliances au sein de la gauche plurielle et des Verts. En 2014, les Radicaux de gauche, conduits par Philippe Callaud, présenteront une formation indépendante du PS ainsi que les Verts. Voilà qui va compliquer les choses pour les Socialistes même si, en 2008, Jean Rouger était parvenu à fédérer les différents courants, battant ainsi la centriste Bernadette Schmitt. A droite, la liste conduite par M. Machon semble bien tranquille face à cette effervescence.

Cathédrale Saint-Pierre : Les Saintais ont retrouvé leur église


La cathédrale Saint-Pierre, fermée au public pour des raisons de sécurité, a rouvert ses portes samedi dernier. Les personnalités, qu'elles appartiennent à l'Eglise comme Monseigneur Housset, évêque de La Rochelle et Saintes, ou au monde laïc s'étaient donné rendez-vous autour de cette œuvre commune. 


Cette œuvre, c'est la cathédrale Saint-Pierre. Un lieu particulier de Saintes. Ils sont nombreux à s'intéresser à elle, croyants, amoureux du patrimoine, simples voyageurs. Cette église ne laisse personne insensible et son portail ouvragé, avec ses anges et ses prophètes, est un bel hommage aux sculpteurs du temps d'avant. Certains la trouvent étrange avec son bonnet d'évêque alors qu'une flèche élégante aurait dû la coiffer. Une flèche semblable à celle de Saint-Eutrope qui la nargue au loin. Saint-Pierre est "inaccomplie" et ce n'est pas la faute des compagnons qui ont essayé de rendre ce vaisseau d'éternité digne de sa mission.

 L'an dernier, elle a été éprouvée dans sa partie sud. L'ensemble pouvant présenter un danger, il fut décidé de fermer l'édifice en juin 2012. Une façon singulière de faire tomber un rideau opaque sur des siècles d'histoire. Trouvant porte close, la population se posa de nombreuses questions. Saint-Pierre, le saint protecteur, trouverait-il les clés pour que cet endroit puisse à nouveau révéler son intimité ? Sensibles à la situation, les collectivités décidèrent d'un plan de restauration.

Samedi dernier, la cathédrale rouvrait ses portes en avant première puisque les travaux ne sont pas terminés. Cette fermeture a permis aux archéologues d'entreprendre des fouilles. Une aubaine pour ces spécialistes qui savent que tous les lieux de culte cachent en leur sous-sol les traces d'édifices plus anciens. Ainsi Jonzac aimerait bien retrouver l'autel érigé à l'honneur de Saint-Anthelme qui aurait été massacré par les Sarrazins aux fameux Rochers de Cordie (près de Pons) !

Voici à quoi rassemblerait Saint-Pierre si la cathédrale avait une flèche !
La cathédrale Saint-Pierre, quant à elle, a fait un beau cadeau à ceux qui ont pénétré ses entrailles. D'autres structures ont précédé l'ensemble que nous connaissons. Que sait-on ? Au début de la christianisation, une basilique, érigée en ce lieu, possède treize autels. Au IXe siècle, Saintes est malheureusement victime d'un tremblement de terre, épisode funeste auquel s'ajoutent les invasions normandes. A la fin du XIe siècle, le pape Urbain II vient célébrer la messe de Pâques à Saintes. Au XIIe siècle, Pierre de Confolens fait dresser les plans d'un nouvel édifice dont seul témoigne le croisillon sud, doté d'une couple sur pendentifs et de murs doublés d'arcades en plein cintre. Le bâtiment roman s'enrichit d'un cloître au XIIIe siècle et d'un clocher porche à la fin de la guerre de Cent ans. Les importantes transformations qu'il subit au XVe siècle en raison de l'effondrement partiel des voûtes va affaiblir ses fondations, les déséquilibres des murs s'accentuant. En 1560, la cathédrale, qui s'est parée de gothique flamboyant, est toujours en chantier. On fait d'ailleurs appel aux indulgences (participation financière censée conduire les paroissiens au paradis) pour poursuivre les travaux.

La cathédrale au XIIe siècle
L'historien Robert Favreau rapporte que la Sorbonne a condamné, en 1482, un moine qui affirmait : «toute âme du purgatoire s'envole immédiatement au ciel, c'est à dire est libérée de toute peine, dès l'instant qu'un fidèle met une pièce de six blancs, par manière de suffrage ou aumône, dans les troncs pour la réparation de l'église de Saintes». Les évêques se succèdent, chacun apportant sa contribution. Exception faite du clocher, l'édifice est presque achevé quand déferlent les Guerres de religion. Nouvelle épreuve et mutilation. La reconstruction est moins ambitieuse. L'édifice initial est bouleversé, la nef est surbaissée, la flèche n'est jamais posée. Le temps avançant, les défauts deviennent plus inquiétants. C'est ainsi que l'an dernier, on s'est aperçu que le transept sud était instable. Une mise en sécurité s'imposait.

La partie qui est actuellement en travaux
Des mosaïques précieuses 

Samedi, devant un nombreux public, les responsables, Jean Rouger, maire, Daniel Laurent, représentant le Conseil général, Monseigneur Housset, évêque, le père Daniel Cassegrin, Christophe Dourthe, conseiller général et Sylvie Barre, adjointe à la culture, ont salué le renouveau de Saint-Pierre. « Nous retrouvons notre église, notre mémoire, notre chair » déclara le premier magistrat. Les travaux liés aux désordres structurels du bras sud du transept ainsi que la réfection du réseau électrique se poursuivent, ce qui valait au public « d'être illuminé en cet après-midi ». Des remerciements furent adressés à la mairie, aux conseils général et régional, à l'Etat et à la DRAC qui ont participé au financement du projet (450.000 euros).

Jean Rouger, maire, Monseigneur Housset, le Père Cassegrain, Daniel Laurent, Sylvie Barre et Christophe Dourthe
Monseigneur Housset rappela combien Saint-Pierre était l'un des symboles de la ville. Un monument dont la beauté, exprimé par les générations successives, est à l'opposé du désordre. « La beauté se propose à qui veut la cueillir ». Le Père Cassegrin ne cacha pas son bonheur d'être enfin le successeur du père Samoride en cette cathédrale, un an après sa nomination : « La maison de Dieu est ouverte à tous les Saintais » dit-il. On peut y entrer librement, quelles que soient ses opinions.

L'archéologue Jean-François Baigl fit le point sur les récentes découvertes : « j'avais fait trois vœux, découvrir l'arc de Germanicus, faire des fouilles au couvent de la Providence et à Saint-Pierre». Le Créateur l'a exaucé, semble-t-il. L'arc a permis de savoir qui étaient les aristocrates qui ont contribué à l'essor de Mediolanum Santonum ; le couvent de la Providence correspond à l'emplacement de l'ancien forum et la cathédrale a livré quelques secrets. Pas tous car il aurait fallu creuser beaucoup plus profond ! A deux mètres, on aperçoit les vestiges de l'église remontant à l'époque carolingienne (la première structure aurait été construite vers le Ve siècle). Une mosaïque, datée entre le VIe et le IXe siècles a été mise au jour. Faite de roche, de céramique et de matériaux précieux, elle est en cours d'expertise.


Selon le professeur Favreau, « la première cathédrale de Saintes s'inscrit dans les orientations d'un vaste ensemble thermal de la fin de l'antiquité découvert en 1976 au nord de la cathédrale actuelle ». Saint-Pierre serait-il le premier édifice chrétien de la cité et non pas Saint-Vivien ? Nous en apprendrons davantage lors de la conférence qui aura lieu sur ce thème le 25 novembre prochain.
Si vous voulez en savoir plus, s'impose l'excellent ouvrage consacré à la cathédrale Saint-Pierre paru aux éditons Picard. Il a été écrit par Yves Blomme, Robert Favreau, Christian Gensbeitel, Richard Levesque, Alain Michaud, Maurice Rousseau, Markus Schlicht et Marc Seguin. Des références dans ce domaine.

Reportage/Photos Nicole Bertin



 • Un vieux Rochelais a dit à Monseigneur Housset qu'entre La Rochelle et Saintes, c'est-à-dire entre l'Aunis et la Saintonge, il y aurait toujours une montagne. « S'il y a une chaîne de montagnes, en tout cas, il y a un seul évêque » plaisante l'intéressé.

De nombreux paroissiens ont salué le renouveau de Saint-Pierre

• Au programme des festivités, l’orchestre militaire de la base aérienne 722, une flash mob des aumôneries scolaires de Saintes, le groupe folklorique Aunis et Saintonge, Cyril Gaultier du Conservatoire de musique de Saintes, l'orchestre de cuivres, la chorale Chor'hom, l'orchestre des jeunes, le peintre Jean-Pierre Blanchard, l’organiste Cédric Burgelin, la chorale Vox Santona.