vendredi 7 février 2014

David Douillet à La Rochelle


L’innovation dans le sport :
un progrès pour tous ?


Vendredi 31 janvier. Au cœur de la Maison de la Charente-Maritime, la salle de session s’agite. Invité d’honneur des 8es Tribunes de l’Innovation version « l’innovation dans le sport : un progrès pour tous ? », David Douillet est annoncé. Ça y est, le voilà : un salut à l’assistance et c’est parti pour deux heures de débats sportifs, politiques et sociaux. Comme autant de représentants de la vie sportive départementale, 150 personnes font face à deux acteurs, majeurs dans leur genre, de ce monde du sport.
On ne présente plus David Douillet, député, ancien Ministre des sports et double champion olympique de judo. On a aussi plaisir à écouter Franck Leplanquais, titulaire d’un diplôme des sciences des sports et directeur du seul Centre Régional d’Innovation et Transfert de Technologie (CRITT) Sport-loisirs de France. Ce véritable scientifique de la pratique sportive profite de l’aspiration donnée par l’introduction du Président Bussereau pour raconter la vocation du CRITT Sport-loisirs. 



Dominique Bussereau, David Douillet, Franck Leplanquais et Stéphane Villain (photo Mélanie Chaigneau)
« Médiatisation, vidéo numérique pour profiter au plus grand nombre » 

Raconter les rames, les casques, les vélos… martyrisés en laboratoire pour en faire du matériel toujours plus sécuritaire, toujours plus performant. Sans casque solide, pas d’espoir de survie pour les accidentés du ski comme Michaël Schumacher. Sans palmes profilées, pas de traversée de la Manche pour Philippe Croizon, le nageur amputé des quatre membres. Des avancées technologiques qui prennent tout leur sens quand le modèle économique est trouvé.
Raconter aussi ces essais transformés pour médiatiser sur les supports multimédias tous ces sports mineurs, mais majeurs pour la beauté de l’effort qu’ils suscitent et l’engouement qu’ils provoquent chez leurs adeptes. Ici, l’innovation se fait automédiatisation, vidéo, numérique et peut profiter au plus grand nombre. 


Valoriser l’échec 

Pour Franck Leplanquais, le sportif de haut niveau est extraordinaire. Pour David Douillet, maître es-judo, il est également un catalyseur de peur, de doute permanent. Tout au long de sa carrière, le champion a besoin de l’innovation à l’état pur pour avoir un coup d’avance et surfer sur la vague du succès. Pour l’ex-roi des tatamis, la bonne gestion de l’échec, pas forcément une spécialité française, passe aussi par l’innovation.
Se nourrir de l’échec, c’est chercher pour trouver mieux, différent, nouveau. Au rayon chiffres, l’actuel député des Yvelines rappelle que les Etats-Unis investissent 2,5 fois plus que l’Hexagone dans la recherche et le développement. Il précise également qu’il manquait déjà 31000 piscines et gymnases pour satisfaire les sportifs français quand il officiait au ministère Jeunesse et Sport.

Créer des structures nouvelles et novatrices pour susciter l’envie de la pratique. 

Des chiffres révélateurs : les 13 milliards d’euros nécessaires à l’édification de ces enceintes sportives permettraient d’économiser 80 milliards en budget santé. En incitant, par la qualité et la quantité des espaces sportifs, le plus grand nombre à s’adonner aux joies de l’effort physique, ce seraient autant de personnes potentiellement en forme. 
 L’innovation dans le sport profitable à tous ? C’est, pour le quadruple champion du monde de sa spécialité, une redescente plus importante à l’échelon local des richesses acquises au niveau national. Le progrès relève ici de l’intention politique.
Pour Stéphane Villain, vice-président du Conseil général, les 600.000 pratiquants Charentais-Maritimes, dont 150.000 licenciés, bénéficient de la politique sportive ambitieuse du département.

Stéphane Villain, David Douillet (photo Mélanie Chaigneau)
 « Se nourrir de l’échec, c’est chercher pour trouver mieux, différent, nouveau »

Passage de relais à Franck Leplanquais qui appelle les clubs à se comporter comme des entreprises, à penser plus sponsoring que mécénat, à développer des valeurs et un programme qui incitent à l’accompagnement économique. Innover, c’est ici construire une image nouvelle du club. L’image, toujours l’image : pour le directeur du CRITT, les manifestations sportives désireuses de promotion doivent profiter des progrès faits dans l’économie et la qualité de production d’images pour enrichir leurs contenus et les diffuser sur des supports numériques de plus en plus qualitatifs. 
En handisport, la communication est bien au cœur du sujet. Comment attirer plus de personnes handicapées dans les structures sportives dédiées ? La question, posée par le Président du comité départemental et régional handisport Didier Briaud, reste entière : en Charente-Maritime, malgré un programme d’actions pluriannuel mise en place par le Département, seuls 800 handicapés « sportivent » sur une population totale de 15 000 personnes…

Intégrer une association sportive de sport adaptée peut être facteur de retour à la vie normale

Celles et ceux qui font la démarche fédèrent à leur niveau, mais cela ne peut suffire pour créer l’engouement. En matière de promotion et de communication, tout, ou presque, reste à inventer.
Plus vite, plus fort, plus haut : à l’Atlantique Stade Rochelais, la recherche de la meilleure performance individuelle et collective devient technologique. Un GPS équipe chaque joueur, un analyste vidéo a été recruté à temps plein. Pour Thibaud Hugueny, le préparateur physique de l’équipe professionnelle, toutes ces avancées serviront bientôt au plus grand nombre. Mieux connaître l’athlète, mieux se connaître, c’est mieux performer et mieux se sentir dans son corps pendant l’effort.
Franck Leplanquais emboîte le pas de l’ancien membre de l’Insep et évoque les tissus intelligents, ces maillots équipés de micro-capteurs et d’émetteurs capables d’analyser toutes les données du corps humain. Pour lui comme pour David Douillet, l’innovation dans le sport de haut niveau doit être liée à un comportement humain raisonnable.
Quelles sont les limites de l’humain ? Innover, innover, innover, mais l’homme dans tout cela ? Tout doit être une question de dosage, d’équilibre. Sublimer les qualités humaines sans apport artificiel excessif : voilà une piste de réflexion pour légiférer, éviter les dérives qui corrompent les résultats, les valeurs du sport et privent de la victoire les athlètes sains. L’exemple doit venir d’en haut.
« Attention à cette course douteuse à la performance qui peut concerner nos enfants » prévient l’ancien ministre des sports.
« La Charente-Maritime est toujours en mouvement » conclut Stéphane Villain. « Pour les 17 000 jeunes pratiquants que comptent notre département, nous continuerons à nous battre pour leur apporter le meilleur soutien possible ». David Douillet acquiesce, puis se plie volontiers au jeu des autographes et des photos-souvenirs.



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