mardi 6 mai 2014

Fellini/Visconti :
un duel à l’italienne réussi !

Une reconnaissance réciproque, totale et ambigüe… 




Le film réalisé par Marie Dominique Montel et Christopher Jones, « Fellini/Visconti, duel à l’italienne » a été présenté en avant première lundi soir, devant une salle comble et enthousiaste, à l’Institut culturel italien (dans la grande salle des colonnes de l’hôtel de Galliffet, ancienne résidence de Talleyrand).


L’ambiance était "italienne" avec un public très "réactif" qui ponctuait de rires, d’applaudissements ou d’exclamations les moments qui lui plaisaient. La grande actrice Claudia Cardinale, qui a tourné avec Visconti et Fellini - et qui est longuement interviewée dans ce film-documentaire - a été accueillie par une ovation. Elle a gentiment répondu aux questions de la salle à la fin du film.
On remarquait parmi l’assistance Annick Cojean, journaliste-présentatrice de la collection Duels sur France 5, Didier Quentin, député maire de Royan, Laurence Schifano (biographe de Visconti), John Baxter (biographe de Fellini), Dominique Delouche, cinéaste et ancien collaborateur de Fellini.
Comme il faisait un temps superbe, les spectateurs se sont égayés au moment du cocktail offert par le producteur Guillaume Roy de Flair Production dans les jardins de l’hôtel de Galliffet.

L’actrice Claudia Cardinale aux côtés de Marie Dominique Montel, réalisatrice de films documentaires et directrice de l’Académie de Saintonge et Christopher Jones  
John Baxter, biographe de Fellini et Claudia Cardinale (clichés Louise Baxter) 
• Le film sera diffusé sur France 5 jeudi 15 mai à 21 h 35. A ne pas manquer !

• Ce qu’en pense Laurence Schifano, critique de cinéma, biographe de Visconti et professeur de cinéma à l’université de Paris VIII : 

Le Duel à l'italienne Fellini/Visconti transmet la vie, la passion, le génie : les personnages sont bien là, bien vivants et surtout présents, toujours en miroir, sans que l'équilibre se perde au profit de l'un ou de l'autre, sans que la trace de l'un s'imprime davantage et recouvre celle de l'autre. Le film est très tenu, sans la moindre graisse ; le montage est admirable de netteté, de rigueur et d'efficacité. Cette efficacité est d'abord dramaturgique, mais elle fait saillir  les traits de caractère comme la particularité du geste créatif, derrière la caméra ou sur une scène de théâtre. Contre les clichés habituels et visiblement, Fellini en ressort plus intériorisé, plus mystérieux ; et Visconti plus simple, plus direct. Certaines photos se suffisent à elles-mêmes ; elles en disent très long, sur la distance, le lien - le fait d'appartenir à la même époque et surtout à la famille du cinéma, en artisans scrupuleux, qu'ils ont été l'un comme l'autre, avec autorité et sans réserve. Très belle photo à la fin entre autres ! Fellini et Visconti tournés l'un vers l'autre, avec connaissance, reconnaissance réciproque  totale et ambiguë,  l'humour de l'un, la passion de l'autre. La distance quand même. C'est très très beau, dans ce noir et blanc... Il y avait beaucoup de dangers à éviter, par exemple que la musique de Rota envahisse tout ou que les références soient peu perceptibles et que le public s'y perde. Ou que l'on force sur la note "à l'italienne" ou la note nostalgique (le ton Frédéric Mitterrand) ; mais c'est encore une fois la richesse et la précision des documents inédits, l'humour, la légèreté dans le dosage des effets, et dans tout cela, qui est la rigueur même (le côté XVIIIe de Marie-Dominique et anglo-saxon de Christopher ?), le feu de la même passion. Je ne sais pas si c'est la passion du cinéma, je crois que ça va plus loin et qu'on le perçoit. J'étais si  heureuse de pouvoir assister à la projection en entendant, tout à côté de moi, le rire de Claudia-Angelica. Quelle merveille! Quel beau travail et quel beau baptême...

1 commentaire:

Unknown a dit…

Ce programme télévisé (de Christopher Jones et Marie-Dominique Montel) semble ambigu quant à l'influence des événements de 68 sur l'oeuvre cinématographique de Visconti. Qu'entendent les auteurs de l'émission en affirmant que ces événements ont inspiré "Les damnés" de Visconti ? Ce dernier film étant une évocation du nazisme, on ne sait en quel sens interpréter une telle affirmation.
Merci à l'auteur du blog de ne pas censurer ce commentaire qui pourrait, je l'espère, donner lieu
à de très intéressants échanges.