samedi 11 octobre 2014

Il est urgent
de ne pas trop jouer à la guerre

• Point de vue

Les images écœurantes de l’Etat islamique égorgeant ses otages créent le dégoût et l'incompréhension. Ces hommes auraient-ils inventé un dieu fou pour abriter un paradis de cinglés ? Le Califat, la conquête du monde, l'extermination des infidèles, c'est certes vieux comme l'antique.
On pensait simplement que le monde avait un peu changé puisque nous avons changé nous-mêmes en enfilant les habits neufs d'une idéologie humaniste, matérialiste, individualiste sur les défroques des religions de masse qui furent celles de nos grands-parents et qui ordonnaient et organisaient l'expiation des pêchés.
Abraham doit se retourner dans sa tombe, effaré.

Mais comment en est-on arrivé là? Comment des jeunes, parfois des adolescents, quittent-ils leurs cités pour aller jouer à la guerre de l'autre côté de la Méditerranée et comment acceptent-ils de se plonger dans l'horreur comme s’il s'agissait d'un jeu de stratégie ? La Syrie, l'Irak et la Lybie sont en ruine, le Liban menacé… L’Egypte s'en est sortie par la dictature et l'Iran est aux mains de Dieu !

Que s'est-il donc passé pour que le monstre se réveille ? Quelle humiliation, quelle douleur appellent-elles à de telles vengeances et quel rêve s'est-il allumé ? On scrute évidemment la géopolitique et l'économie. Ce sont des matières que nous connaissons bien que nous enseignons. Elles doivent être empreintes de logique et de certitudes. En tous cas, nous les prenons au sérieux et elles doivent fournir des réponses exactes.
On explique doctement que les Sunnites wahabites saoudiens veulent stopper l'expansion du chiisme iranien qui a mis la main sur l’Irak, le Yémen et la Syrie depuis le départ des Américains qui, eux , étaient venus défendre avec leur chien de garde Israélien les ressources d'énergie dont la région est gorgée. Pour faire bonne mesure, on ajoute que la Turquie laïque de Kémal est morte et que le rêve ottoman prend corps du côté d'Istanbul. Or, tous ces mouvements ont un point commun : le partage disputé du Dieu unique et du même paradis. Il suffit alors d'élever la température de quelques degrés et l'incendie prend aussitôt.

Le printemps arabe a brisé les prisons des dictatures laïques, héritières du Baas ou du Nassérisme. On a pendu Saddam Hussein à la santé du monde américain, massacré Khadafi à la santé du monde libre et on s'apprêtait à faire de même avec Bachar el-Assad lorsque le printemps s'est transformé en hiver au feu d'un islam conquérant, sorti de vieux livres d'histoire, avec le terrain de jeu immense que lui donne la démographie. On commence à se demander avec effroi si ce n’’est pas une vraie guerre entre les peuples qui se prépare. Cette guerre serait en Afrique comme en Orient et pourquoi pas sur notre sol ? Alors, on compte nos alliés potentiels, la solidité des monarchies du Golfe, la puissance militaire de l'Egypte, la capacité iranienne à ramener de l'ordre en Irak et en Syrie, sans compter la diplomatie israëlienne qui joue toujours au pompier pyromane de la région. Et pour faire bonne mesure, une partie de l'opinion occidentale attise les braises par peur ou par bêtise en désignant l'Islam comme l'ennemi global. Il est urgent de ne pas trop jouer à la guerre : elle va finir par se déclencher !

Xavier de Roux

1 commentaire:

Objective a dit…

On a diabolisé ces dictateurs qui régulaient les extrémistes et aujourdh'ui on pleure tels des "Bisounours" effrayés. Où était le pire ?