samedi 20 décembre 2014

Salon des droits de l'homme :
Maudite soit la guerre !

• Salon du livre et des droits de l'Homme qui s'est tenu dernièrement à Saintes : Maudite soit la guerre, parce qu'elle est le reflet de la folie des hommes

Le salon du livre et des droits de l'Homme étant organisé par des membres bénévoles d'associations, chacun fait bénéficier de ses réseaux relationnels. C'est ainsi que Jean-Yves Boiffier a permis à un public averti d'une quarantaine de personnes de bénéficier d'un spectacle mené avec beaucoup de talent par Philippe Forcioli, en prélude au salon, mercredi 26 novembre, à l'Abbaye aux Dames. L'artiste a choisi 14 auteurs qui de près ou de loin ont un lien avec la grande guerre. Ces lectures sont entrecoupées de poèmes mis en musique, de chansons, de dépêches d'actualité de l'époque. Cette alternance entre différentes formes d'expression donne du rythme au spectacle. L'artiste incarne si bien le contenu ds textes qu'il se fait tour à tour troubadour, soldat, homme politique faisant un discours... et transporte les spectateurs dans des univers radicalement différents. Une manière d'apporter différents éclairages et des clés de compréhension d'une époque si éloignée de la nôtre. Dans tous les cas, une performance à saluer !

Maudite soit la guerre, parce qu'elle est le reflet de la folie des hommes. Les intervenants ont exprimé des éclairages différents à propos de cette guerre qui a eu des implications bien au delà des frontières de l'Europe. Certains intervenants s'accordent à dire que la politique colonialiste a joué un rôle important dans les causes de ce conflit.

L’inauguration par Agathe Morin à l’Abbaye aux Dames en présence de Nicolas Offenstadt, maître de conférences à la Sorbonne
Pas de mémoire partagée 

Nicolas Offenstadt a débuté son propos par une classification des différents types de commémorations. Trois niveaux se dégagent selon l'historien. Le centenaire du gouvernement, les initiatives territoriales et les pratiques sociales et culturelles. En ce qui concerne les commémorations organisées par le gouvernement, l'historien fait le constat du déséquilibre mémoriel au niveau gouvernemental entre l'Allemagne et la France. En revanche, il met en exergue le cas des plus de 600 fusillés qui ont, selon lui, été réhabilités au travers de la muséographie située aux Invalides, refaite pour y intégrer ces soldats dont les dossiers ont également été mis en ligne. Il fait également état de nombreux livres, expositions et débats sur le sujet.

Les "oubliés des commémorations" 

Les discours et les initiatives gouvernementales concernant le centenaire ont fait l'impasse de certaines figures de proue. Pour exemple, le fait qu'en 1915, les femmes qui se sont réunies en congrès en pleine guerre mondiale décident de continuer leur action en se constituant "Comité international de femmes pour une paix permanente" n'a pas été évoqué. Les syndicalistes minoritaires du PS qui n'ont pas voté les crédits de guerre n'ont pas fait l'objet de mémoire. Quant à la tradition pacifiste, elle a été purement ignorée. Les initiatives territoriales ont été plus contrastées. C'est au niveau des pratiques sociales et culturelles que le regard critique s'exerce. Nicolas Offenstadt a dit son adhésion à des initiatives telles que le salon des droits de l'Homme de Saintes et déclaré que les historiens se doivent de participer au débat public.

Maudite soit la guerre vue par le dessinateur Alexis Ferrier

Désobéir à la guerre

"La grande guerre n'a pas éclaté dans un ciel serein", il y a eu des précédents, comme le dit Pierre Roy.  Ce libre-penseur milite pour l'objection à la guerre dont il considère qu'elle devrait être un droit imprescriptible, constitutif des droits de l'Homme. Trois députés socialistes ont voté contre les crédits de guerre. Pierre Brizon, député de l'Allier, élu en 1910 et réélu en 1914. Ce professeur libre-penseur, pacifiste et internationaliste rejoint l'Union sacrée, en 1914, comme l'ensemble des élus de la SFIO. Sa position évolue au cours du conflit et en 1916, il participe à la conférence de Kiental de l'internationale socialiste. Le 24 juin 1916, avec les députés Jean-Pierre Raffins-Dugens et Alexandre Blanc, il refuse pour la première fois en France le vote des crédits de guerre. Xavier Renou évoque des pistes de désobéissance civile et rappelle que dès les premières religions monothéistes, les êtres humains s'opposent à la guerre. La grève de l'impôt constitue l'un des gestes fondateurs de la désobéissance civile dans la mesure où les dépenses de guerre s'effectuent avec l'argent public. Il estime que la guerre est une industrie de la mort qui se porte bien et illustre son propos par quelques chiffres. Les dépenses militaires représentent 40 % du budget de l'Union Européenne. La France en est le 4ème pays le plus dépensier. Le prix d'un sous-marin nucléaire équivaut la construction de 24000 logements sociaux... Sans compter que la guerre, comme toute entreprise commerciale, est une manne pour le secteur privé !

Pourquoi ont-ils tué Jaurès ? 

Le club d'œil d'Alain Paillou
Lors des différents débats qui on eu lieu le nom de Jean Jaurès a maintes fois été évoqué. En tant qu'homme politique, il a toujours démontré son attachement à l'humain. D'abord républicain modéré, il évolue vers le socialisme en soutenant la grève des mineurs de Carmaux. Il inscrit le socialisme démocratique dans la continuité de la Révolution française et de l'idéal républicain."La condition ouvrière que l'on retrouvera en titre de plusieurs de ses articles est sa pierre de touche", comme l'écrit Charles Silvestre. Il s'efforce d'unifier les différentes tendances du mouvement ouvrier français en fondant le journal l'Humanité en 1904 et en participant à la création du Parti socialiste SFIO, l'année suivante. L'excellent journaliste qu'il est alimente l'homme politique. Il se distingue entre autre par sa clairvoyance, ce qui n'est pas du goût de tout le monde. Il le paiera de sa vie le 31 juillet 1914.

La propagande comme terreau des nationalismes 

Selon Charles Silvestre, il faut une somme d'informations, de connaissances pour tenter d'y échapper tant le modèle de la pensée unique prévaut. Il ajoute qu'en 14-18, même si la propagande était largement diffusée, on avait affaire à des enfants de coeur, comparé à ce que nous vivons aujourd'hui. La bataille se fait dans les médias. Il conclue en affirmant que la guerre n'est pas une fatalité. "Il y a en France une belle sensibilité". Le manque et le besoin d'humanité se fait sentir. La vigilance est d'actualité !

Conférence dimanche après-midi sur le thème « les combattants de la paix » 


• Extrait du discours de Jean Jaurès devant la chambre des députés 
Dénonçant le péril d’une guerre européenne, il met en garde ses collègues députés : "Et qu’on n’imagine pas une guerre courte, se résolvant en quelques coups de foudre et quelques jaillissements d’éclairs […]. Ce seront des masses humaines qui fermenteront dans la maladie, dans la détresse, dans la douleur, sous les ravages des obus multipliés, de la fièvre s’emparant des malades." 
Débat du 20 décembre 1911.

Exposition à l'Abbaye aux Dames
Le salon du livre
Michel Teodosijevic et Georges Desjulets, auteur d’un ouvrage consacré à Henri Jousseaume, ancien Poilu de Courcoury (éditions Le Passage des heures).
•  La Beunèze : Et pour une monnaie locale complémentaire (MLC) pour favoriser les échanges entre citoyens ? Cette idée, lancée par Alexandre Mouroze, président de l’association, et Morvan Lehmann, trésorier, fait son chemin. Son objectif est de soutenir le commerce de proximité. 



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