mercredi 9 décembre 2015

Examen blanc
du concours d'internat en médecine :
un couac informatique
Les étudiants remontés et inquiéts...

• Les étudiants en médecine demandent  
à être reçus par Marisol Touraine

Alors que la version papier a fait ses preuves lors des examens de médecine, elle vient d'être remplacée par la tablette. Le numérique est dans l'air du temps et le Ministère de la Santé a ainsi démontré qu'il utilisait les dernières technologies.
Lundi matin, quelque 8000 étudiants préparant le concours d'internat étaient donc appelés à un concours blanc dans leurs facultés respectives afin d'évaluer leurs connaissances… en l'attente du concours officiel qui aura lieu en juin 2016. Ces épreuves, appelées "épreuves classantes nationales informatisées" (ECNI), sont importantes puisqu'elles permettent aux jeunes de savoir où ils se situent dans le classement national par rapport à leurs camarades.
Les étudiants sont donc arrivés lundi matin plein d'espoir et très rapidement, l'informatique a flanché. Certes, il était possible de se connecter, mais quand les réponses ont afflué en masse vers les serveurs, ils ont montré des signes de faiblesse. Il devenait impossible de répondre convenablement aux questions. Emoi des responsables et que dire des étudiants, fatigués par les révisions, les gardes et des études qui figurent parmi les plus longues et les plus difficiles...
Ils ont été invités à revenir le lendemain, le nombre de serveurs, renforcé, devant permettre d'organiser les questionnaires dans de bonnes conditions.
Mardi, malheureusement, même scénario. Cette fois, affaire plus grave, le logiciel présentait lui-même des défaillances. L'épreuve a donc été annulée et mercredi, seule une lecture d'articles a été maintenue.
5000 étudiants y ont participé. De ce fait,  il n'y a pas eu de saturation informatique, ni de problèmes techniques. Toutefois, aucun bonheur n'étant parfait, l'article proposé affichait des anomalies : « le rafraîchissement de la page en particulier nous a fait perdre notre surlignage - on s'en serait bien passé - et sur le tableau des résultats, nous n'avions que la partie gauche et pas celle de droite » explique un étudiant. L'après-midi, on a demandé aux participants de refaire les dossiers qu'ils n'avaient pas effectués la veille. Le boycott a été général au niveau national, des facultés ayant même demandé à leurs élèves de ne pas se déplacer. A Bordeaux, 25% de la promotion a répondu présent. Un amphi sur les quatre réquisitionnés était occupé. Apparemment, aucun bug informatique n'est venu contrarier l'ordre du jour...

« Ces deux premières demi-journées d'épreuves ont eu surtout pour objectif de mesurer l'opérationnalité, la robustesse et la fiabilité attendues de l'application informatique d'une part, pour le passage des épreuves par les candidats et d'autre part, pour la communication du jury national et du CNG avec les responsables des centres d'épreuves. Les dysfonctionnements et anomalies d'ores et déjà recensés par le jury national, le conseil scientifique en médecine et le CNG seront corrigés d'ici la deuxième série d'épreuves-tests du mois de mars 2016, en intégrant les observations faites durant la troisième épreuve » écrit le Conseil scientifique en médecine.

Sur les réseaux sociaux, les étudiants ont fait part de leur déception et de leur irritation, ne comprenant pas pourquoi le Ministère de la Santé, qui a investi 4 millions d'euros dans cette "aventure numérique", n'ait pas été plus exigeant envers la société privée qu'elle a mandatée à cet effet.

Une délégation d'étudiants a demandé une entrevue à Marisol Touraine afin que tous puissent passer leurs épreuves convenablement et dans la sérénité. Aux Etats-Unis ou en Allemagne, on aurait travaillé jour et nuit pour régler le problème. En France non. Pas étonnant que le prix attribué à la personnalité de l'année par le magazine Time soit rarement remis à des Français (Angela Merkel cette année). C'est bien là que le bât blesse.
La balle est dans le camp du Ministère de la Santé - et plus généralement du Gouvernement - qui ne devrait pas rester insensible à l'appel de ces jeunes qui préparent leur avenir. Ils méritent d'être entendus...

• Communiqué de l'association des étudiants de médecine mardi : 
« L’ANEMF est scandalisée que l’on puisse jouer ainsi 
avec les nerfs des étudiants en médecine »

« L’épreuve d’aujourd’hui n’a pas dérogé à la règle de ces sessions tests : après 40 minutes d’épreuves, les étudiants ont été contraints d'arrêter de composer.
L’ANEMF est scandalisée que l’on puisse jouer ainsi avec les nerfs des étudiants en médecine, une nouvelle fois victimes du crash test d’une plate-forme d’examen encore bancale.
 Ce ne sont plus les serveurs qui sont pointés du doigt aujourd'hui, leur capacité ayant été doublée. Les problèmes émanent, cette fois-ci, de l'application qui subit des surcharges de mémoire vive.
Le CNG a donc décidé de maintenir uniquement l’épreuve de LCA de demain matin sous un format d’une heure, l’ensemble des autres épreuves de la session sont annulées.
L’ANEMF incite l’ensemble des étudiants à assister à ce dernier test, afin de tester le module de visionnage de texte et de pouvoir en faire les doléances.
Nous serons reçus dès la fin des épreuves par nos ministères de tutelles et le CNG afin de faire remonter les difficultés techniques mais surtout l'indignation des étudiants qui s’amplifie chaque jour.
Bon courage à tous ». `

• Communiqué du Comité Scientifique en Médecine (CNG) :
« Optimiser et sécuriser les épreuves réelles de juin 2016 »

Un premier bilan peut être établi à l'issue de la deuxième épreuve-test des ECN sous la forme informatisée (ECNi) qui s'est déroulée ce jour dans les 34 centres d'épreuves.
Ces épreuves-tests regroupent 8279 candidats inscrits et 7798 candidats présents ce jour, étudiants, internes et auditeurs en médecine français ou candidats venant d'autres pays européens, qui sont regroupés dans 121 amphithéâtres et salles d'examen.
Le fonctionnement de ces 34 centres d'épreuves a été conduit par les équipes facultaires universitaires avec un grand professionnalisme et un engagement exemplaire, sur la base d'un guide de procédures diffusé aux responsables de centre par le CNG. Un mémento a été également élaboré par l'AUFEMO et le CNG à destination des candidats à ces premières ECNI-tests.
Le réseau universitaire RENATER qui a été renforcé en sécurité et les centres d'épreuves (personnels, réseau, tablettes et installations techniques) qui ont été labellisés par le CNG avec le concours de la société SOLUCOM se sont révélés très opérationnels et bien adaptés à la configuration nécessaire pour optimiser le dispositif d'ensemble.
Le transfert sur l'application ECNi du CNG des sujets élaborés par le conseil scientifique en médecine et intégrés dans la base nationale IPOMEN rattachée au Ministère chargé de l'enseignement supérieur et de la recherche a été performant. Le téléchargement par le CNG des sujets d'épreuves sur la tablette des candidats a été globalement satisfaisant.
La montée en charge des serveurs réalisée ce jour par la société INTRINSEC pour améliorer le transfert des données à partir de chaque centre d'épreuves et de chaque tablette a permis de mieux apprécier le calibrage de la puissance nécessaire pour couvrir les besoins de plus de 8000 candidats à ces épreuves-tests.
Ces deux premières demi-journées d'épreuves ont eu surtout pour objectif de mesure l'opérationnalité, la robustesse et la fiabilité attendues de l'application informatique d'une part, pour le passage des épreuves par les candidats et d'autre part, pour la communication du jury national et du CNG avec les responsables des centres d'épreuves. Les dysfonctionnements et anomalies d'ores et déjà recensés par le jury national, le conseil scientifique en médecine et le CNG seront corrigés d'ici la deuxième série d'épreuves-tests du mois de mars 2016, en intégrant les observations faites durant la troisième épreuve.
Cette troisième et dernière épreuve dite de lecture critique d'articles scientifiques qui sera organisée demain, mercredi 9 décembre 2015, permettra de finaliser les tests sur une série d'épreuves complète, de nature, de conception et de définition très différentes les unes des autres pour mesurer les difficultés complémentaires qui pourraient survenir sur l'application informatique qui devra être revue en conséquence, en insistant sur les zones sensibles identifiées durant cette première série d'épreuves-tests.
Le jury national, le conseil scientifique en médecine et le CNG contrôlent actuellement le déroulé des remarques faites depuis hier par chaque responsable de centre d'épreuves pour apporter les précisons utiles aux candidats, aux présidents délégués et responsables locaux et aux services du CNG pour les prochaines ECNi-tests de mars 2016.
Ils adressent leurs remerciements à tous les candidats aux premières épreuves-tests de décembre 2015 qui se déroulent jusqu'à demain midi pour avoir accepté de participer à cette opération. Ces tests leur permettent en effet de se familiariser avec ce nouvel environnement et sont nécessaires au jury et au CNG pour optimiser et sécuriser les épreuves réelles de juin 2016. La reconnaissance du jury national, du conseil scientifique en médecine et du CNG s’adresse aussi aux présidents délégués des centres d'épreuves et aux équipes facultaires universitaires pour leur forte mobilisation pour ces premières ECNI-tests.

• Communiqué de l'ANEMF : 


• Article : Quotidien du Médecin


• Article EducPros.fr


• Scène du Malade Imaginaire de Molière.  
Que de chemin parcouru par la médecine depuis des siècles...

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