lundi 25 janvier 2016

Document exceptionnel : les portes
d'une école de la Fraternité Saint-Pie X
s'ouvrent à Xavier Roujas,
réalisateur saintais

C'est à un sujet particulièrement intéressant que Xavier Roujas, réalisateur, a consacré son dernier film intitulé Quis ut Deus (Qui est comme Dieu ?). Pourquoi ce titre en latin ? Tout simplement parce que les portes - difficiles à ouvrir - d'un établissement scolaire de la fraternité sacerdotale Saint-Pie X se sont ouvertes. Il a ainsi pu aller à la rencontre d'élèves et de professeurs. Avant de découvrir le fruit de son travail sur nos écrans, une projection aura lieu à Saintes jeudi 4 février à l'Atlantic Ciné.


Xavier Roujas
A Saintes, la Fraternité Saint-Pie-X n'est pas inconnue : depuis les années 2000, elle y possède une église, rue Urbain Loyer, qui répond au joli nom de Sainte-Colombe. Des offices y sont célébrés chaque semaine. A l'époque, l'affaire avait fait grand bruit et le maire, Michel Baron, homme d'humanisme et de tolérance, avait tout fait pour que cette vente échoue. Dans la presse, les soutanes et les calices avaient volé !
Ce n'est pas pour cette raison purement saintaise que Xavier Roujas a consacré un film à la Fraternité Saint-Pie X. Dans sa jeunesse, il a fréquenté l'un de ses établissements, l'école Saint-Michel de Châteauroux  : « J'y ai été scolarisé durant trois ans à partir de la troisième » souligne-t-il.

Réalisateur de documentaires (dont les campagnes électorales dont il est l'un des observateurs privilégiés), Xavier Roujas se souvient du moment où il a intégré cette école : « Les deux églises venaient de se scinder. Séparée de l'Eglise catholique, la Fraternité nommait ses propres évêques à Ecône en Suisse. L'éducation des enfants est rigoureuse. Elle marque et l'élève n'a pas accès à tout. Certains textes sont écartés de l'enseignement tandis que des images un peu osées sont carrément découpées des livres ».
Prompt à exprimer ses idées, il a quitté les lieux avant la fin de sa scolarité. Ce départ aurait pu être un handicap à son futur reportage : « Lorsque j'ai fait part de ma demande, il n'a pas été question de règlement de compte. J'ai écrit une lettre argumentée au directeur de l'école et j'ai obtenu l'autorisation en 2004. L'abbé Bétin m'a dit "allez chiche !" Dès lors, je savais que je devais faire un film sérieux et objectif ». A ses côtés, il a travaillé avec Paul Coulaud et Frédéric Mourgues.

Les prises de vue se sont déroulées jusqu'en 2008 pour une présentation en 2016. « Tout d'abord, les financements ont été longs à obtenir et j'ai pris mon temps pour que les élèves interrogés soient devenus adultes. Je tenais à respecter leurs vies personnelles. L'un d'eux avait ses parents en Angleterre et étudiait en France. Il ne rentrait chez lui qu'une fois tous les deux mois. Les autres une fois toutes les trois semaines en général ».
Les professeurs sont des laïcs et la réussite au bac est de… 100%. La plupart des diplômés rejoignent les grandes écoles. « Ils veulent créer une élite. Les bacs dépendant de l'Education Nationale, ils notent sévèrement afin d'obliger l'élève à se surpasser. D'ailleurs, n'entre pas qui veut. D'après ce que j'ai pu constater, une partie intègre les écoles militaires. Quand un jeune est admis, il sait qu'il aura face à lui des adultes fermes et déterminés qui n'admettront aucune incartade. Sur le plan idéologique, la frontière est mince entre l'enseignement religieux et la politique. Le système m'a semblé assez drastique d'autant que le catéchisme et les offices religieux font partie du programme » avoue Xavier Roujas avec honnêteté.

Le monde culturel et artistique ne semble pas être la priorité des écoles de la Fraternité Saint-Pie X ! De cette rigidité, peut-on alors parler d'un creuset favorable aux idées d'extrême droite ? De tout cela, il sera discuté lors la diffusion du film jeudi 4 février à 20 h 30 à l'Atlantic Ciné de Saintes. Son titre Quis ut Deus (Qui est comme Dieu ?) fait référence à une inscription qui figure sur le bouclier de Saint-Michel terrassant le dragon. Sacrée question en vérité…

L'école Saint-Michel et sa chapelle

• Production : Les films du miroir, durée 52mn, tarif unique : 5€.
Synopsis : Au coeur du Berry, deux Castelroussins, désireux de dispenser l’enseignement traditionnel qu’eux-mêmes avaient reçu, ont fondé en 1972, à Châteauroux, une petite école de garçons. Aujourd’hui dirigée par des prêtres de la Fraternité Saint-Pie X elle poursuit cette œuvre d’éducation chrétienne.

• La "Fraternité sacerdotale Saint Pie X" a été fondée par Monseigneur Lefebvre en 1970. Elle s’oppose aux décisions du concile Vatican II. Cette opposition porte sur des points de doctrine : la liberté religieuse, l’œcuménisme, la notion de Tradition, les relations de l’Église et de l’État. Elle célèbre la liturgie selon le rite dit de St Pie V fruit du Concile de Trente et rejette la liturgie de Paul VI considérée comme hérétique.
Mgr Lefebvre a fondé en 1971 un séminaire pour donner aux futurs prêtres une formation fidèle à la tradition (l'Eglise de toujours). Ce séminaire international St-Pie X est situé à Ecône dans le canton du Valais en Suisse. C’est actuellement une des six maisons de formation de la Fraternité sacerdotale St-Pie X.
Comme l'explique Emile Poulat, ce mouvement est l'incarnation de l’« intégrisme » dans un débat sémantique qui n'est pas tranché. Par ailleurs, les liens de la Fraternité avec l'extrême droite seraient « notoires » en France et en Belgique. Plusieurs actions de ses membres, voire de ses institutions, ainsi que des prises de positions de ses dirigeants, ont suscité la polémique.

• La Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X (sigle : FSSPX) possède l'église Sainte Colombe à Saintes.
Les liens de cette fraternité avec le Vatican se sont (un peu) apaisés.


My name is Fozilla 

Xavier Roujas est sensible à la condition des femmes de par le monde. Il s'est attaché à une association caritative qui sauve des femmes vitriolées au Bengladesh, une pratique répandue qui n'entraîne aucune poursuite judiciaire à son auteur. En effet, à partir du moment où l'épouse est accusée d'adultère ou qu'elle a déplu à son mari et sa famille, elle peut être la cible de cet acte barbare. Défigurées, ces femmes sont alors abandonnées à leur triste sort, « les enfants peuvent également être atteints par ces jets de vitriol car ils ont lieu à la maison, la nuit de préférence, à l'abri des regards. Fozilla a été vitriolée à l'âge de 15 ans. Il faut également savoir que les femmes qui mettent au monde une fille peuvent être vitriolées » explique Xavier Roujas.
Le documentaire qu'il a réalisé a été diffusé à l'Atlantic Ciné il y a quelques années. « Ce fut un sujet difficile à traiter. L'ONG qui accueille les malheureuses victimes fait un travail remarquable. Elles bénéficient d'une chirurgie réparatrice et reçoivent aide et assistance. C'est pourquoi l'ONG, bien que protégée officiellement par le Gouvernement, reçoit régulièrement des menaces. De telles "coutumes" existent aussi en Inde et en Ouganda. On en parle peu, mais elles sont réalité…


• Une pétition, initiée par le Tribunal du Net, plaide en faveur de ces malheureuses femmes. Une campagne de sensibilisation a été organisée.

Aucun commentaire: