lundi 9 mai 2016

Marine et Jean-Louis Hédelin, propriétaires du château de Dampierre sur Boutonne, souhaitent passer le flambeau

Marine et Jean-Louis Hédelin ont beaucoup œuvré pour le château de Dampierre-sur-Boutonne. Un édifice particulier, célèbre par ses caissons des alchimistes. Maltraité par les éléments, le feu, la tempête, les inondations, des mouvements de terrain - et, dans les siècles passés, par des assaillants - il a résisté au temps. Ses propriétaires, aujourd'hui fatigués, veulent passer le flambeau. Ils cherchent un couple de gérants dans le cadre d'une loi qui permet de transmettre temporairement un bien.


Que de souvenirs avec Marine et Jean-Louis Hédelin et de belles découvertes ! La galerie des alchimistes en premier lieu et ses symboles secrets qui permettaient aux initiés de communiquer quand l'Eglise entendait les museler. Formidable historienne, Marine Hédelin a animé de nombreuses conférences - dont l'Université d'été de Jonzac - mettant en scène des femmes vivant au XVIe siècle.
Après le terrible incendie qui l’a gravement endommagé en 2002, le château de Dampierre a retrouvé une nouvelle dimension. Ses propriétaires souhaitent confier la gestion du domaine à un jeune couple qui apportera à son tour sa pierre à l'édifice.

Un lieu chargé d'histoire

Nul ne connaît réellement le château de Dampierre-sur-Boutonne. Depuis des siècles, il se transforme et quand la main de l’homme ou du bâtisseur n’intervient pas, les événements contribuent à le bouleverser. Le dernier en date est un incendie qui est arrivé une nuit d'été en 2002, tel un visiteur funeste. En quelques heures à peine, les flammes l'ont détruit, endommageant les caissons de la galerie des alchimistes qui constituent un ensemble d’emblèmes remarquables. On imagine facilement l’abattement de Marine et de Jean-Louis Hédelin. Courageux, ils ont fait face à l’adversité et n'ont jamais baissé les bras : « quand survient une catastrophe comme celle-là, on essaie de comprendre ». Philippe Oudin, alors architecte des Monuments Historiques, a été contacté.
La première priorité fut de mettre l’édifice et la galerie hors d’eau. Suivit la restauration des caissons confiée à une entreprise spécialisée.


 L’alchimie reste un chapitre secret depuis que l’Eglise catholique et le roi François 1er lui interdirent de "s’exprimer". En effet, pierre philosophale et de transmutation des métaux sont éloignés des rituels chrétiens. Les initiés communiquèrent alors par signes afin de pas alerter les Inquisiteurs. La galerie de Dampierre possède suffisamment de "messages" (93 au total) assortis de devises en latin, en espagnol et en français pour intriguer les chercheurs : « on y reconnaît des emprunts à l’Ancien et au Nouveau Testament, à la mythologie grecque ou romaine et des références à d’anciens traités d’alchimie ».
Elle a été construite en 1558 à l’occasion du premier mariage de Claude Catherine, fille de Jeanne de Vivonne, avec le baron de Retz. La galerie aurait été inspirée par Louis de Laval, petit neveu de Gilles de Retz. Le protégé d’Henri II, qui devint archevêque, était proche de Jeanne de Vivonne, la mère de Claude Catherine. L’attrait de Dampierre réside dans les énigmatiques figures de ce livre de pierre.

Au fil des ans et des aléas, Dampierre s'est modifié, mais « il conserve tout son charme ». Grâce à l’association des Amis de Dampierre, le fameux cabinet d’ébène, superbe meuble italien, victime de l’eau utilisée pour éteindre le feu, a été restauré.
A l’extérieur, le jardin dédié à Diktinna, déesse crétoise aux filets, propose trois parcours sur les thèmes de la mythologie, l’alchimie et le cosmos. Situé sur une île de la Boutonne, il accueille une création, représentation de la genèse égyptienne. L’histoire raconte qu’au début, le Dieu Thot réunit les quatre couples primordiaux, espaces infinis, profondeurs, ténèbres et au-delà. Ainsi naquit le monde sous la forme d‘un Lotus d’or...


Le château de Dampierre est la grande aventure de Marine et Jean-Louis Hédelin qui en a hérité de sa famille. Bien sûr, ils ont pensé à la relève, mais leur petit-fils est bien jeune. Alors, ils proposent à un couple de devenir gérant de cet édifice qui porte en lui tant d'histoires ! Rien ne se fera sans un coup de cœur indispensable. Ils ont toujours agi par passion et en parfaite symbiose avec le lieu qui les a choisis. Le lien doit rester tel que le couple l'a tissé, solide et trait d'union entre l'avenir et les temps d'avant...

• La restauration des caissons a été faite par une entreprise spécialisée. Ils ont retrouvé leur aspect original et c’est une grande joie car ils avaient été très endommagés par les flammes.
Née à Alexandrie et transmise à l’Europe par les Arabes (créateurs de l’alambic), l’alchimie a prospéré du XIIe au XVIIe siècles. Au Moyen-âge, elle était connue de moines qui savaient lire et écrire (elle était donc protégée par l’Eglise). Cette dernière finit par en prendre ombrage puisque de telles théories remettaient en cause ses enseignements. Menacés d’être brûlés, les défenseurs de l'alchimie adoptèrent le langage du silence et des signes appelés «hermétisme». A cette époque, furent détruits en grand nombre les labyrinthes des cathédrales qui faisaient partie de leur ornementation et constituaient des itinéraires de méditation.
Détourné de son objectif initial, le labyrinthe devint alors un jardin de plaisir où les amoureux aimaient à se retrouver. Le charnel prit alors la place du spirituel !

En 2002, un terrible incendie a endommagé les caissons de la galerie des alchimistes du château de Dampierre, lesquels ont été intégralement restaurés.

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