mardi 31 mai 2016

Se promener dans Jonzac
avec Richard Ballard : Yes we can !

Richard Ballard vient de publier un guide où il propose des promenades dans Jonzac, quatre itinéraires commentés et joliment illustrés. Conjuguant plusieurs cordes à son arc, ce passionné d'histoire ne pouvait que s'attacher à la ville où il s'est installé après avoir longtemps vécu en Angleterre. Un bourg paisible, baigné par la Seugne, où il peut sortir son carnet à dessin et son chevalet quand bon lui semble. Et sa plume également puisque l'Académie de Saintonge l'a distingué en 2014 pour son ouvrage sur la Révolution en Aunis et Saintonge.


Il a toujours le sourire et ce regard clair surgi d'une palette qui lui est familière. Entre le bleu des horizons et celui du ciel qui l'a doté de dons multiples à sa naissance. Après avoir étudié l’histoire à l’université d’Oxford et enseigné dans de prestigieuses écoles britanniques, Richard Ballard a quitté l'Angleterre pour s'installer à Jonzac dans les années 2000.
Une retraite, sûrement pas ! Il peint, il écrit. Son regard de "sujet britannique" sur les événements révolutionnaires en Aunis et Saintonge ajoute à l’intérêt de son texte publié aux éditions Tauris sous le titre : The Unseen Terror. Jean de Grailly, descendant direct du Captal de Buch qui combattit Duguesclin durant la guerre de Cent ans, se souvient de sa visite au château de Panloy : « il est arrivé un beau jour et s'est montré très intéressé par les lieux. Ancien pasteur, il m'a dit qu'il envisageait d'écrire un livre sur la Révolution française. Son travail est argumenté. C'est grâce à lui que j'organise chaque été des opéras à Panloy car son gendre n'est autre que Guy Hopkings, directeur artistique du Westminster Opéra ».

Quand on croise Richard Ballard dans les rues de Jonzac, on ignore le plus souvent qu'il allie de nombreuses cordes à son arc. La dernière est un ouvrage où il présente des promenades dans Jonzac. Il aime le patrimoine et la première page est consacrée à la restauration d'une des tours du château. Claude Belot, maire de Jonzac, salue l'implication d'un ami anglais dans l'élaboration de ce guide « composé avec un enthousiasme extrêmement sympathique ».

Le boulevard Denfert Rochereau
Richard Ballard a conjugué la découverte à l'aspect historique, partant de l'ancien castrum de Jonzac, de la motte féodale, à la ville que nous connaissons aujourd'hui. Bien sûr, il n'occulte pas la villa gallo romaine qui occupa un rôle important et bénéficia d'un confort certain quand, des siècles plus tard, les maisons étaient retombés dans une qualité de vie relative.
Pour le rendre attrayant, Richard Ballard a voulu que son guide soit enrichi d'anecdotes (authentiques) allant jusqu'à se poser cette question importante : quelle est l'origine du nom Jonzac ? Bref, chaque étape est agrémentée de commentaires et dessins qui donnent fraîcheur et vivacité à l'ouvrage. Et quel beau clin d'œil que de finir avec les Thermes et les Antilles, c'est à dire en construisant un pont entre passé, présent et avenir !

Rendez-vous est pris les journées du patrimoine où nous aimerions bien voir Richard Ballard guider l'une de ses fameuses promenades. Why not ?…

Le pont de pierre. L'affaire Dessendier est restée dans les annales...
La porte de ville, encore debout par la volonté de ceux qui se souciaient 
avant l'heure de la sauvegarde du patrimoine !
Le château. Depuis, les sous-préfets n'ont plus à se plaindre de l'état des lieux !
• Le guide de promenade de Richard Ballard est à vente à l'office de tourisme de Jonzac au prix de 10 euros. Quatre itinéraires : De la gare à la porte de ville ; de la porte ville à la place Fillaudeau ; du château à la porte de ville ; de la rue des mégisseries aux thermes .

Paru aux Editions du Croît Vif  : 
La terreur invisible 
ou la Révolution en Aunis et Saintonge
Par Richard Ballard  

Richard Ballard, distingué par l'Académie de Saintonge en 2014
Alimentées par les travaux récents, la période suscite toujours autant de questions, voire de controverses. L'étude de ces événements et de la vie quotidienne dans les villes et les villages d'Aunis et de Saintonge aide à comprendre ce que fut localement la Révolution : un réel engouement qui peu à peu se transforme en appréhensions puis en véritable effroi, surtout lorsque naît une forte résistance entretenue par le clergé face à la volonté de réforme de la religion.

Si les grands noms et les endroits marquants de la Révolution se trouvent à Paris, notre région n'est pas exempte d'événements essentiels. Preuve en est faite avec cet ouvrage très complet sur toute cette période qui, de 1789 à 1794, mène à une Terreur imprévisible, alors qu'elle était inéluctable. Tout commence avec une compagnie très locale de la Garde nationale, constituée par un tailleur de Rioux, et déjà on sent l'étendue du changement radical que la Révolution s'apprête à apporter dans les campagnes. La situation à Saintes et dans d'autres villes est alors dominée par les aspirations d'hommes nouveaux. Notamment des hommes de loi. La montée de la réprobation qui culmine avec l'installation de la Terreur est notamment illustrée par le journal intime, jamais publié, d'un avocat de Saintes, François-Guillaume Marillet. Puis viennent les rapports violents entre l'Église et l'État, localement envenimés par les deux évêques de Saintes et de La Rochelle, ainsi que par la guerre de Vendée toute proche et par la peur des interventions anglaises, à un moment où le puissant arsenal de Toulon passe sous le contrôle de la flotte britannique. Ceci étant particulièrement ressenti à Rochefort... L'auteur analyse enfin les répercussions de ce climat au niveau d'une commune rurale, avec les procès-verbaux des conseils du village de Saint-Saturnin-de-Séchaud. Il s'agit là de la « Révolution d'en bas », retraçant le destin d'individus et de familles qui passent d'un espoir de changement à l'angoissante monotonie du Directoire.

Le regard d'un Anglais sur l'histoire de France reste original car distancié face à cette Révolution qui finalement crée un climat de peur et de suspicion. Cependant, malgré les jugements portés sur la rare violence de la Terreur, dont l'une des manifestations les plus visibles reste le totalitarisme sauvage des représentants en mission, émergent de la Révolution une adhésion au rôle de la loi et à la responsabilité civique, donnant naissance au « Liberté, Égalité, Fraternité » qu'apprennent tous les enfants de France.
Comme l'exprime le professeur William Doyle dans Literary Review (mars 2011), le département de Charente-Maritime « est surtout connu pour son cognac et ses plages, mais Ballard montre que, pour la plus grande part de la période révolutionnaire, il était en première ligne dans le combat pour établir la République ». La conclusion qu'en effet tire Richard Ballard est finalement optimiste après cette accumulation d'épreuves : elle se résume en la carrière d'un avocat de tendance franchement révolutionnaire mais modérée, devenu un des grands personnages de l'Empire, Regnaud de Saint-Jean-d'Angély. Avec des hauts et des bas, mais ayant toujours en tête le sens de la loi, il symbolise l'apport important de la Révolution à l'esprit public français.

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