dimanche 19 juin 2016

Faux meubles à Versailles :
Sommes-nous à la veille d'un grand
scandale du marché de l'art ?

L’office central de lutte contre le trafic des biens culturels (OCBC) a procédé le 7 juin à trois interpellations de professionnels du marché de l’art, dans le cadre d’une enquête sur le commerce de faux meubles du XVIIIème siècle, selon un communiqué du ministère de la Culture. Deux antiquaires qui ont été placés en garde à vue à Nanterre : Bill Pallot, historien, collectionneur d’art et professeur depuis quinze ans à Paris IV et Laurent Kraemer, directeur de la galerie du même nom. 
 
  
Sommes-nous à la veille d'un grand scandale du marché de l'art ? 
 
Plusieurs meubles acquis pour le Château de Versailles entre 2008 et 2012 seraient concernés, pour un montant de 2,7 millions d’euros. Le Château de Versailles posséderait au total six fausses chaises dont l'une proviendrait du cabinet de la Méridienne, achetée en 2011 pour 400 000 euros. « Ce qui m’ennuierait le plus, c’est que celle-ci soit fausse » a confié Béatrix Saule, directrice des collections à La Tribune de l'Art. La rumeur courait depuis plusieurs mois sur l’existence d’un atelier de faux mobilier XVIIIe impliquant restaurateurs, intermédiaires, antiquaires et experts, rapporte le magazine Connaissance des Arts. C'est au faubourg Saint-Antoine (le quartier des ébénistes du XVIIIe à Paris) qu'auraient été fabriqués des meubles célèbres, dont certains auraient rejoint les collections nationales.
Pas moins de quatre meubles (ou plutôt quatre achats, concernant six meubles en tout) acquis par Versailles sont mis en cause dans cette affaire, tous faisant partie de la même filière présumée, certains ayant même été classés « trésor national ». Deux autres chaises, également déclarées trésor national, que Versailles a failli acheter, l’ont été finalement par un particulier étranger en France. Celui-ci a rendu les meubles à l’antiquaire qui les avait vendus, en début d’année, et a été remboursé…

Inspection sur les procédures d'acquisition en faveur des collections nationales

Parallèlement à l’enquête menée par l’OCBC qui se poursuit, la ministre de la Culture et de la Communication va lancer sans délai une inspection administrative relative aux processus d’acquisition des biens évoqués en l’espèce dans cette affaire, ainsi que, plus généralement, sur les procédures d’acquisition en faveur des collections nationales.
Le plus amusant (pour peu que cela soit drôle), dit Didier Rykner, c’est que dans le cadre de son remeublement, le château de Versailles est actuellement en train de reconstituer le lit de Louis XVI. Un faux complet et revendiqué comme tel, refait non pas à partir de gravures, mais de descriptions trouvées dans des inventaires. Et qui est en charge de la réalisation effective de cette œuvre ? Le même artisan dont le nom est cité dans l’enquête comme ayant exécuté les faux achetés par Versailles. La boucle est bouclée…

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Attention.
Il y a ici plusieurs cas de figure.
Celui d'un ployant princier, maquillé en ployant Royal, parce que les meubles d'un Prince du sang frappent moins les imaginations que ceux d'un roi. Auquel cas le meuble est maquillé, mais pas faux.
Celui de meubles grossièrement pastichés, avec des éléments Dix-Huitième siècle mis intérieurement en désordre, ce qu'un démontage a révélé. (Mauvaise place du cachet royal, j'en passe et des meilleures.
Celui d'un décor acheté comme venant des Tuileries, alors qu'il était passé en vente publique dans les années 1950_60 comme venant, ce qui est exact, d'un château d'Ile de France. Là , le décor est bien d'époque, c'est la conservation qui n'a pas fait son travail de recherches de fiches.
Les faux fabriqués par le sculpteur de Jacques Garcia, beaucoup plus élaborés.
En toute logique, c'est seulement pour les cas deux et quatre que le château, s'il est prouvé qu'il a acheté des faux grossiers ou élaborés, est fondé à réclamer. De toute manière, il faudrait peut etre à la Conservation un peu moins d'odieux visuel, un peu moins de Racines et des Ailes,un peu moins de mépris à l'égard des spécialistes de l'extérieur, et un peu plus de retour au travail sur fiches, comme du temps de ce grand bonhomme que fut Gérald Van der Kemp.