vendredi 6 janvier 2017

Dr Patrick Theillier : « En 158 ans, il n’y a eu que 69 guérisons reconnues à Lourdes »

Le dr Patrick Theillier, anciennement médecin à Lourdes chargé d'authentifier les miracles et spécialisé dans les EMI (Expériences de Mort Imminente), a été reçu récemment par la paroisse de Montendre. Dans son livre paru aux éditions Artège, il estime que les personnes qui ont vécu de telles expériences et disent avoir atteint une autre dimension sont « un signe de Dieu destiné à toucher les cœurs de ceux qui sont loin de lui ». Quelles que soient les croyances, les témoignages abondent tous dans le même sens : lumière, tunnel, rencontre avec des êtres chers disparus. Que faut-il en penser ?
Né à Valenciennes dans le Nord de la France, le dr Patrick Theillier est devenu médecin en 1969. Il a pratiqué à Lille, puis à Nay dans le Béarn. De 1998 à 2009, il a été nommé directeur du Bureau médical du Sanctuaire de Lourdes où il a été chargé d’authentifier les miracles. Il est l’auteur de “Et si on parlait des miracles” paru en 2004, et de “Lourdes: des miracles pour notre guérison” en 2008, ouvrage qui vient d’être réédité. Il est marié, père de 6 enfants et grand-père de 27 petits-enfants. 


La grotte des apparitions de Lourdes
La basilique érigée sur le rocher
 Il répond à nos questions :

• Dr Theillier, vous écrivez qu’on ne sort pas intact d’une expérience de mort imminente (EMI) ?

En effet. On n’en sort pas indemne parce qu’on s’est introduit dans un espace, dans un temps qui ne sont pas les nôtres. C’est une expérience renversante et certains ont du mal à s’en remettre. J’ai connu une femme d’une quarantaine d’années qui m’a appelé après avoir lu mon livre. Elle m'a dit qu’elle avait vécu une telle expérience à l’âge de 15 ans après une crise d’asthme qu’elle n’avait pas su gérer. Elle m’a raconté : « J’étais au plafond de l’hôpital, je voyais tout de le monde tenter de me réanimer et c'est alors que j’ai rencontré un grand-père que je connaissais pas. Je voyais derrière lui le paradis et il m’a déclaré : tu es trop jeune, tu rentres. C’est après que mes parents m’ont parlé de lui ». Elle en était très émue.

• On s’aperçoit que les personnes qui vivent une EMI n’ont pas franchement envie de revenir dans leur quotidien…

Effectivement. Certain admettent « qu’ils seraient bien restés où ils étaient, laissant ici-bas leurs familles respectives ». Quand ils reviennent, les "expérienceurs" ont beaucoup plus d’empathie pour les autres. Ils se libèrent généralement des contingences matérielles. L’un a complètement abandonné ordinateur et télévision. Une autre m’a dit qu’elle n’aurait plus aucun grief contre quiconque. Certains ont besoin d’une psychothérapie.
Ceux qui vivent une EMI n'en parlent jamais tout de suite à leur médecin ou à leur entourage. Il faut une occasion pour que la parole se libère. Lors d’une conférence, une dame m’a raconté que son mari avait failli mourir il y a 18 ans et avait survécu. Il ne lui a jamais parlé de rien. Pourtant, durant les quatre ans qui lui restaient à vivre, il était vraiment différent. En général, lors de mes conférences, des personnes viennent me voir et font état de cas personnels ou de proches.

Le dr Patrick Theillier recueille les témoignages des personnes ayant vécu une EMI
• Dr Theillier, vous n’êtes pas un médecin ordinaire puisque vous avez été chargé à une époque d’authentifier les miracles de Lourdes ?

L’authentification des miracles requiert de nombreux critères. Il faut que la maladie soit grave, que la guérison soit instantanée, sans convalescence. Il faut aussi que la personne envisage la vie autrement. C’est un critère fondamental pour dire que la guérison est miraculeuse. La personne doit avoir conscience qu’il lui est arrivé, à un moment donné, une guérison d’ordre surnaturel. Souvent, elle a senti une grande chaleur l’envahir et elle a vécu la présence de Dieu en elle.

• Les miracles à Lourdes sont-ils nombreux ?

Quand j’étais à Lourdes, chaque année, il y avait environ une cinquantaine de déclarations volontaires et spontanées de personnes qui disaient avoir connu une guérison. En 158 ans, il n’y a eu que 69 guérisons reconnues. Parmi elles, une jeune femme m’a dit : « Je suis arrivée avec une maladie de Crohn et suis entrée dans les piscines. Dans cette eau glacée, j’ai fait l’expérience de Dieu, j’ai ressenti l’amour d’un père pour moi. En sortant, j’ai arrêté tout traitement ». Plusieurs années après, elle se porte très bien.

• Nous possédons peut-être en nous la force de guérir ?

Je crois qu’on doit l’avoir, cette force ! Elle est étouffée car elle ne vient pas du corps physique, mais de cette âme spirituelle qui est en chacun d’entre nous. Il existe des puissances d’amour extraordinaires qui doivent pouvoir nous guérir. Malades, parfois dans un coma dépassé avec un encéphalogramme plat, des personnes qui ont vécu une EMI sont parvenues à s'en sortir.

• Des témoignages d’EMI existent-ils dans les autres religions ?

Oui, mais les recherches n’ont pas été assez confrontées. Personnellement, je suis focalisé sur l’Occident et la chrétienté. Outre le tunnel, ce peut être une porte, un fleuve suivant les cultures. La finalité est la même avec la rencontre d’un être supérieur. Les vies changent alors fortement.

• A votre sens, le XXIe siècle sera-t-il religieux ?

Je l’espère ! Nous vivons des heures difficiles. Il faut sans doute descendre très bas pour retrouver la lumière.


• Le dr Theillier a publié plusieurs livres dont l’un sur Lourdes « des miracles pour notre guérison » et un autre sur les EMI. Il donne en France de nombreuses conférences sur ce sujet "sensible".

• L’Expérience de mort imminente (EMI) est une expression désignant un ensemble de “visions” et de “sensations” consécutives à une mort clinique ou à un coma avancé. Ces expériences correspondent à une caractérisation récurrente et spécifique contenant notamment : la décorporation, la vision complète de sa propre existence, la vision d’un tunnel, la rencontre avec des entités spirituelles ou des proches décédés, la vision d’une lumière, un sentiment d’amour infini, de paix et de tranquillité, l’impression d’une expérience ineffable et d’union avec des principes divins ou supranormaux.
C’est le médecin américain Raymond Moody qui, le premier – suite aux récits des patients qu’il avait réanimés – fit connaître au grand public ce type d’expériences dans les années 1970, notamment au travers de son livre “La Vie après la vie”.

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