mercredi 14 juin 2017

A Saint-Palais sur Mer, la Maison des douaniers a tout à déclarer !

« La Maison blanche » suscitait des convoitises...

Mardi dernier, s’est inaugurée la Maison des douaniers qui surplombe l’estuaire de la Gironde à Saint-Palais sur Mer. Un édifice chargé d’histoire que la Communauté d’Agglomération a transformé en lieu ouvert au public dédié à l’art et au patrimoine. Une belle aventure que le président Jean-Pierre Tallieu a décrite dans son allocution. Mais pas seulement, le point de vue et l’ambiance qui règnent en ce site privilégié contribuent à son charme. Son succès est assuré !

L'inauguration de la Maison des douaniers mardi après-midi
 
Joli dessin qui met en perspective ce site remarquable en bordure d'estuaire
Saint-Palais sur Mer est une commune attrayante. Un havre où il fait vivre. Au milieu des verdures et des jardins, les maisons aux allures secrètes dégagent un charme infini. Ces résidences s’éclairent dès les premiers beaux jours. Les volets s’ouvrent, les intérieurs s’animent avec les vacances. Et puis il y a la plage, un espace intime que bordent des rochers avec, au lointain, le gardien de l’horizon qu’on nomme phare de Cordouan.
C’est précisément en lisière d’estuaire qu’a été construit le bureau des douanes, comme l’indique le premier plan du cadastre de Saint-Palais. Après le départ des derniers douaniers de la côte en 2006, cette structure a été mise en vente par l’Etat. « Il aurait été cruel que ce site remarquable parte entre les mains de promoteurs pour être transformé en appartements avec vue sur la mer. C’est pourquoi j’ai remis une offre qui a été retenue » déclare Jean-Pierre Tallieu, président de la Communauté d’Agglomération.
En novembre 2007, cette collectivité devient l’heureuse propriétaire - pour 1,26 millions d’euros - du bâtiment de 325 m2 : « La Maison blanche suscitait des convoitises. J’ai proposé à mes collègues d’y aménager un lieu de présentation d’œuvres culturelles liées à la peinture, à la sculpture ou au dessin, avec une partie consacrée à l’histoire des Douanes et de Saint-Palais » explique l’élu.
En mars 2012, les élus communautaires valident le projet. En octobre, à l’issue d’un concours (entre quatre concurrents), le jury de sélection attribue la mission de maîtrise d’œuvre à l’agence d’architectes Arc&Sites basée à Bordeaux. La Commission départementale des Sites, Perspectives et Paysages rend un avis favorable sur le permis de construire en juin 2013, suite au rapport (élogieux) de l’architecte des Bâtiments de France.
Les travaux ne commencent toutefois qu’en novembre 2015, retardés par un contentieux au terme duquel la justice donne raison à la Cara (dans la région de Royan, il y a toujours des procès, c’est une habitude !).
En bordure du pittoresque chemin des douaniers, la Maison des Douanes et son jardin de 4200 m2 offrent aujourd’hui aux randonneurs, touristes et habitants un lieu de promenade et de découverte unique sur le littoral.

Rémi Desalbres et les membres de l'agence d'architectes Arc&Sites
Tous sur le pont !
« La Maison des douanes est beaucoup plus qu’un musée » !

L'allocution de Jean-Pierre Tallieu, président de la Cara

Mardi 13 juin est à marquer d’une pierre blanche. Les élus se sont donné rendez-vous devant la Maison des douanes qui arbore fière allure. Entièrement restaurée et décorée d’empreintes fossiles millénaires par l’artiste Odile Pelier, l’édifice dégage une sérénité qui semble apaiser l’entourage. Le député Didier Quentin, en campagne électorale, prend le temps de se poser et même si les Législatives apparaissent en filigrane dans les conversations, l’heure est au patrimoine.
Avant que les personnalités ne coupent le ruban tricolore, les discours ont lieu à l’extérieur… avec la crainte d’un "grain" comme on dit dans le jargon maritime. Le ciel s’est obscurci et bientôt les parapluies sont de rigueur. A Royan et alentours, il faut toujours sortir couvert, c’est plus prudent ! Qu’importe les cieux, les paroles de Jean-Pierre Tallieu sont optimistes : « C’est pour moi une grande émotion que d’inaugurer cette Maison des douanes qui a gardé son nom après toutes sortes de tentatives de lui substituer un titre plus accrocheur. Elle est beaucoup plus qu’un musée ; elle ambitionne de reconstituer aux visiteurs une page de la station de Bureau-les-bains qui deviendra Saint-Palais-sur-Mer». 

La pluie arrive, on sort les parapluies !
Le maire de Saint-Palais, Mme Quentin, conseillère départementale, Rémi Desalbres, architecte
Et de conter cette histoire particulière sur laquelle ont planché les historiens du cru. Construit en 1729 par la Ferme Générale, le bâtiment - l’un des rares à être édifié sur le rivage au milieu des dunes - a une double fonction : surveiller l’estuaire de la Gironde et y loger ses collecteurs. Sous l’Ancien Régime en effet, la Ferme Générale est spécifiquement chargée de percevoir les droits de douane. En 1792, le bureau des fermes devient le bureau des douanes.
Au XIXe siècle, la mission de la Maison des douaniers est restée la même : elle abrite une brigade et un poste de surveillance et de lutte contre la contrebande. En 1840, une nouvelle construction précède l’arrivée des premières villas qui voient le jour dans le secteur à partir de 1861, avec l’essor des bains de mer. Surnommée « le Bureau » ou « Bureau-les-Bains », la commune devient Saint-Palais-sur-Mer en 1911. La brigade de Saint-Palais est toujours chargée de surveiller le littoral et de réprimer les trafiquants. Dépendant de la direction de Bordeaux, sa juridiction ou « penthière » va de Pontaillac à la Grande Côte. Les douaniers effectuent des tournées de jour et de nuit, à pied, à bicyclette ou sur leurs bateaux nommés « pataches ». Ils interviennent aussi lors des naufrages de leurs postes de secours.
Les douaniers disposent d’une caserne à Saint-Palais, d’un corps de garde à Royan, d’un poste isolé à la Pointe Espagnole, bâtiments simples mais rationnels. Si le confort est sommaire, l’équipement permet d’assurer le service, notamment le sauvetage. Venus au gré des mutations, les douaniers – une douzaine à Saint-Palais - s’intègrent rapidement à la population.
Caserne d’une brigade de surveillance motorisée intervenant sur un vaste territoire (après la Seconde Guerre mondiale), la Maison des Douanes ferme en 2006.
Acquise en 2007 par la Communauté d’Agglomération Royan Atlantique, sa mission est désormais culturelle. Cerise sur le gâteau, l’Agence Arc&Sites a imaginé une extension qui émerge du terrain comme un rocher. L’intérieur, quant à lui, grâce à la liberté qu’apporte l’espace retrouvé, ressemble à un bateau avec une élégante passerelle ! Un belvédère a été aménagé sur le toit d’où l’on peut admirer la pointe de Vallières et le Verdon.

Un panorama magnifique
Jean-Pierre Tallieu, Didier Quentin et Claude Baudin coupent le ruban tricolore
Jean-Pierre Tallieu remercie ceux qui ont contribué à la réussite de cette restauration, « trait d’union entre la création artistique et le travail des hommes ». Le premier artiste invité sera Jehan de Villiers à partir du 1er juillet. Claude Baudin, maire de Saint-Palais, se réjouit de l’aboutissement du projet (malgré l’adversité à un moment donné). Un atout supplémentaire sur sa commune face à son cher phare de Cordouan ! Il souligne le nouvel objectif de la Cara : réhabiliter l’ancien couvent de Béthanie, situé lui aussi à Saint-Palais, fermé depuis 2006 et acheté en mars dernier. La communauté d’agglomération Royan Atlantique a signé l’acte de vente pour y transférer une partie de ses bureaux. Enfin, Didier Quentin souhaite bon vent à la Maison de douaniers, ajoutant selon la fameuse expression « qu’il n’a rien à déclarer ». Réflexion qui provoque les rires de l’assistance !

Une visite et un verre de l’amitié clôturent cette inauguration qui comptera dans l’histoire de Saint-Palais.


• A gauche de la photo, Danièle Couturier a grandi dans cette maison où son père était douanier. « J’y suis née. Nous étions quatre familles à vivre ici et le jardin était le territoire des enfants. Que du bon temps » avoue-t-elle. M. Lastavel, l’un des derniers douaniers, apporte son témoignage et montre où se trouvait son bureau !

Extension qui émerge du terrain comme un rocher
Jean Pierre Tallieu et l'artiste Odile Pelier qui a reproduit sur certains murs 
les empreintes fossiles de coquillages millénaires
© Nicole Bertin

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