dimanche 1 octobre 2017

Jonzac : Retour en photos sur les journées du patrimoine

Les 16 et 17 septembre derniers, le thème des Journées Européennes du Patrimoine était "Jeunesse et Patrimoine". Jonzac proposait des animations aux thèmes divers et variés.

• Agua Sonora : les hommes nénuphars à la base de loisirs 

Tels des nénuphars, au milieu de l’eau, cet orchestre d'un style particulier embarque le public dans son délire « aquazic ». Se déplaçant au fil de l’eau, déployant leurs corolles multicolores, les artistes voguent sur les flots au rythme de la musique. Les fleurs s’ouvrent comme les notes de la gamme. Inattendu et sympa !




• Festival des Courants d'air au moulin du Cluzelet : 

Le moulin du Cluzelet fabrique de la farine
Sculpture de bulles de savon et de ballons :
L'artiste les gonfle, les plie, les tord et les accommode de nouveau pour aboutir à une infinité de créations originales qui amusent petits et grands !




• Au cœur du Moyen-âge

Devant le Moulin de chez Bret

Bienvenue à la compagnie « Les Enluminées » qui a présenté les métiers et les coutumes de l’époque médiévale

Les Antilles de Jonzac
Le jet d'eau des Antilles. Claude Belot, maire de Jonzac, s'est probablement inspiré de celui de Génève en Suisse !
• Aux Archives Départementales

Visite commentée de l'expo "La caricature au XIXe siècle, exemple de Barthélémy Gautier" avec la présence du cercle généalogique Sud-Saintonge


• Vive le patois saintongeais !

Conférence sur Goulebenèze - Evariste Poitevin - par Pierre Péronneau dimanche devant un public nombreux. Le patois était à l’honneur et l’on a ri en entendant les histoires de Goulebenèze dite dans la langue du terroir, dont ses appréciations sur les spectacles aux arènes de Saintes (toujours d’actualité !) et le tracteur Austin.
Pierre Péronneau est le petit-fils du célèbre barde saintongeais décédé en 1952 à Saintes. Avec Benjamin, son fils, il est le gardien de la mémoire familiale.


Un nombreux public !
Pierre Péronneau accompagné de deux patoisants la J'havasse et Goule de Velours
Pierre Péronneau et un ami d'enfance, François Wiehn qui a consacré deux ouvrages aux peintres de Charente-Maritime
• Visite de la villa gallo-romaine

Derrière les Antilles, en bordure de Seugne, se trouvait aux premiers siècles de notre ère une grande villa gallo-romaine dont les fondations ont été mises au jour par les archéologues du département. Les fouilles permettent d'imaginer ce vaste domaine agricole. L’habitation, détruite par un incendie, était dotée d’un chauffage par le sol et de thermes. Confortable, à n'en pas douter ! On ignore toujours le nom de ses occupants. Il pourrait s'agir initialement d'un militaire ayant fait une belle carrière dans l'armée, récompensé pour ses bons et loyaux services.

Le chantier de fouilles

Visite guidée du site
Avec Karine Robin, archéologue départementale

• Exposition photos et sculptures « Porteurs de mémoire » au cloître des Carmes  

Conférence-débat riche en émotions sur le parcours de l'ancien déporté au camp de Sachsenhausen, Guy Chataigné. Au terme de cette rencontre, « 39-45, la Libération en chansons » par Jean-Marc Desbois.

Au centre, Guy Chataigné, rescapé des camps de la mort
Tenues rayées et camps de concentration
Emouvantes sculptures dédiées à ceux et celles qui ont souffert du nazisme et l'enfer des camps
Témoignage de Guy Chataigné : « Je suis né le 18 janvier 1924 en Charente Maritime, dans un petit village de la Haute Saintonge, dans l'arrondissement de Jonzac où mon père était instituteur. Je suis le troisième d'une famille de trois enfants. J'avais une sœur qui est née en 1914, au début de la grande Guerre Mondiale, un frère qui est né durant la guerre en 1917 et je suis, moi, un enfant de l' après-guerre. Mon père était un de ces enseignants formés à la rude école de la République, il aimait se situer parmi les hussards noirs de la République. C'était un laïc convaincu avec sûrement quelques aspects anti-religieux qu'il savait mal dissimuler, un homme d'une extrême rigueur... une totale probité et auquel je dois beaucoup quant à ma formation d'enfant : aussi bien en tant que maître d'école que père, dans ma formation d'adolescent et de citoyen. Cela veut dire que la route était déjà tracée pour les événements qui allaient survenir.
Or, l'entre-deux-guerres, telle que j'ai commencé d'en prendre conscience, à l'âge de 6 ou 7 ans, c'est à dire dans le début des années 1930, n'a jamais été une période calme. Elle a, au contraire, rapidement été fertile en événements inquiétants et annonciateurs d'une nouvelle tourmente. C'est ainsi que j'ai eu rapidement connaissance de l'établissement d'un Etat fasciste avec Mussolini, puis en 1933 de l'avènement de Hitler, de la nature de sa politique : expansionniste, revancharde, raciste, inquiétante en tout cas.
J'avais déjà 12 ans, donc pleinement conscience de ces choses en 1936 lorsque la guerre d'Espagne s'est déclarée. La guerre d'Espagne, c'était, pour qui voulait bien jeter un œil attentif à cette situation internationale, un prélude à une seconde Guerre Mondiale qu'on commençait déjà à redouter puisque c'était l'affrontement d'une part de la République espagnole aidée par de nombreux hommes de différents pays de démocratie qui ont combattu à ses côtés dans les Brigades internationales et d'autre part les forces nationalistes de Franco qui ont obtenu très rapidement le secours des forces hitlériennes et mussoliniennes. Les camps étaient clairement classés.

Cette tragédie a duré près de trois ans et c'est durant cette guerre d'Espagne que mon père a accueilli chez nous le fils d'un instituteur espagnol républicain de la région de Madrid, un garçon de mon âge qui avait déjà vu les épreuves de son pays, qui avait une claire vision des enjeux en gros dans son pays mais aussi pour l'Europe, qui avait une maturité exceptionnelle et donc une analyse très aiguë que beaucoup d'adultes n'avaient pas sur ces événements. Cela a donc participé à mon mûrissement. Il nous a quittés en 1938. Déjà, ses prévisions se réalisaient puisque le danger était à nos portes. C'est à l'automne 1938 que les accords de Munich ont été signés qui, aux yeux de tout homme sensé, ne pouvaient pas être considérés comme autre chose qu'une capitulation, un recul sans honneur des démocraties devant les exigences hitlériennes. C' est tellement vrai que, dans les semaines qui ont suivi, Hitler qui avait déjà annexé l'Autriche et les Sudètes, la région de population majoritairement allemande de Tchécoslovaquie, profita de l'indéniable avantage qui lui fut accordé à Munich pour occuper l'ensemble de la Tchécoslovaquie. Personne et en tout cas pas Daladier, qui fut le signataire de ces accords pour la France, Président du Conseil, ne doutait de l'inéluctabilité de cette guerre ».

La suite, on la connait avec la déclaration de la guerre, sa cohorte de souffrances, d'incompréhensions. Et tant de vies anéanties....
Guy Châtaignié est revenu de l'enfer pour témoigner, mission qu'il accomplit avec bienveillance et souci de la précision. Ne rien omettre, ne rien oublier pour éviter aux bourreaux de reprendre les premiers rôles sur la scène.

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