mardi 19 décembre 2017

Faut-il s’inquiéter de l’arrivée des moustiques-tigres en Charente-Maritime ?

Après une arrivée remarquée en Aquitaine - dont Bordeaux - l’été dernier, les moustiques tigres poursuivent leur progression. Lundi, lors de l’ouverture de la session du Conseil Départemental, Dominique Rabelle a présenté l’état des lieux et tiré la sonnette d’alarme : « après la Gironde, ils seront bientôt en Charente-Maritime ». Certains spécimens y ont déjà été signalés. Originaire d’Asie, il poursuit sa colonisation. Paludisme, dengue, chikungunya, fièvre jaune, Zika, filariose… toutes ces maladies potentiellement redoutables sont transmises par ce minuscule insecte. Plus exactement, par la femelle moustique qui a besoin de sang pour nourrir ses œufs. Il est aujourd’hui implanté dans une trentaine de départements. Faut-il s’en inquiéter ? Ce problème, qui dépasse les instances départementales, concerne directe l’ARS…

Facilement reconnaissable. L’EID Atlantique a mis en place une appli-mobile Imoustique® sur IOS et ANDROID, qui permet de déclarer un signalement de moustique.
Créé en 1968, l’Établissement Interdépartemental pour la Démoustication du littoral Atlantique (EID) regroupe, dans l’ordre de leur adhésion, les cinq départements de la Charente-Maritime, de la Vendée, de la Loire-Atlantique, de la Gironde et du Morbihan, pour lutter contre la prolifération des moustiques dans les nombreux marais littoraux.
L’intervention de l’établissement est axée sur la réalisation de traitements, principalement effectués par voie manuelle, dans les marais les plus infestés, étant entendu que les produits utilisés sont sans nuisance pour l’écologie des marais et les activités conchylicoles.
Depuis quelques années, face à la montée en puissance de l’implantation sur le territoire métropolitain du moustique "tigre" (Aedes albopictus), vecteur du chikungunya et de la dengue, l’EID effectue la surveillance entomologique de ce moustique dans les départements classés en niveau 0 de la façade Atlantique, Manche et Mer du Nord (territoire d’intervention s’étendant de la frontière belge à la Gironde, couvrant 5 régions et 4 départements, soit 1⁄4 du territoire métropolitain). La détermination du niveau de risque s’appuie sur des données entomologiques et épidémiologiques. 

Le plan national anti-dissémination du « chikungunya » et de la dengue en métropole se décline en six niveaux :
- niveau « albopictus 0 » : 0a absence d’Aedes albopictus, et 0b présence contrôlée ou introduction initiale,
- niveau « albopictus 1 » : Aedes albopictus implanté et actif de matière pérenne et irréversible (dispersion initiale, implantation, propagation),
- niveaux « albopictus 2 à 5 » : Aedes albopictus implanté et actif et présence d’un ou plusieurs cas humains isolés ou en foyers.
En ce qui concerne les classements de la façade Atlantique, la Vendée et la Gironde sont au niveau « albopictus 1 ». Compte-tenu de ces éléments, la vulnérabilité de ces deux départements, face au risque d’implantation du moustique "tigre" reste très élevée pour 2018. En Charente-Maritime et dans les Deux-Sèvres, des détections ont été effectuées en 2017 et le niveau « albopictus 0b » sera activé pour 2018.
Le département du Maine-et-Loire, classé jusqu’à maintenant au niveau « albopictus 0b », a fait l’objet en 2017 de nombreuses détections ayant entraîné des traitements spécifiques. Ce département devrait basculer vers le niveau « albopictus 1 » dans les prochaines semaines. A ce titre, le Département du Maine-et-Loire a saisi l’EID Atlantique avec l’intention de solliciter son adhésion. Pour mémoire, dans les départements classés en niveau « albopictus 1 », l’EID Atlantique intervient dans le cadre d’un arrêté préfectoral spécifique et les dépenses engagées sont à la charge des Départements.

Et en Charente Maritime ?

 
En cas de classement du département de la Charente-Maritime en niveau « albopictus 1 » en 2018, la participation financière pourrait être augmentée. Les modalités d’appel de recettes auprès des intercommunalités pourraient être réévaluées.
Durant l’année 2017, l’EID a mené une étude sur le périmètre de la Communauté de Communes (CdC) des Vals de Saintonge afin de déterminer si une lutte de confort devait être réalisée dans ce territoire. Les conclusions de l’étude ont été présentées et la CDC devra délibérer pour intégrer le dispositif et solliciter l’EID et le Département en ce sens.
L’intégration de ce nouveau périmètre aurait pour conséquence l’augmentation de 132 500 € de la participation du Département de la Charente-Maritime et les recettes, qui seraient appelées, sont évaluées à environ 65 000 €. La Communauté de Communes Vals de Saintonge n’ayant pas encore délibéré pour statuer sur son intégration ou non dans le dispositif, il est proposé de ne pas budgétiser cette dépense lors du budget primitif. Au budget supplémentaire si nécessaire.
Le budget primitif de l’établissement pour l’année 2017 s’élevait à 3 917 800 € en fonctionnement et 218 300 € en investissement. Dans le cadre des nouveaux statuts de l’EID approuvés en décembre 2010, une clé de répartition de la participation financière aux frais communs de chaque département membre a été définie. Elle est calculée à 20 % à parité entre les cinq départements et à 80 % au prorata des frais d’intervention. L’EID sollicite une participation de 1117.900 € en 2018, contre 1.084 500 € (augmentation par rapport à 2017 liée à une légère hausse du budget de l’EID notamment sur les aspects de ressources humaines).
Selon les textes en vigueur, les départements participent au minimum à 50 % des dépenses d’intervention. Ainsi, une participation de 400.000 €, correspondant à 50 % du montant des travaux exécutés pour le compte des collectivités de Charente-Maritime en 2017, sera appelée auprès des Communes et des structures intercommunales à inscrire en recettes au budget 2018.
Outre ces actions de lutte sur le terrain, les maladies qu’engendre le moustique tigre relèvent du Ministère de la Santé. S’il vient à se propager et constituer une véritable menace, la balle sera alors dans le camp de l’Etat…

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