mardi 26 décembre 2017

Gilles Clavel, conseiller municipal de Jonzac « Claude Belot a tort d’étouffer les bonnes volontés qui veulent s’exprimer »

Pourquoi la ville de Jonzac n’a-t-elle plus d’adjoint(e) à la culture ?
Gilles Clavel, élu de l'opposition
 L’opposition n’est pas inactive à Jonzac et elle le prouve : elle a enfin obtenu un tableau, remis en commission culture, exposant les montants des principales animations culturelles jonzacaises dont les Feuillets d’automne et Prélude au printemps. Soit 135.000 euros (en dehors des frais annexes). Après des années, il était temps ! Claude Belot a déclaré qu’il signait lui-même les contrats des artistes se produisant dans le cadre de ces deux « grandes » manifestations dont il élabore le programme en étroite collaboration avec son épouse (de 4 à 5 spectacles en général).
Rendre des comptes à l’opposition - c’est à dire aux citoyens - ne plait guère au maire qui l’a montré en manifestant une certaine irritation (le mot est faible) lors du dernier conseil municipal. Gilles Clavel a demandé au premier magistrat de pratiquer un choix collégial des spectacles, les membres de la commission culture étant légitimement appelés à s’exprimer et suggérer des idées. Dur, dur de faire passer le message… d’autant que curieusement, Jonzac n’aurait plus d’adjoint à la culture. Christel Brière, qui l’était jusqu’en 2014, est désormais chargée du cinéma et de l’office de tourisme.
 

Gilles Clavel répond à nos questions :

• Mercredi, lors du dernier conseil municipal, l’une des questions portait sur le financement de la culture à Jonzac où vous avez enfin obtenu des réponses, c’est à dire des chiffres. A l’avenir, que souhaitez-vous en ce qui concerne les Feuillets d’automne et Prélude au printemps, manifestations coordonnées (selon les articles qu’elle signe dans l’hebdomadaire la Haute-Saintonge) par l’épouse du maire, Jeanine Belot ?


En 2014, une partie de l’électorat jonzacais nous a donné mandat pour le représenter dans les instances de la vie municipale, dont la commission culture. Je pense qu’il est bon de le rappeler. Au nom du bon fonctionnement de la vie démocratique locale et forte de son implication, l’opposition dont je fais partie a émis un certain nombre de propositions qui semblent tout à fait naturelles : que la programmation des manifestations culturelles, dont les Feuillets d’Automne et Prélude au Printemps, fasse l’objet d’un choix émanant de la commission culture, assorti d’une concertation en tenant compte des publics à cibler, et que chaque membre puisse apporter sa pierre à l’édifice de façon à sortir un peu de la redondance des spectacles qui sont proposés depuis des années. Il s’agit simplement de travailler ensemble. La vie culturelle jonzacaise manque d’un souffle nouveau !

• Claude Belot a glissé l’expression : « vous nous avez obligés à faire des additions » en fournissant les chiffres. Comment analysez-vous cette réaction du premier magistrat ?

Je suis étonné de sa réaction parce que les additions, il est habitué à en faire et il le prouve à chaque conseil municipal. Il sait aussi faire des soustractions ! Lors du dernier conseil municipal, il a fait une pirouette pour s’exonérer de l’obligation de transparence concernant le coût de la culture à Jonzac. Transparence souhaitée et demandée à maintes reprises par l’opposition qui s’est longtemps heurtée à l’opacité dans la restitution de certains bilans financiers. Effectivement, nous aurions pu demander aux services compétents de la mairie de nous fournir les comptes culturels, mais nous ne sommes pas dupes. Pour avoir accès à ces informations, c’est toujours un parcours du combattant et nous n’ignorons pas les obstacles qui peuvent surgir pour effectuer des recherches. C’est une réalité, on ne facilite pas le travail de l’opposition à Jonzac ! Il n’y a rien de plus normal, de la part d’un maire, que de présenter au grand jour l’état financier de sa commune.
Claude Belot agit de même à la Communauté de Communes de Haute-Saintonge. Lui seul détient les rênes de la gestion. Il ne délègue pas et ne fait confiance à personne.

Gilles Clavel au centre de la photo aux côtés de M. Benayoun, Jacques Ros, Emmanuel Arcobelli, Monique Doucet, Christophe Cabri
• Pour que les choses soient claires, la création d’une association culturelle serait-elle nécessaire ?

Bien sûr ! Personnellement, j’ai le souvenir d’une vie culturelle dynamique à Jonzac proposée par les associations locales. Je pense à Culture Animation à Jonzac, Avis d’artiste, le Comité des fêtes. A cette époque et contrairement à ce que l’on entend aujourd’hui, la vie culturelle y était très animée et riche ; elle drainait un large public venant de Cognac, Saintes, etc. La programmation était intéressante.
Aujourd’hui, cette vie culturelle pourrait s’articuler autour d’une association ou des associations. Il en existe déjà dont les « Amis de Jonzac » qui conduisent des initiatives variées et les Commerçants qui sont à l’origine de la statue que taille actuellement M. Gourdet sur la place du château et sera installée près de la fontaine, dans le chemin de ronde. La "résurrection" d’un comité des fêtes est également une piste à explorer. La vie culturelle contribue à enrichir la vie locale !

• D’une manière générale, vous qui appartenez à l’opposition jonzacaise depuis de nombreuses années, quels conseils pourriez-vous donner à Claude Belot afin qu’un dialogue ouvert et cordial puisse enfin s’instaurer ?

Je suis élu depuis 1989. Notre partage de la vie publique jonzacaise s’est apaisé dans son fonctionnement réciproque. Pour autant, je pense que l’autocratie n’a jamais été un gage de bonheur des sociétés ! Claude Belot devrait davantage déléguer, ne pas avoir peur des contre-pouvoirs et il a tort d’étouffer les bonnes volontés et les énergies qui veulent s’exprimer en dehors de son pouvoir personnel. Il peut être omniprésent sans être omnipotent ! Au soir de sa carrière, il pourrait s’ouvrir plus largement. L’exemple de la Turquie, où la presse est totalement muselée, n’est pas un bon exemple à suivre !

Le conseil élu en 2014. Gilles Clavel est aux côtés de Claude Belot
• Une commission va être créée quant à l’avenir des commerces du centre ville afin qu’ils puissent participer, eux aussi, à l’aventure de « Jonzac ville nouvelle », c’est-à-dire être en lien avec le secteur du centre des congrès où seront installés des commerces à plus ou moins brève échéance. En ferez-vous partie ?

A priori non. J’ai bien conscience que l’activité commerciale du centre bourg de Jonzac est difficile. La vraie question à se poser est la suivante : « comment s’organiser pour que le commerce y soit dynamique en partant du principe que les zones commerciales, situées en périphérie, ne sont pas intégralement responsables de la situation ? ». Les commerçants doivent mener une réflexion profonde sur leurs pratiques quotidiennes de façon objective. Pourquoi le centre n’est-il pas assez attractif ? Il faut s’interroger et chercher de nouvelles pistes avec tous les interlocuteurs, dont la municipalité. Comment insuffler de façon originale un nouvel élan ? Le week-end, même en pleine saison, la ville est parfois bien triste. Comment y promouvoir la fréquentation ? Des prestations sont à imaginer pour dynamiser et cela sans tabou, ni arrière-pensée.
Il y a des choses toute simples pour rendre le centre bourg plus coquet sur le plan de l’aménagement de l’espace. Les jardinières de la rue de Verdun, par exemple, devraient être changées. Le soir, la rue des Carmes est devenue un coupe-gorge, elle est mal éclairée et l’hiver, dès 17 heures, le passant n’a plus envie d’entrer dans Jonzac qui ressemble à une sorte d’entonnoir. J’exclus la période des illuminations de Noël où la municipalité fait des efforts ! Se posent aussi des problèmes de visibilité, stationnement, signalétique.
La place du château, qui devrait être un lieu d’hospitalité sous les charmilles, ne fait pas vraiment envie tandis que la rue Sadi Carnot est laissée à l’abandon. Il existe des incitations à la restauration des façades ; une large communication à ce sujet auprès des propriétaires serait nécessaire. Il n’y a pas de prise en compte globale. Claude Belot délaisse le centre ville et ne s’intéresse qu’au secteur des Antilles. Aucune réflexion n’a été conduite en ce qui concerne le chemin partant du centre ville jusqu’au centre aquatique, les thermes ou les zones commerciales. On pourrait aménager une agréable déambulation et effectuer une mise en réseau. Il s’agit là d’un travail d’urbaniste. Jean-Claude Texier, qui aimait prendre un verre sur les terrasses des cafés jonzacais, était plus attentif à l’environnement et à l’attrait de sa ville que ne l’est son successeur. 

• Pour conclure, quel regard portez-vous sur le Jonzac intra muros ?

Je porte un regard triste sur le centre ville qui s’est dépeuplé. Je souhaiterais qu’il soit plus animé, plus gai, plus aéré qu’il ne l’est aujourd’hui. Malgré les travaux qui ont été réalisés, il s’est momifié depuis 20 ou 30 ans, la rue de Carmes et la rue Sadi Carnot en particulier…

• Chiffres de la Culture 2017
- Prélude au printemps : 69120, 36 euros
- Feuillets d’automne : 65669,97 euros
- Big Fuzz : 20932, 32 euros
- Jazz : 42379 euros
• A la charge de la commune : 58628 euros globalement (Prélude au printemps 31670 euros, Big Fuzz 13932 euros, Jazz 5535 euros et Feuillets Automne 7491 euros).

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