mardi 27 mars 2018

Des habitants de Baignes en Charente aident un Polonais victime d'un recrutement malveillant

Dimanche soir, un habitant de Baignes que nous appellerons Bernard, un restaurateur François et son épouse ont porté assistance à un homme d'une trentaine d'années, en errance depuis trois jours « après s'être enfui d'un cirque en Charente » a-t-il déclaré. En Pologne, une société l'avait recruté en lui promettant un travail stable. En réalité, il n'était pas nourri, encore moins payé et dormait avec ses collègues d'infortune sur de misérables matelas. Un cas d'exploitation classique... 

Baignes, une commune dont les habitants ont du cœur
Dimanche soir à Baignes en Charente. Vers 21 h, François voit arriver dans son restaurant un homme jeune, blond aux cheveux courts, qui est mal en point : « il avait l'air perdu, traumatisé. J'ai voulu savoir pourquoi ». François, qui a vécu pas mal de galères dans sa jeunesse, est attentif aux problèmes de ce Polonais, prénommé Kristian, qui ne parle pas français. « Grâce à l'italien, j'ai compris qu'il était parvenu à s'enfuir d'un cirque où se trouvaient encore ses compatriotes ». Il lui sert un repas et un café en se disant qu'il ne va pas l'abandonner dans la nuit. Il faut donc trouver une solution.
C'est alors que Bernard pousse la porte de l'établissement : « j'étais venu prendre une bière chez François quand j'ai aperçu Kristian qui semblait totalement désemparé. Il n'avait pas d'argent sur lui. La priorité était de lui porter assistance et nous avons pensé aux numéros d'appel traditionnels, le 15, le 115, les pompiers et les gendarmes ». Chacun se renvoie alors la balle, si l'on peut dire. François et Bernard ont du mal à croire qu'en France, pas un organisme ne veuille s'occuper d'un étranger sans toit. Il est vrai que nous sommes un dimanche ! Jusque-là, Kristian n'a pas réussi à établir un dialogue avec les gens qu'il a croisés : « Tout le monde se méfiait de lui. Pourtant, c'est un gars gentil, pas agressif ».

Parmi les hébergements qu'on suggère à François et Bernard pour lui, se trouve l'hôpital psychiatrique Camille Claudel à Angoulême. Contactés, les services répondent que l'homme n'est pas assez perturbé pour y être conduit. « La gendarmerie nous a conseillé d'alerter le maire de la commune. Nous l'avons joint par téléphone » se souvient Bernard. Or, Baignes ne dispose pas de logement d'urgence pour les personnes en difficulté. On verra demain... mais que faire pour le moment ? Bernard choisit d'accueillir Kristian chez lui pour la nuit : « je n'allais pas le laisser dehors, avec des vêtements mouillés de surcroît. A la maison, il a pris une douche, j'ai fait un grand feu de cheminée et nous avons discuté avec Google Traduction. Il m'a dit qu'il était soudeur et que son souhait était de rentrer chez lui au plus vite ».

Le lendemain, comme convenu avec le premier magistrat, Bernard conduit Kristian à la mairie qui prend les choses en main. « Ses papiers étaient en règle. Il a pris un bus de la SCNF qui l'a acheminé à la gare d'Angoulême pour Paris. Sur un plan, nous lui avons montré comment rejoindre l'Ambassade de Pologne qui était avertie de sa situation. C'est elle qui se chargera de le rapatrier » explique Gérard Deletoile. L'élu n'avait jamais été confronté à une telle situation. François et Bernard non plus et ils ont montré, en s'investissant personnellement et généreusement, que la solidarité n'est pas un vain mot.
Comment Kristian est-il venu jusqu'en France ? Par le biais de sociétés qui recrutent dans les Pays de l'Est en faisant miroiter des emplois lucratifs. Ceux qui tombent dans les mailles du filet déchantent rapidement car ils sont exploités dans la majorité des cas. Il serait arrivé de Pologne à bord d'une fourgonnette où ils étaient entassés une douzaine...

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